Déterminé, Emmanuel Macron veut aller "plus loin et plus fort" dans les réformes

Par latribune.fr  |   |  770  mots
Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de continuer à réformer la France, en dépit de l'hostilité auquelle il est confronté, lors du conseil des ministres de ce vendredi 4 janvier. (Crédits : Benoit Tessier)
Le président Emmanuel Macron a affiché, ce vendredi, à l'occasion du premier conseil des ministres de l'année, sa volonté de continuer à réformer la France en profondeur face aux "agitateurs" qui souhaitent "renverser le gouvernement".

C'est la rentrée des classes pour Emmanuel Macron. Le président de la République a réuni, ce vendredi, l'ensemble des membres du gouvernement à l'occasion du premier conseil des ministres de l'année. L'occasion pour lui de démontrer, après ses voeux aux Français le lundi 31 décembre dernier, que, malgré le mouvement des "Gilets jaunes" dont plusieurs manifestation sont prévues ce week-end à Paris et en régions, et l'hostilité croissante dont il est l'objet, il entendait poursuivre son train de réformes. Le président "a estimé qu'il était nécessaire que nous allions plus fort, plus loin et plus radicalement dans la transformation du pays", a rapporté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux lors du compte rendu du conseil.

"Avec le constat que nous avons pris le bon chemin mais que des choses peuvent naturellement être améliorées", a-t-il souligné. "Pour beaucoup de nos concitoyens, les choses n'ont pas réellement changé dans leur vie et dans leur quotidien (...), ils n'ont pas connu de changement suffisamment substantiel et concret dans leur vie de tous les jours".

"Nous devons aller sans doute encore plus loin dans le changement, être beaucoup plus radicaux dans nos méthodes, dans nos manières de faire, dans notre style, nous devons aller au bout de l'envie de changement des Français car c'est cette envie qui nous a portés au pouvoir", a-t-il ajouté. "Peut-être avons-nous trop composé avec certains conservatismes, il faudra changer cela, et ce travail nous serons heureux de le conduire avec nos administrations, les territoires, leurs élus, tous ceux qui souhaitent sincèrement transformer notre pays".

Fermeté et main tendue

Malmené dans les sondages, ébranlé par les violences qui ont émaillé plusieurs manifestations à Paris en novembre, Emmanuel Macron avait achevé l'année 2018 en faisant, le 10 décembre, un mea culpa et en annonçant une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat chiffrées à plus de 10 milliards d'euros. Depuis, le ton a changé. Lors de ses voeux aux Français lundi soir, le chef de l'Etat s'en est pris aux "porte-voix d'une foule haineuse s'en prennent aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels" et déclaré avoir entendu "l'inacceptable".

Il a fermé la porte à tout "renoncement", appelé les Français à "accepter la réalité" et réaffirmé sa détermination à mener son train de réformes à son terme, dont celles des retraites, de l'assurance chômage et de la fonction publique. "Nous avons apporté des réponses concrètes aux demandes premières et légitimes portées par le mouvement dit des 'Gilets jaunes' notamment sur le pouvoir d'achat", a dit Benjamin Griveaux. "Depuis ces annonces, le mouvement (...), pour ceux qui restent encore mobilisés, est devenu le fait d'agitateurs qui veulent l'insurrection et au fond renverser le gouvernement".

"En revanche, nous sommes prêts à discuter avec des gens sincères, qui ne font pas d'instrumentalisation politique, de la difficulté que connaissent certains de leurs concitoyens", a-t-il ajouté.

Pour le gouvernement, le grand débat national fera office de test

Il n'en reste pas moins que la réponse à apporter et le ton à adopter face aux "Gilets jaunes" interrogent au sein même du gouvernement. Dans une tribune publiée dans Le Monde, le secrétaire d'Etat chargé du numérique Mounir Mahjoubi voit dans le mouvement "une chance pour la France" et appelle les membres de la République en Marche (LaRem) à ne pas s'enfermer "dans une représentation biaisée" des manifestants.

En baisse depuis quelques semaines, la mobilisation de samedi sera scrutée de près par un exécutif désireux de reprendre la main en dépit d'un contexte social encore tendu et de récentes révélations sur Alexandre Benalla. La tâche s'annonce délicate. Dix-neuf mois après l'élection d'Emmanuel Macron, 75% des Français se disent "mécontents" de l'action menée par le gouvernement, soit 16 points de plus qu'en avril dernier, selon un sondage Odoxa Dentsu consulting publié jeudi.

Dans ce contexte, l'issue du "grand débat national" et la réponse qu'apportera le gouvernement s'annoncent cruciaux. "J'invite l'ensemble de nos concitoyens à y participer activement et à faire entendre leurs voix, c'est important dans cette période", a déclaré Benjamin Griveaux, à l'heure où plusieurs figures des "Gilets jaunes" refusent de participer à ce qu'ils considèrent être "un piège politique".

(Avec Reuters)