Crash de l'A320 : l'un des pilotes était coincé hors du cockpit

Par latribune.fr avec AFP  |   |  754  mots
Que s'est-il passé dans le cockpit de l'A320 de Germanwings? On ne sait toujours pas si c'est le commandant de bord ou le copilote qui a quitté la cabine de pilotage.
Selon une source proche de l'enquête, l'un des deux pilotes de la compagnie Germanwings est sorti de la cabine de pilotage quelques minutes avant le crash. Il se serait retrouvé coincé à l'extérieur au moment du drame.

La boîte noire commence à parler. Après un début de vol apparemment habituel, l'un des deux pilotes de l'Airbus A320 qui s'est écrasé mardi dans les Alpes françaises, a quitté le cockpit et n'a pas pu y retourner, selon les enregistrements sonores récupérés par les enquêteurs, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.

"Au début du vol, on entend l'équipage parler normalement puis on entend le bruit d'un des sièges qui recule, une porte qui s'ouvre et se referme, des bruits indiquant qu'on retape à la porte et il n'y a plus de conversation à ce moment-là jusqu'au crash", a indiqué cette source qui a eu connaissance de la teneur des enregistrements confirmant une information du quotidien américain New York Times, parue dans la nuit de mercredi à jeudi.

Pilote ou copilote ?

Les deux pilotes s'exprimaient en allemand. Et, à la fin du vol, les alarmes indiquant la proximité du sol retentissent, a indiqué cette même source qui n'était pas en mesure de dire si c'est le commandant de bord ou le copilote qui a quitté la cabine de pilotage.

Une autre source proche du dossier a indiqué à l'AFP que le copilote était entré "récemment dans la compagnie" allemande Germanwings (filiale de Lufthansa), "fin 2013 avec à son actif quelques centaines d'heures de vol". Une autre source évoque "300 heures de vol". Sa nationalité n'est par ailleurs pas connue avec précision, ont poursuivi ces sources proches du dossier.

Ces informations proviennent de l'audition par les enquêteurs de la boîte noire enregistrant les sons dans le cockpit. Le cockpit voice recorder (CVR) avait été retrouvé mardi quelques heures après l'accident et sa lecture a été effectuée mercredi en fin de journée. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de décrypter la boîte noire, n'était pas en mesure d'infirmer ou confirmer ces informations.

Dernier message radio à Marseille

Germanwings avait de son côté indiqué que le commandant de bord était très expérimenté: il avait plus de 10 ans d'expérience et plus de 6.000 heures de vol à son actif.

L'A320 de la compagnie allemande, filiale à bas coûts de Lufthansa, qui devait relier Barcelone (Espagne) à Düsseldorf (Allemagne), s'est écrasé mardi dans le sud des Alpes avec 144 passagers à bord, en majorité allemands et espagnols, et six membres d'équipage. Mercredi, le BEA avait écarté la piste d'une explosion de l'avion en vol, indiquant que l'appareil avait volé jusqu'au bout.

Dans le déroulement des faits, le dernier message radio au contrôle à Marseille a été enregistré à 10H30, le début de descente de l'appareil a commencé une minute plus tard et la dernière position radar a été enregistrée à 10H40, avait-il décrit.

Thèse du suicide

Pendant ces dix minutes, la trajectoire de l'avion a été rectiligne. Il est descendu à une vitesse modérée de 3.000 pieds par minute, quelque 1.000 mètres par minute, ce qui ne correspond ni à un avion en décrochage, ni à un avion en descente d'urgence avec une panne grave.

Se diriger tout droit en direction des montagnes ne correspond toutefois pas à une action rationnelle de la part de pilotes professionnels, avaient expliqué mercredi plusieurs experts aéronautiques et commandants de bord interrogés par l'AFP. "Si les pilotes n'ont pas empêché l'avion d'aller s'écraser contre les montagnes, c'est que soit ils étaient inconscients ou morts, soit ils ont décidé de mourir, soit on les a obligés à mourir", avait résumé un des experts.

Parmi les hypothèses désormais envisageables, le cas du pilote aux commandes qui se suicide ou qui a conduit volontairement l'appareil au crash pour une cause inconnue.

Protection renforcée du cockpit

Nettement moins probable, celle du pilote qui aurait eu un malaise alors que son collègue n'était plus dans la cabine de pilotage dans la mesure où il y a eu une action volontaire pour faire voler l'avion à une altitude plus basse menant droit sur la montagne. Après les attentats du 11 septembre 2001, la protection du cockpit a été renforcée. L'ordre d'ouvrir le cockpit ne provient aujourd'hui que de l'intérieur par les pilotes.

Dans l'histoire aéronautique, des précédents de pilotes qui se sont suicidés existent notamment fin 2013 lors du vol de la Mozambique Airlines qui s'est écrasé en Namibie, de Silk Air en 1997 et d'Egyptair en 1999 même si les autorités indonésiennes et égyptiennes ont contesté la conclusion de l'enquête.