Croissance : l'Insee douche les espoirs de Bercy

Par Fabien Piliu  |   |  581  mots
Quel profil aurait la consommation des ménages en cas d'effondrement ?
Dans sa note de conjoncture publiée ce vendredi, l'Institut indique ne plus tabler sur une croissance de 1,2 % cette année mais de 1,1 %. Il n'y a pas eu de miracle : l'Insee n'a pas révisé à la hausse ses statistiques du deuxième trimestre. Entre avril et juin, l'activité a bel et bien stagné.

Lors de la présentation du projet de loi de finances 2016 mercredi, Michel Sapin avait indiqué attendre avec impatience les dernières prévisions de l'Insee. Le ministre des Finances devait sans doute espérer que l'Institut confirme ses dernières estimations. Il doit être un peu déçu. Dans sa note de conjoncture, l'Insee a indiqué ne plus tabler sur une progression annuelle du PIB de 1,2 %, comme en juin.

Après avoir intégré la stagnation de l'activité au deuxième trimestre, les économistes de l'Institut abaissent de 0,1 point leurs prévisions et ne visent plus qu'une croissance annuelle de 1,1 % cette année. Soit 0,1 point de plus que l'objectif fixé par le gouvernement et sur lequel repose la construction de loi de finances 2015. Le miracle ne s'est pas produit : l'Insee n'a pas révisé à la hausse ses statistiques du deuxième trimestre.

La prévision de croissance 2016 - un peu - confortée

Cette correction n'est pas une catastrophe. Après avoir enregistré une progression de seulement 0,2 % du PIB en 2014, une augmentation de 1,1 % témoigne d'une reprise de l'activité. Cette « performance » a également le mérite de conforter la prévision de croissance 2016 de l'exécutif.

Toutefois, afficher une croissance annuelle de 1,2 % aurait permis au gouvernement de faire meilleure figure à Bruxelles et à la France de se rapprocher un peu plus de la croissance moyenne que la zone euro devrait afficher cette année, soit 1,5 %.

La demande intérieure retrouve des couleurs

On ne s'étonnera pas que la demande intérieure reste l'unique moteur de la croissance. Alimentée par la baisse des prix du pétrole, qui réduit la facture énergétique des ménages, la consommation accélère cette année, affichant une progression de 1,6 % après avoir augmenté de 0,6 % l'année dernière. Les ménages, qui voient leur pouvoir d'achat progresser de 1,7 %, soit 0,6 point de plus qu'en 2014, ne se contentent pas de garnir leur bas de laine, malgré les inquiétudes liées au chômage.

En dépit des discours sur la nécessaire rigueur et la gestion au sous près des deniers publics, cette demande est également stimulée par les dépenses des administrations publiques. Leurs dépenses collectives, correspondant aux fonctions souveraines - justice, défense, police - augmentent de 1,5 % cette année. En 2014, elles n'avaient progressé que de 0,8 %.

L'investissement ne décolle pas

En revanche, l'investissement est en berne. Encore. En dépit de la montée en puissance du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), dont le taux est passé de 4 % à 6 %, et du plan en faveur de l'investissement lancé en avril par le Premier ministre, les entreprises rechignent toujours à augmenter leurs capacités de production ou à les moderniser. Une progression de 1,5 % seulement de l'investissement est en effet attendue cette année, soit 0,5 point de moins que l'année dernière. L'investissement des ménages, dans l'immobilier, recule de 4,5 % après avoir chuté de 5,3 % en 2014, laissant le secteur de la construction et du bâtiment dans le marasme.

Le pétrole et le dollar revigorent le commerce extérieur

Bonne surprise, la chute du prix du pétrole et la dépréciation de l'euro face au dollar produisent leurs effets au niveau statistique, à défaut de stimuler l'emploi et l'investissement, puisque le commerce extérieur contribue positivement à la croissance, de 0,1 point. Il ne faudrait pas que le billet vert cède du terrain face à l'euro ou que les cours du brut remontent...