Canua Island : le projet de plage flottante de la Côte d'Azur est abandonné

Par latribune.fr  |   |  697  mots
Ce projet de plage flottante est concrètement une plateforme de 1.750 m2 posée sur un trimaran à moteur qui devait s’ancrer dans la baie de Mandelieu-la Napoule (Alpes-Maritimes). (Crédits : dr)
Les promoteurs de « Canua Island », une plage flottante privée qui espérait jeter l'ancre au large de la Côte d'Azur, ont annoncé renoncer à leur projet faute d'obtenir les permis nécessaires. Ils dénoncent au passage l' « écologie de façade » des élus opposés à ce projet de plateforme comprenant un bar, un restaurant ou encore une piscine. Le gouvernement se justifie en indiquant vouloir limiter les installations flottantes en mer au développement des énergies renouvelables et aux missions de service public.

La « plage flottante » privée Canua Island ne jettera pas son ancre dans les eaux turquoise de la Méditerranée sur la Côte d'Azur. Ses promoteurs ont annoncé ce mardi 13 mai renoncer à leur projet puisqu'ils n'ont pas obtenu les permis nécessaires.

« Malgré un dossier 100% conforme et de nombreuses démarches d'explication, nous n'avons pas reçu ce lundi 12 juin 2023 les permis nécessaires à l'exploitation de Canua. On nous a clairement fait comprendre qu'il ne fallait rien attendre pour cet été », détaillent dans leur communiqué le président de Canua, Jean-Bernard Falco, et ses directeurs généraux et co-fondateurs, Marc Audineau et Tony Philp. 15 millions d'euros avaient été réunis pour ce projet.

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Bar, restaurant, piscine sur une plateforme flottante

Ce projet de plage flottante est concrètement une plateforme de 1.750 m2 posée sur un trimaran à moteur. Elle devait s'ancrer à 600 mètres du bord de mer, dans la baie de Mandelieu-la Napoule (Alpes-Maritimes). Elle avait été aménagée avec un bar-lounge, un restaurant, une piscine d'eau douce et même une suite de 45 m2 pour y passer la nuit. Elle pouvait accueillir jusqu'à 350 personnes, acheminées par navettes. « Une île qui ne figure sur aucune carte », comme le vantait ses promoteurs.

Ces derniers se posent aujourd'hui en « victimes d'une vendetta politique » et fustigent un « règlement de compte qui (les) dépasse et qui dépasse l'entendement économique ». « Cette obstruction et aberration politique, ce déni de droit, nous amènent à tirer en responsabilité les conséquences de la situation et nous obligent à mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance. Nous avons informé tout à l'heure nos 100 salariés que nous ne pouvions pas tenir plus longtemps », ajoutent-ils, déplorant un « plan social (...) provoqué par la seule volonté politique de bloquer un dossier en tout point respectueux du droit et de la protection de la mer ».

Pas compatible avec la protection de l'environnement

Ce projet n'a jamais fait l'unanimité. S'il était par exemple soutenu par la mairie de Mandelieu-La Napoule, il était fortement contesté par le président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier qui l'avait qualifié « d'aberration écologique ». L'élu régional Christophe Madrolle (Union des démocrates et écologistes), chargé de la Mer, qualifiait un « projet démentiel qui menace la biodiversité ».

Les promoteurs du projet mettaient en avant qu' « il n'y a pas aujourd'hui en Méditerranée un navire aussi éco-responsable que le (leur) », avec récupération des eaux usées ou utilisation d'un bio-carburant à base d'huiles de friture usagées.

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Cet aspect de protection de l'environnement est justement celui prôné par le gouvernement pour justifier la non-délivrance des permis. « La position du gouvernement est que le développement d'îles artificielles n'est pas compatible avec la nécessité de renforcer la protection de l'environnement marin », a fait valoir lundi le secrétariat d'État à la Mer, Hervé Berville.

« La nouvelle législation issue de la loi d'accélération des énergies renouvelables encadre d'ailleurs désormais strictement les installations flottantes en mer et réserve à l'avenir ce type de structures au développement des énergies renouvelables et aux missions de service public », a ajouté le secrétariat d'État.

Marc Audineau s'est plaint dimanche d'un « blocage » exercé par Hervé Berville, dans un courrier que le promoteur de Casua Island a adressé au président de la République. Le secrétariat d'État a répondu que « les services des différents ministères concernés instruisent comme pour tout projet, ni plus rapidement, ni moins rapidement, les autorisations nécessaires ». En ajoutant : « L'artificialisation commerciale de l'espace maritime, sur une côte déjà très urbanisée, dans une mer en proie à de nombreuses pollutions, ne s'inscrit donc pas dans la logique et la politique écologique nécessaires ».

Les promoteurs n'ont pas dit ce qu'il adviendrait de leur navire, actuellement amarré dans le port de la Seyne-sur-Mer dans le Var.

(Avec AFP)