Complémentaires santé : des augmentations inacceptables pour le ministre de la Santé

Par Laurent Lequien  |   |  538  mots
Aurélien Rousseau, ministre de la Santé (Crédits : e Tellec Stephane/ABACA)
Le gouvernement accentue la pression sur les assurances complémentaires, pointées du doigt pour leurs hausses tarifaires, encourageant consommateurs et entreprises à recourir à la concurrence.

« Si une hausse de 5 à 7% peut être justifiée, ce qui est déjà considérable, les augmentations allant jusqu'à 12% annoncées par certains organismes sont inadmissibles », a déclaré le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, dans un communiqué diffusé vendredi après-midi sur X (ex-Twitter), à la suite d'une réunion avec les représentants des complémentaires dans la matinée.

Il a incité les assurés avec des contrats individuels et les entreprises ayant souscrit des contrats collectifs à "pleinement faire jouer les clauses de résiliation de contrat s'ils estiment que les organismes complémentaires n'ont pas pu expliquer ces hausses", a ajouté M. Rousseau.

Le ministre a rencontré vendredi matin les représentants des trois grandes familles des assurances complémentaires (mutuelles, assureurs, institutions de prévoyance) pour discuter des futures hausses tarifaires.

Bien que la plupart de ces hausses n'aient pas encore été annoncées, les estimations des experts suggèrent qu'elles se situeront généralement entre 8 et 12%.

Les organismes complémentaires, souvent désignés à tort comme mutuelles puisque seule une partie d'entre eux ont ce statut, justifient ces hausses par l'inflation et l'augmentation nette des dépenses de santé après la crise sanitaire.

La Mutualité française, regroupant les complémentaires à statut mutualiste, estime que les dépenses de ses membres ont augmenté en moyenne de 6% sur les huit premiers mois de 2023.

« Augmentation du risque »

Les complémentaires imputent également ces hausses aux transferts de charge de l'Assurance maladie. Suite à des négociations avec les dentistes cette année, celle-ci ne rembourse plus que 60% de leurs honoraires (contre 70% auparavant), forçant les complémentaires à accroître leurs remboursements pour atténuer l'impact sur l'assuré.

Cependant, l'État estime que ces hausses ne sont pas totalement justifiées et cible en particulier les dépenses de fonctionnement jugées excessives des complémentaires.

« Il existe un manque de proactivité ou une incapacité de certains acteurs à maîtriser les coûts de gestion, ce qui nous interpelle », a souligné un proche du ministre vendredi.

Selon la Drees, les complémentaires santé consacrent environ 20% de leurs recettes au fonctionnement, un pourcentage stable depuis 2015.

Pour les assureurs complémentaires, le problème fondamental réside plutôt dans la croissance constante des dépenses de santé, imposant une hausse des cotisations.

« Ces dépenses augmentent plus rapidement que la richesse nationale, et cette tendance s'accélère », a noté Eric Chenut, président de la Mutualité française. Il est donc nécessaire de leur allouer davantage de ressources, a-t-il précisé.

Les responsabilités de l'État, de l'Assurance maladie et des complémentaires sont partagées et ils doivent coopérer, notamment dans les investissements en prévention, a-t-il ajouté.

En 2021, selon les données de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux), les complémentaires étaient tout juste à l'équilibre technique, a indiqué de son côté Florence Lustman, présidente de France Assureurs, représentant les assureurs privés.

« Depuis, les prestations ont augmenté plus rapidement que les cotisations », a-t-elle expliqué, soulignant une augmentation du risque pour les Français dans le domaine de la santé.

(avec l'AFP)