Dépense publique : quand le Medef fait la leçon au gouvernement

Par Fabien Piliu  |   |  717  mots
Pour réduire la dépense publique, le Medef s'est surtout contenté de sortir sa calculatrice
L'organisation patronale souhaite une réduction de la dépense publique pour financer une réforme fiscale d'envergure susceptible de redresser la compétitivité des entreprises.

Que le gouvernement se rassure. S'il cherche des solutions pour réduire la dépense publique, le MEDEF est prêt à l'aider.

Lors d'une conférence de presse organisée ce lundi, Geoffroy Roux de Bézieux, le vice-président délégué de l'organisation patronale et Anne-Marie Couderc, la présidente du pôle Sphère publique du Mouvement ont égrené les solutions. " Il faut rappeler que la France ne parvient toujours pas à respecter ses engagements en matière de réduction des dépenses publiques. Depuis 2011, elle a obtenu trois sursis de la part de la Commission européenne ", a rappelé Anne-Marie Couderc.

Que retenir des propositions du MEDEF ? La plupart des suggestions étaient déjà connues, l'organisation patronale ne perdant que rarement l'occasion de les énumérer. " Redéfinir clairement les missions de la sphère publique ", demander " plus de rigueur dans la gestion des effectifs des trois fonctions publiques pour stabiliser la masse salariale dans le secteur public ", appeler à "une révolution managériale pour accompagner les carrières des femmes et des hommes ", sont des propositions qui relèvent plutôt de l'incantation que d'un programme d'actions, même si les déclarations d'Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie, sur le statut des fonctionnaires incitent le MEDEF à battre le fer déjà rougi.

La réforme des retraites, toujours sur la table

Dans le domaine social également, les solutions du Mouvement ne sont pas nouvelles. " Rétablir les comptes de la protection sociale en 2020 », réformer les retraites et reculer l'âge du départ à la retraite, relever la durée de cotisation " sont, par exemple, des recommandations anciennes, et répétées, du MEDEF.

Bien évidemment, cette prodigalité de conseils n'est pas désintéressée. Selon l'organisation patronale, réduire la dépense publique permettrait enfin d'envisager la réforme fiscale jugée nécessaire pour redresser la compétitivité des entreprises. " Il faut rappeler que la charge fiscale pesant sur les entreprises a augmenté de 41 milliards d'euros depuis 2011. Le CICE et les allègements fiscaux contenus dans le Pacte de responsabilité, qui représentent une économie de 35 milliards d'euros, ne compensent absolument pas ce choc fiscal ", déclare Geoffroy Roux de Bézieux.

Sur ce point, le Medef est bien plus précis. Pour réduire l'écart de 134 milliards d'euros par rapport à l'Allemagne en termes de prélèvements obligatoires sur les entreprises (impôts et charges), l'organisation patronale estime que le Pacte de responsabilité devait être complété. Précisément, elle estime " nécessaire et possible " d'abaisser de 50 milliards d'euros supplémentaires la fiscalité des entreprises, et de 30 milliards d'euros le coût du travail.

Refonder la fiscalité des « parties prenantes »

Comment ? En supprimant des impôts sur les facteurs de production, comme par exemple la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), en plafonnant les impôts locaux des entreprises et en abaissant le taux de l'impôt sur les sociétés.

Après avoir une nouvelle fois émis le souhait de voir l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) supprimé, Geoffroy Roux de Bézieux a également appelé à revoir la " fiscalité des parties prenantes ", c'est-à-dire des investisseurs. En clair, il veut que la fiscalité pesant sur les plus-values, les dividendes et les intérêts soit abaissée, de préférence au niveau européen, via une flat tax à 25%. " Le système actuel souffre de deux dysfonctionnements. D'une part, l'investisseur est pénalisé en France car il est davantage imposé que chez nos voisins. D'autre part, les entreprises tricolores doivent être beaucoup plus performantes que leurs concurrentes étrangères si elles veulent verser des revenus équivalents à leurs investisseurs ", a-t-il expliqué.

Un message pour le gouvernement actuel et pour les prochains

A quelques jours de la présentation du projet de loi de finances 2016, le Mouvement a peu de chances d'avoir l'oreille du gouvernement qui, dans le domaine de la fiscalité des entreprises, ne semble pas prêt à faire plus que ce qui est prévu dans le Pacte de responsabilité. Néanmoins, en maintenant la pression, en martelant les mêmes messages - ou presque - l'organisation patronale prépare les prochains candidats aux élections présidentielles, et leurs futurs gouvernements, à ses idées de réforme.