Déconfinement : "Nous sommes révoltés", le monde de la culture réagit aux annonces de Castex

Par Jérémy Marot et François Becker, AFP  |   |  776  mots
Des danseurs portant un masque se produisent sur scène durant une répétition du ballet de Don Quichotte au théâtre de l'Opéra de Nice, le 10 décembre 2020. (Crédits : Reuters)
Professionnels du secteur et hommes politiques ont dit leur incompréhension et leur colère face à la décision jugée injuste de ne pas rouvrir cinémas, théâtres, musées et tribunes de sport à l'occasion de l'allègement du confinement, le 15 décembre prochain. "La culture est donc une fois de plus sacrifiée", a constaté amèrement sur les réseaux sociaux le violoncelliste Gautier Capuçon.

Les Français retrouveront la liberté de circuler en journée à partir de mardi et pourront fêter Noël mais, face à une situation sanitaire défavorable, cinémas, théâtres, musées et tribunes de sport resteront fermés, au grand dam des professionnels concernés.

Comme promis par Emmanuel Macron, la France sortira bien du confinement le 15 décembre et les déplacements seront de nouveau autorisés partout entre les départements. Mais seulement en journée, car il y aura un couvre-feu plus sévère que prévu puisqu'il débutera à 20H et non à 21H, jusqu'à 06H, sauf en Outre-mer.

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Le but de cette démarche exposée par Jean Castex lors d'une conférence de presse est de "permettre à chacune et chacun de profiter des fêtes de fin d'année" et en même temps de tout faire "pour réduire le risque de devoir vivre un 3e confinement dans les prochains mois".

Conscient de la colère qui gronde dans le milieu du spectacle face à sa "douloureuse" décision, le Premier ministre a promis de poursuivre son soutien économique. Mais le baume ne semble pas apaiser la douleur.

"Nous sommes consternés et révoltés", a réagi le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français, Marc-Olivier Sebbag, en appelant le monde de la culture à se mobiliser.

"La culture est donc une fois de plus sacrifiée", a déploré sur les réseaux sociaux le violoncelliste Gautier Capuçon, résumant un sentiment répandu, des grands musées aux cinémas et théâtres.

"Abandonner leur rêve"

"Combien d'artistes ne survivront pas ? Combien d'acteurs de l'écosystème culturel ne s'en relèveront définitivement pas ? Combien de jeunes vont abandonner leur rêve ? ", a-t-il ajouté.

Sur le terrain, "c'est la catastrophe !", illustre Arnaud Vialle, propriétaire du cinéma Rex à Sarlat (Dordogne), fin prêt pour rouvrir avec sapin de Noël et séances réservées aux enfants des écoles, avant les vacances.

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Même tonalité chez les hommes politiques. "Nous n'avons aucune preuve qu'en fermant les lieux de culture le gouvernement sauve des vies humaines. Par contre, nous avons la certitude qu'il est en train de tuer le monde de la culture", a estimé Éric Coquerel, député LFI, sur Twitter.

"Je ne suis pas sûr qu'en restreignant un peu plus nos libertés, ça participe de la baisse de la contamination", a renchéri Louis Aliot, maire RN de Perpignan.

"Couvre-feu pour le Nouvel An mais possibilité de fêter Noël. Comprend qui peut! Vive la laïcité!", enfonce Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis, sur Twitter.

En effet, les déplacements seront autorisés le soir de Noël, le 24 décembre, a indiqué le chef du gouvernement en recommandant à nouveau de réunir "pas plus de six adultes à la fois". Il a aussi conseillé de "limiter les interactions au cours des 5 jours précédents" en cas de rencontre avec une personne âgée ou vulnérable.

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Défiance

Il faudra en revanche rester chez soi le 31 décembre, car le réveillon du Nouvel An "concentre tous les ingrédients d'un rebond épidémique", selon Jean Castex, qui n'a pas exclu qu'on puisse inviter quelques personnes en respectant le couvre-feu.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'il n'y aura "pas de consignes d'indulgence" et que les contrôles seront "renforcés", notamment le soir du 31 décembre. Plus de 2,9 millions de contrôles, donnant lieu à plus de 285.000 verbalisations, ont été effectués depuis le début du deuxième confinement.