
Il n'est pas si courant pour un membre du gouvernement de prendre, en ce moment, la parole pour annoncer de bonnes nouvelles. Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des PME et du Tourisme, n'a donc pas boudé son plaisir en dévoilant vendredi les premiers chiffres du tourisme de l'année lors d'un briefing presse. « Les premières tendances sont très bonnes, un très bon cru ».
Un constat d'autant plus inattendu qu'en janvier, la France est le seul pays européen à voir son niveau d'inflation augmenter. La hausse des prix à la consommation s'est ainsi accélérée en janvier, à 6% sur un an, alimentée par la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation qui pénalise le pouvoir d'achat, selon l'Insee.
De bons chiffres pour les hôteliers en janvier
Malgré cette inflation, les Français partent. Sur les trois prochains mois, qui comprennent les vacances de Pâques, les taux de réservation sont en progression de 7% par rapport à 2022. Pour les seules vacances de février, la progression est de 11,5%.
En janvier 2023, on a dénombré un taux d'occupation de 55 %, en hausse de 17 % par rapport à janvier 2022. Par ailleurs, sur ce même mois, le RevPAR, qui correspond pour les hôteliers au revenu par chambre disponible a progressé de 10% par rapport à 2022 et 12% par rapport à 2019. On note aussi une augmentation de 10 %du taux d'occupation sur les Alpes du Nord et du Sud, ainsi que les Pyrénées par rapport à 2019.
Surtout, et toujours par rapport à 2022, 38% des Français soulignent allouer un budget en hausse pour les vacances d'ihiver par rapport à 2022 et 44% ne pas le revoir à la baisse. Selon les chiffres de l'institut YouGov cité par le gouvernement, 42 % des Français envisagent un séjour au cours de l'hiver 2023.
Ces bons chiffres, souligne la ministre, profitent d'abord « à la montagne » mais aussi aux villes et, ensuite à la campagne et au littoral ». Et, note-t-elle, « on peut se réjouir pour les touristes français qui partent, les visiteurs étrangers qui reviennent et les acteurs touristiques. On remarque une augmentation de 10 % par taux d'occupation sur les Alpes du Nord et du Sud, ainsi que les Pyrénées par rapport à 2019 ».
Enfin, « si l'année 2023 s'annonce très bonne », Olivia Grégoire reconnait qu'il faudra surveiller « les impacts de l'inflation. »
Signe qui ne trompe pas, le trafic passagers des aéroports parisiens a atteint en janvier 89,3% des niveaux d'avant la crise sanitaire. C'est une légère baisse par rapport à la vigoureuse reprise de décembre 2022, selon le bilan mensuel d'ADP.
ZOOM - La Cour des Comptes appelle les entreprises du tourisme à se « transformer » pour être plus responsables Début février, la Cour des Comptes s'est penchée sur les aides reçues par le secteur du tourisme lors de la crise sanitaire. Au terme de son évaluation, la Cour répond positivement à la question « la conception et le déploiement des mesures de soutien au secteur du tourisme ont-ils permis de préserver la viabilité des entreprises ? » . Les mesures de soutien, « orientées vers l'offre et largement communes aux autres secteurs d'activité, ont été très rapidement conçues et déployées. La concertation avec les acteurs du secteur, continue sur la période, a permis leur adaptation aux spécificités du tourisme quand cela était nécessaire et leur rapide appropriation par les entreprises » À la question « quels effets ont eu ces mesures sur le retour des touristes nationaux et étrangers et leur accueil en France à partir de l'été 2020 et en 2021 ? », il est apporté une double réponse. « Déjà, le retour des touristes, certes favorisé par les mesures prises pour le secteur, campagnes de communication et soutien à la demande (usage des chèques restaurant par exemple), résulte essentiellement de la levée des restrictions sanitaires et du désir de voyager des touristes. Ensuite, cette reprise de l'activité touristique a été permise par le maintien du tissu productif (très forte diminution des défaillances d'entreprises et maintien de l'emploi sur la période), qui n'a été possible que grâce au soutien financier massif apporté par l'État . » A la dernière question « le secteur du tourisme a-t-il débuté sa transformation lorsque cela est nécessaire dans les domaines du numérique et du développement durable ? », la Cour apporte une réponse plus nuancée. « Les mesures de soutien mises en œuvre sur la période étaient d'une ampleur limitée. Même si un nombre non négligeable d'entreprises s'en sont saisies, la période de crise n'a pas été utilisée pour engager des transformations d'ampleur. Peut-être la crise n'était- elle pas une période propice pour s'engager dans une transformation à moyen terme. La Cour appelle à poursuivre la transformation du secteur, enjeu de compétitivité pour le secteur et de réussite des engagements de la France en matière de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique. » Olivia Grégoire a annoncé qu'elle apporterait une réponse écrite à ce rapport de la Cour des Comptes, en relation avec son ministre de tutelle, Bruno Le Maire.
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