Carburant : comme TotalEnergies, Carrefour, Intermarché, Leclerc refusent de vendre à perte

Par latribune.fr  |   |  710  mots
Les représentants des principales enseignes de la grande distribution refusent de vendre à perte leur carburant. (Crédits : Reuters)
Auditionnés ce mercredi matin par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, les patrons de Carrefour, Intermarché et E.Leclerc ont annoncé qu'ils ne se saisiront pas de la mesure annoncée en début de semaine par le gouvernement. Pour rappel, l'exécutif a indiqué autoriser pour une durée de six mois la revente à perte de carburant.

[Article publié le mercredi 20 septembre 2023 à 12h37 et mis à jour à 15h26] Un camouflet pour le gouvernement. Lors de leur audition, ce mercredi 20 septembre, par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, Philippe Michaud, co-président du groupement E.Leclerc, Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires et Alexandre Bompard, président de Carrefour, ont affirmé qu'ils ne feraient pas de vente à perte.

« Si on fait cela, on va augmenter le prix des pâtes » a lancé devant les députés le patron des Mousquetaires. « Nos entreprises ne sont pas fabriquées pour la vente à perte, nous n'en ferons pas », a ajouté le président de Leclerc, leader du secteur.

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« Pour des raisons économiques, ce ne sera pas possible »

Alexandre Bompard a estimé que l'interdiction « de la revente à perte est un principe très important du commerce depuis 1963 ». Egalement président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui représente une grande partie du secteur, il ajouté « qu'il ne faut pas ouvrir cette boîte de Pandore au risque de fragiliser à la fois l'équilibre des filières et l'équité territoriale entre les consommateurs ».

De son côté, Dominique Schelcher, patron de Système U (4e acteur du marché), a lui expliqué que « pour des raisons économiques, il ne sera pas possible » pour Système U « de faire massivement des opérations de vente à perte », sans préciser davantage.

Pour rappel, les dirigeant de Leclerc, Carrefour, Intermarché, Système U, Casino et Auchan avaient déjà été convoqués mardi matin à Bercy par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Le ministère a pour sa part indiqué que, lors de cette réunion avec les patrons de la distribution, « Bruno Le Maire a aussi rappelé que les stations indépendantes bénéficieront de compensations » et qu'elles seront « accompagnées par un plan de transformation pluriannuel visant à leur permettre d'offrir de nouveaux services tels que les bornes de recharge rapides ».

Le gouvernement « maintient » le projet

Les grandes surfaces gèrent environ la moitié des stations-service de France et sont concernés en priorité par la mesure. Les distributeurs rejoignent ainsi la position de Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies. Celui-ci a fait part mardi soir de son intention de refuser de « descendre plus bas » que le prix actuel de 1,99 euro par litre, fixé actuellement dans les stations-service de son groupe en France.

En conséquence, le gouvernement a invité ce mercredi les distributeurs de carburant à « participer » à l'« effort collectif ». « Chacun doit et peut faire un effort », a insisté le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, devant la presse à l'issue du Conseil des ministres.

Cette déclaration intervient alors que, plus tôt dans la matinée, l'exécutif avait annoncé maintenir le projet d'autoriser les distributeurs de carburant à vendre à perte, par la voix du ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, au micro de Sud Radio. Cette possibilité, destinée à lutter contre l'envol des prix du carburant, « n'est pas une obligation », a-t-il réaffirmé. Il a aussi expliqué que cette mesure revenait à dire « chiche ! » aux distributeurs. De fait, ces derniers avaient récemment assuré ne pas pouvoir baisser les prix du carburant faute d'être autorisés à vendre à perte. « Ce que l'on veut c'est permettre à ceux qui peuvent le faire de le faire, opérations coup de poing, plafonnement, et pour ceux qui veulent, vente à perte ».

« Je préfère négocier avec les distributeurs que de demander au contribuable de financer une ristourne qui couterait 12 milliards d'euros », a lancé Thomas Cazenave.

(Avec AFP)