Coronavirus : face à l'épidémie qui arrive, Macron monte au front

Par Paul Aubriat, Gaëlle Geoffroy, AFP  |   |  982  mots
(Crédits : Reuters)
Le gouvernement est en première ligne, ce jeudi 27 février, dans la lutte contre le coronavirus. Emmanuel Macron s’est notamment rendu à l’hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière où a été enregistré le premier décès d’un Français des suites du Covid-19.

Avant de s'envoler pour un sommet franco-italien à Naples, Emmanuel Macron, s'est rendu, ce jeudi 27 février, en début de matinée, à l'hôpital parisien de La Pitié-Salpêtrière, dans le 13 arrondissement de Paris, accompagné du ministre de la Santé Olivier Véran, pour "remercier" et saluer le personnel médical et la "qualité des soins apportés par le système français". Une réponse au début de polémique sur la mobilisation de l'Etat face à la multiplication des cas de coronavirus en France.

"On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive... On va devoir l'affronter au mieux, avec la vie qui continue. On sait que nous ne sommes qu'au début", a notamment  souligné M. Macron lors d'un échange avec les médecins, dont le professeur Eric Caumes, chef de service des Maladies Infectieuses et Tropicales.

Celui-ci a expliqué au chef de l'Etat qu'il "va y avoir (en France) une situation un peu à l'italienne" avec "des chaînes de transmission autochtones", tout en insistant sur le fait que "les deux personnes qui sont décédées en France avaient soit une co-morbidité, soit une autre pathologie".

"Le problème va être l'effet nombre à gérer. Si on a 1.000 personnes, le système n'aura aucun problème pour prendre en charge. Mais si c'est 100.000 personnes ou 10 millions de personnes dans un espace très réduit de temps, on va avoir de grosses difficultés", a ajouté le professeur.

Moins touchée que l'Italie voisine, la France a recensé 18 cas et deux décès, dont un touriste chinois et ce premier mort français qui n'avait pas voyagé dans les zones à risque. Une enquête est en cours pour retracer le parcours de cet enseignant de 60 ans d'un collège de Crépy-en-Valois dans l'Oise. Le Premier ministre Edouard Philippe devait, lui, recevoir à Matignon à 11h30 les chefs de partis représentés au Parlement, les présidents de groupes parlementaires et les présidents d'assemblées. Il fera ensuite un point sur la situation. L'heure est à "construire", "avec beaucoup de rigueur", une "réponse graduée en fonction de l'état de propagation du virus" en France, où la situation n'est actuellement pas "épidémique", a souligné la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Données "étudiées médicalement"

Les critiques des oppositions sur la gestion de la crise par le gouvernement montent depuis le début de semaine et l'explosion de l'épidémie en Italie, dénonçant "l'incohérence" supposée de ses décisions. De Marine Le Pen (Rassemblement national) à Ségolène Royal en passant par Eric Ciotti ( Mardi à l'Assemblée nationale, le député (Les Républicains) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a réclamé « un plan d'urgence »« Je trouve le temps de réaction du gouvernement très long »a-t-il tancé sur Europe 1., député LR des Alpes-Maritimes, frontalières de l'Italie, ils ont dénoncé l'autorisation donnée aux supporteurs de la Juventus de se rendre à Lyon pour un match de la Ligue des Champions mercredi soir, quand des enfants français rentrés d'Italie étaient, eux, confinés.

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"Aujourd'hui en France, il y a moins d'une vingtaine de cas", a voulu rassurer Mme Ndiaye ce jeudi sur Europe 1, en rappelant les dizaines de milliers de cas chinois. "On ne prend pas des décisions sur la foi de la peur", mais sur des données "étudiées médicalement", a-t-elle insisté. A Paris, les réunions hebdomadaires de la cellule de veille, créée en janvier, deviennent quotidiennes à compter de ce jeudi, pour assurer "une coordination opérationnelle des services sous la responsabilité de la maire" Anne Hidalgo.

A Creil, où l'enseignant décédé avait été hospitalisé dans un premier temps, le service de réanimation a été fermé mercredi soir pour 14 jours. A Beauvais, la maire, Caroline Cayeux, a souhaité qu'une brigade sanitaire soit mise en place pour les vols en provenance d'Italie à l'aéroport local. La SNCF a pour sa part renforcé son dispositif face à la propagation du coronavirus, fournissant des masques à ses personnels de bord sur les liaisons vers l'Italie du Nord ou en correspondance, et suspendant les voyages professionnels vers un certain nombre de pays et régions à risque.

Les élections municipales ne seront pas reportées

Les craintes liées au coronavirus rejaillissent sur plusieurs secteurs, dont le tourisme: les réservations des vacanciers français pour plusieurs pays d'Asie, principalement le Vietnam, la Thaïlande et le Cambodge en plus de la Chine, se sont effondrées. Les touristes commencent à s'interroger sur l'Italie, selon les voyagistes. A Nice, le dernier jour du carnaval, entamé le 15 février et qui devait s'achever samedi, a été annulé "à titre préventif", a annoncé le maire Christian Estrosi.

Les municipales des 15 et 22 mars pourraient-elles être reportées ? Le gouvernement ne "l'envisage pas" à l'heure actuelle, a indiqué Mme Ndiaye, et l'hypothèse n'a été posée dans "aucune des réunions ministérielles" auxquelles elle a assisté, a-t-elle souligné. Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé mercredi soir, lors de son point quotidien, un 18e cas positif: l'épouse d'un patient hospitalisé à Annecy, un Français de 64 ans, de retour de Lombardie. L'état de santé de ces deux personnes n'inspire pas d'inquiétude.

L'un des autres cas annoncés mercredi est "un homme français de 55 ans actuellement hospitalisé à Amiens et qui est dans une situation clinique grave (...) en réanimation", ainsi qu'"un homme français de 36 ans hospitalisé à Strasbourg", qui "ne présente pas de signe de gravité" et revenait de Lombardie, région italienne la plus touchée par la maladie. Le nombre de patients guéris en France est à ce jour de douze.