Vente de Biogaran : la souveraineté pharmaceutique s'invite dans le débat des élections européennes

Les rumeurs de la vente de Biogaran, acteur majeur des médicaments génériques en France à des repreneurs indiens, ont fait l'effet d'une bombe remettant la souveraineté pharmaceutique au cœur du débat des Européennes.
Laurent Lequien
(Crédits : Yves Herman)

La tête de liste des écologistes pour les élections européennes, Marie Toussaint, a présenté vendredi son plan pour « une souveraineté pharmaceutique européenne », en réponse à la possible vente du géant français des médicaments génériques Biogaran par le groupe Servier.

« Nous avons besoin d'un droit de préemption européen pour éviter les délocalisations », a expliqué l'eurodéputée lors d'une conférence de presse.

«L'enjeu ce n'est pas de savoir si on favorise la France ou la Roumanie, c'est comment est ce qu'on recrée des capacités de production de médicaments en France et en Roumanie et en Pologne et au Portugal », a-t-elle détaillé, rappelant que les écologistes sont un parti fédéraliste.

Selon plusieurs médias, Servier a mis en vente Biogaran depuis plusieurs mois et au moins deux acquéreurs indiens sont sur les rangs. Le géant des médicaments génériques fait travailler en sous-traitance plus de 8.000 salariés en France.

Marie Toussaint s'est également prononcée pour le fait « d'établir des stocks stratégiques au niveau européen » et pour la création « d'un service public européen du médicament ».

La candidate a également plaidé pour un « Airbus du médicament », donc une coopération industrielle européenne, « en particulier pour produire les substances actives ».

« On ne peut pas continuer à importer 80 % d'entre elles depuis la Chine et l'Inde, ce n'est pas possible, ce n'est pas acceptable. Ce n'est pas bon pour la santé des Européens, ce n'est pas bon pour l'emploi, ce n'est pas bon pour l'accès à des médicaments, à des prix acceptables et donc il faut en finir », a-t-elle appuyé.

Enfin, Marie Toussaint est favorable au « contrôle du prix des médicaments », qui passe, selon elle, « par l'encadrement des marges des entreprises des 'Big Pharma' », les grands groupes pharmaceutiques.

Roland Lescure, s'est dit "énervé"

« Cette décision du laboratoire Servier est incompréhensible », a affirme Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux élections européennes, dimanche au micro de France Inter, en réponse à la possible vente du géant français des médicaments génériques Biogaran par le groupe pharmaceutique.

Vendredi, le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure, s'est dit « prêt à recevoir les acheteurs potentiels » de Biogaran, géant français des médicaments génériques, dont la cession par Servier à un groupe étranger est envisagée.

« J'ai dit clairement au laboratoire Servier que je ne souhaitais pas qu'ils vendent Biogaran », a-t-il déclaré sur RMC.

Biogaran, peu connu du grand public, fournit un générique sur trois vendus en France et fait travailler en sous-traitance plus de 8.000 salariés dans 39 usines dans le pays. Selon plusieurs médias, dont les Echos et RMC, Servier l'a mis en vente depuis plusieurs mois et au moins deux acquéreurs indiens sont sur les rangs.

Roland Lescure a exprimé son agacement face à cette possible cession, alors que la France met en place une politique pro-active pour attirer de grands laboratoires pharmaceutiques sur son territoire.

« Ce qui m'énerve le plus, c'est que ça fait des mois qu'on met en place une politique pro-active pour faire venir de grands laboratoires pharmaceutiques en France, Pfizer, Astra Zeneca, Novo Nordisk, ils viennent en France et c'est le moment que choisit le laboratoire Servier pour vendre (...). Ça, je le regrette », a-t-il observé.

Le ministre a insisté sur l'importance que les sites de production demeurent en France.

« Je suis prêt à recevoir les acheteurs potentiels dans mon bureau pour leur expliquer les conditions auxquelles nous serions éventuellement prêts à regarder ce type de transaction », a-t-il conclu, tout en précisant que « pour l'instant, il n'y a pas de transaction, il n'y a pas d'offre, il n'y a pas de proposition ».

(avec agences)

Laurent Lequien

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Commentaires 6
à écrit le 22/04/2024 à 9:41
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Servier ce dont bien les mêmes voyous qui ont vendu le Médiator? Pas étonnant qu'ils veulent se refaire la cerise pour renflouer des caisses vidées par les procès.

à écrit le 22/04/2024 à 8:34
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"Un animal grégaire, un être docile, maladif, médiocre, l'Européen d'aujourd'hui !" Nietzsche

à écrit le 21/04/2024 à 23:24
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Ils sont marrants nos politiciens! On voit qu'ils ne comprennent rien au monde de l'entreprise, et pire encore, que ceux qui "oeuvrent" dans le secteur de la santé n'y connaissent pas grand chose non plus! Si leur soit-disant politique pro-active c'...

à écrit le 21/04/2024 à 20:51
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A force de refuser de faire payer aux Français leurs soins médicaux, on en arrive la

à écrit le 21/04/2024 à 18:35
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j'adore, c'est un caviar!! je discutais y a un ana avec des industriels francais qui me disaient que le medicament revenait!! je leur disait qu'ils reveaient et que c'est pas parce qu'une usine de doliprane ouvre que c'est le cas!!!!!! la politique d...

à écrit le 21/04/2024 à 17:11
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"et c'est le moment que choisit le laboratoire Servier pour vendre" et s'ils ont besoin d'argent ? Que vendre d'autre ? Y a pas de fortes pénalités à payer suite à des procès ? Comme pour acheter les produits aux agriculteurs et éleveurs, il faudrai...

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