Elections régionales : la gauche éclatée, la droite rassemblée, le FN gonflé !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  716  mots
Malgré son referendum appelant à l'unité des forces de gauche, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, sera réduit à constater le grand éclatement de la gauche pour le scrutin régional.
Le dépôt des listes pour les élections régionales est clos depuis le 9 novembre. Face à un FN gonflé à bloc, la droite et le centre partent partout unis alors que la gauche se présente dans un ordre plus ou moins dispersé selon les régions.

Depuis lundi 9 novembre à midi, les dépôts des listes de candidats aux élections régionales des 6 et 13 décembre est clos. Au total, ce sont 1.914 candidats qui se présenteront au scrutin. En moyenne, ce sont environ 10 listes qui se seront présentes dans chacune des collectivités dont le « parlement » va être renouvelé. Il y en aura même 12 en lice pour l'assemblée territoriale de Corse.

Quand on prend connaissance des listes déposées, l'éclatement du paysage à gauche est le fait le plus frappant. Et c'est même l'une des clés du scrutin. Alors qu'une certaine unité règne à droite.

 La droite quasiment unie partout

En effet, l'alliance du parti « Les Républicains » (LR) et des centristes, notamment UDI, est présente dans toutes les régions métropolitaines. Elle est soit limitée à des listes LR-UDI, soit, parfois, complétée par des candidats du MoDem ou encore de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), comme en Normandie ou en Pays de la Loire.

Une exception: en Bourgogne-Franche-Comté, le MoDem part séparément contre la liste LR-UDI. A noter que l'UDI de Jean-Christophe Lagarde a obtenu la tête de liste en Bourgogne-Franche-Conté, Centre-Val-de-Loire et Normandie.

En revanche, il n'y a pas eu d'alliance entre les listes eurosceptiques de droite, «Debout la France » de Nicolas Dupont-Aignan et l'Union populaire républicaine (UPR), dirigée par François Asselineau. Or, cela pourrait poser un sérieux problème localement au moment du deuxième tour. C'est notamment le cas en Ile-de-France où, selon les sondages, la liste emmenée par Nicolas Dupont-Aignan est créditée de 6 à 8% au premier tour. Valérie Pécresse, tête de liste LR dans la région, devra éventuellement se montrer très conciliante avec lui au soir du premier tour...

A gauche, des alliances à géométrie variable

Mais la division règne surtout à gauche. C'est même un quasi éclatement général. Seul point stable, le PS est parvenu partout à faire liste commune avec les radicaux du PRG. Parfois, le PS a aussi réussi à rallier les écologistes dissidents d'EE-LV, proches de Jean-Vincent Placé et François de Rugy. Mais, c'est tout. Pour le reste, on assiste à des alliances locales à géométrie variable où il n'est pas toujours facile de s'y retrouver.

De fait, les autres formations de gauche, le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon, le PCF - les deux parfois réunis sous l'appellation « Front de Gauche » -, LO ou les écologistes d'EE-LV,partent donc séparément ou regroupées en fonction d'accords locaux. EE-LV, PCF et PG font ainsi liste commune par exemple en Provence-Alpes Côte d'Azur.

En revanche, en Ile-de-France, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF est parti seul, les écologistes d'EE-LV emmenés par Emmanuelle Cosse ayant leur propre liste. En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, c'est encore un autre cas de figure, la liste emmenée par Carole Delga (PS) arrive à rassembler des candidats PS-PRG- chevènementistes du MRC- ainsi que des « écolos » de la formation Génération Ecologie (GE).

A l'inverse, les mêmes chevènementistes du MRC font liste commune avec le PCF ou le Front de gauche en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Auvergne-Rhône-Alpes et Pays de Loire... A s'arracher les cheveux ! D'autant plus que, potentiellement, le « bloc de gauche », toutes composantes réunies, représente, selon les sondages, un total de voix supérieur à celui de la droite et du centre.

Le FN en progression partout

Quant au Front national, il est cette année présent partout sous ses couleurs. Il n'est concurrencé sur sa droite que par deux listes conduites par d'anciens frontistes : la Ligue du Sud en Provence-Alpes-Côte d'Azur emmenée par Jacques Bompard et Force France Sud en Languedoc-Roussillon -Midi-Pyrénées avec Jean-Claude Martinez.
La montée en puissance régulière du Front National partout sur le territoire risque d'entraîner un nombre important de triangulaires. Reste à savoir quelle sera l'attitude du PS au soir du premier tour dans les régions où le FN a une forte chance - notamment en Nord-Pas-de-Calais-Picardie - de l'emporter. Maintien ou désistement ? Cette dernière option signifiant que les socialistes n'auraient alors aucun élu dans telle ou telle assemblée régionale.