Croix Rouge : pourquoi le directeur général France quitte son poste

Par latribune.fr  |   |  428  mots
L'Inspection du travail a recensé plus de 3.300 dépassements de la durée quotidienne de travail maximum (10 heures) pour 2014.
Alors que l'organisation est sévèrement épinglée par l'inspection du travail qui décrit une organisation du travail "illégale, dangereuse et pathogène", Stéphane Mantion quitte l'association deux ans après son entrée en fonction pour cause de désaccord avec son président, Jean-Jacques Eledjam.

Le rapport de l'inspection du travail sur les heures supplémentaires non payées par la Croix Rouge aurait-il été fatal à son directeur général ? Stéphane Mantion, à la tête de la branche française de l'association va quitter son poste. En cause, des "vues divergentes et non réconciliables" avec son président, Jean-Jacques Eledjam, sur la stratégie de l'association, a annoncé la Croix-Rouge à l'AFP.

"Le professeur Jean-Jacques Eledjam et Stéphane Mantion avaient depuis plusieurs mois des vues divergentes et non réconciliables sur la stratégie de la CRF. Ce qui les a conduits, le mois dernier, à engager une rupture conventionnelle", explique l'association.

"Cette décision a été prise d'un commun accord", est-il assuré. Si Stéphane Mantion est encore en fonction, il est "absent en ce moment", et Annie Burlot-Bourdil, directrice déléguée aux opérations et à la coordination, assure l'intérim.

Une organisation du travail "illégale, dangereuse et pathogène"

Ce départ intervient quelques semaines après la publication d'un rapport sévère de l'Inspection du travail sur le non respect par l'association de la législation sur le temps de travail, décrivant une organisation du travail "illégale, dangereuse et pathogène". Ces dérives concernent plus de 300 des 480 salariés du siège parisien (sur les 18.000 salariés au total). L'Inspection du travail a recensé plus de 3.300 dépassements de la durée quotidienne de travail maximum (10 heures) pour 2014.

Les infractions constatées sont sanctionnées de 750 euros, soit une amende de plus de 2,8 millions d'euros. En incluant la rémunération due aux salariés et leur indemnisation au titre du préjudice subi, la facture pourrait atteindre 11 millions d'euros. Une somme que la Croix-Rouge Française, en situation financière tendue, pourrait avoir certaines difficultés à payer étant donné une baisse des rentrées d'argent cette année.

"L'urgence ne prévient pas"

Suite à ces révélations, publiées le 31 mai dans article du Parisien, la Croix-Rouge s'est défendue en expliquant, dans un communiqué, être "malheureusement confrontée depuis de nombreuses années" à "la question des heures supplémentaires", une situation liée à son "identité" et "à sa mission: sauver des vies". "L'urgence ne prévient pas", ajoute le communiqué. Assurant travailler à trouver des solutions, la direction a rendez-vous prochainement avec le ministre du Travail.

L'intersyndicale de la Croix-Rouge française doit, pour sa part, rencontrer les 25 et 30 juin la direction des ressources humaines afin de discuter des indemnisations du préjudice subi par les salariés.

(Avec AFP)