Vente à perte de carburant : le gouvernement va soutenir les stations-service indépendantes

Face à l'inflation persistante, le gouvernement a sorti la carte de la vente à perte de carburant à partir de « début décembre », mais a dû s'engager lundi à accorder des « compensations » aux petites stations-service, inquiètes de ne pas pouvoir rivaliser avec les enseignes de la grande distribution et de voir fuir leurs clients.
Le gouvernement s'est engagé à mettre en place un « plan d'accompagnement des stations-service traditionnelles », qui comprendra notamment « l'instauration de mesures de compensation ».
Le gouvernement s'est engagé à mettre en place un « plan d'accompagnement des stations-service traditionnelles », qui comprendra notamment « l'instauration de mesures de compensation ». (Crédits : Reuters)

Le sans-plomb 95-E10 se vendait la semaine dernière en moyenne à 1,9397 euro le litre, le plus haut niveau de l'année. Pour que les automobilistes puissent faire face à cette envolée des prix du carburant, le gouvernement veut permettre aux distributeurs de vendre à perte leur carburant dès le 1er décembre et pendant une durée de six mois, comme l'a confirmé Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, lundi. Le projet de loi sera présenté en Conseil des ministres le 27 septembre, a confirmé Bercy à l'AFP.

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Mais si cette mesure pourrait soulager le portefeuille des automobilistes, espère le gouvernement, elle inquiète les propriétaires de stations-services indépendantes, qui, pour la plupart, ne pourront pas rivaliser avec les enseignes de la grande distribution. Cette disposition n'est « économiquement pas viable pour les distributeurs indépendants, qui ne pourront pas compenser les pertes sur cette activité par des autres recettes - notamment les produits alimentaires », a ainsi indiqué lundi dans un communiqué le syndicat professionnel Mobilians, représentant 5.800 stations-service hors grandes surfaces.

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Ces indépendants, qui ne pourront pas mettre en place la vente à perte, craignent non seulement de voir tous leurs clients faire leur plein dans les grandes surfaces, mais aussi de subir « automatiquement une baisse des activités annexes, économiquement rémunératrices (lavage, boutique, etc.) », explique Mobilians, dénonçant un « véritable déséquilibre » entre les acteurs aux « effets dévastateurs ».

 Un « plan d'accompagnement » pendant six mois

Pour calmer leurs inquiétudes, Bruno Le Maire, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, et la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce et de l'Artisanat, Olivia Grégoire, ont proposé lundi une réunion d'urgence à Bercy à laquelle participait Mobilians. À son issue, les ministres se sont engagés à mettre en place un « plan d'accompagnement des stations-service traditionnelles », qui comprendra notamment « l'instauration de mesures de compensation », a révélé le syndicat dans son communiqué, se « félicitant » de leur « écoute ».  Ces mesures consisteront en un fonds de compensation « à très court terme, à destination des stations-service indépendantes, afin d'accompagner le secteur pendant les 6 mois d'autorisation de la revente à perte », a précisé le syndicat.

Sur le long terme, le gouvernement prendra aussi des « dispositions en faveur de la transformation de ces entreprises », via la création d'un fonds de soutien et la pérennisation d'un autre, a ajouté le syndicat, saluant trois « engagements indispensables à la survie et à la transformation » du  secteur.

Les groupes parlementaires d'opposition sceptiques

Reste que la solution évoquée par le gouvernement de la vente à perte pour limiter le coût sur le portefeuille des Français peine à convaincre les députés de l'opposition. Le groupe RN (88 députés) y est défavorable, a fait savoir son vice-président Sébastien Chenu sur Public Sénat. Le député LFI Eric Coquerel a aussi émis des réticences, quand Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, préconise d'autres solutions, sans préciser si son groupe voterait la mesure.

Cette dernière ne convainc pas non plus les économistes, qui doutent de sa réalisation concrète. Francis Perrin, directeur de recherche à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques), table au mieux sur « des opérations exceptionnelles » sur « un mois ou deux » par les grandes surfaces, en fonction des « zones géographiques et des situations de concurrence », mais pas une vente à perte généralisée.

« Je suis très très sceptique », ajoute Patrice Geoffron, professeur d'économie à Paris Dauphine. Avec la vente à perte, le gouvernement fait « un pari de six mois, mais après ? », interroge-t-il, constatant « qu'il n'y a aujourd'hui pas grand-chose dans la boîte à outils de la politique publique ».

Le cabinet Asteres souligne, lui, dans une note le risque d'une hausse des prix des autres produits pour « compenser ».

Les cours du pétrole sont à la hausse mais la demande montre des signes de relâchement

Les cours du pétrole sont parvenus à arracher une petite hausse, lundi, mais la dynamique du début de séance est retombée, signe d'essoufflement d'un marché incandescent depuis trois semaines. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a engrangé 0,53%, pour clôturer à 94,43 dollars. Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en octobre, il a lui grappillé 0,78%, à 91,48 dollars. Le Brent a gagné jusqu'à 2,17% et le WTI, 1,71%, avant de décélérer, retombant, un temps, dans le rouge, avant un dernier sursaut. C'était la 14e séance positive pour le WTI en 17 journées de cotation, une séquence rare, d'autant que les trois baisses enregistrées durant cette période ont été modérées.

Le seuil symbolique des 100 dollars le baril pour le Brent est de plus en plus régulièrement évoqué, mais des analystes voient le mouvement retomber avant. Si l'offre reste contrainte par l'engagement de l'Arabie saoudite et de la Russie à priver le marché de 1,3 million de barils par jour jusqu'à la fin de l'année, la demande commence à montrer des signes de relâchement. Le dernier état des stocks américains de brut a fait ressortir, la semaine dernière, une augmentation plus forte que prévu des réserves, de 4 millions de barils contre 2,5 millions attendu, un premier indice.

 (Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 19/09/2023 à 17:46
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Oui encore un peu plus de comites theodules, comites citoyens, grenelles de la bienveillance, et cheque pour tous quoi qu'il en coûte aux allemands avec de l'inflation payee par personne.... en 2024, ça va voter très lourd tellement les gens en on...

à écrit le 19/09/2023 à 12:27
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Allez, encore des subventions avec de l'argent qu'on n'a pas. Des malades de la dépense, incapables de tenir un budget...

à écrit le 19/09/2023 à 11:11
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On résume : le gouvernement ne veut pas baisser la fiscalité des carburants car cela lui coûterait trop cher pour ses finances. Mais il propose d'indemniser les TPE victimes de ce nouveau système avec ...de l'argent public (fond de compensation). Et ...

à écrit le 19/09/2023 à 10:14
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Comme la corde soutient le pendu.

à écrit le 19/09/2023 à 9:38
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Ne faut il pas decarboner la planète en consommant moins de pétrole?

à écrit le 19/09/2023 à 8:46
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Des politiques absurdes, qui vont à l’encontre de nos priorités..

le 19/09/2023 à 9:20
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L'Absurdistan dans toute sa splendeur ! SSssplendide !

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