Electricité : le bouclier tarifaire maintenu jusque début 2025 pour les particuliers

Par latribune.fr  |   |  960  mots
Bruno Le Maire a annoncé la prolongation du bouclier tarifaire jusqu'en début 2025. (Crédits : KEN CEDENO)
Au micro de LCI, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a affirmé que le bouclier tarifaire sera maintenu durant les deux prochaines années pour ne pas faire exploser la facture d’électricité des Français. En cause, une production d’électricité d’EDF encore moins importante en 2023 qu’en 2022. Le bouclier tarifaire sur le gaz prendra en revanche fin en 2023 étant donné que les prix de cette énergie sont redescendus à leur niveau d’avant la guerre en Ukraine, selon le ministre.

L'Etat va continuer de soutenir le pouvoir d'achat des ménages, mis à mal par la flambée des prix de l'énergie. Le bouclier tarifaire sur l'électricité, qui limite la hausse des prix à 15% en 2023, sera maintenu encore deux ans, a annoncé ce vendredi le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur LCI.

« Je nous donne deux ans, d'ici début 2025, pour sortir du bouclier sur l'électricité », en raison des tarifs qui restent « très élevés » par rapport à la situation d'avant crise, a-t-il expliqué.

« C'est en soi une bonne chose pour les consommateurs, c'est une mesure positive, puisqu'elle va éviter une explosion des tarifs de l'électricité », a réagi auprès de l'AFP François Carlier, de l'association de consommateurs CLCV.

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Le bouclier sur le gaz, lui, va disparaître

Pour rappel, le bouclier tarifaire, annoncé à l'automne 2021 par le Premier ministre d'alors Jean Castex au moment où les prix de l'énergie commençaient à augmenter fortement, devrait coûter 45 milliards d'euros cette année aux finances publiques. Auxquels s'ajoutent d'autres aides énergétiques pour les ménages (carburants, fioul, bois...) et pour les petites et moyennes entreprises.

En revanche, le ministre estime que la prolongation du bouclier tarifaire sur le gaz n'est plus justifiée, car les cours du gaz naturel ont beaucoup baissé depuis les pics inédits de 2022, causés par la guerre en Ukraine et la fin des exportations de gaz russe vers l'Europe de l'Ouest.

Pour le gaz, « il n'y a pas de raison de maintenir le bouclier », a dit Bruno Le Maire, en raison des prix qui « sont revenus à la situation d'avant crise, à 50 euros le mégawattheure ». Le bouclier s'arrêtera « dès cette année », a annoncé Bruno Le Maire. Ce vendredi, le cours de référence du gaz naturel en Europe était de l'ordre de 40 euros le MWh, soit le niveau de l'été 2021, qui était certes déjà environ le double des prix moyens des années précédentes.

La production d'électricité de la France plus faible qu'espérée

Si le ministre prolonge le bouclier sur l'électricité, c'est d'après lui « pour ne pas inquiéter » les Français, admettant que la production d'électricité d'EDF reste « un peu en dessous de ce à quoi nous pouvions nous attendre, donc ça fait des tarifs qui sont encore plus élevés ».

EDF fait, en effet, pire au premier trimestre 2023 qu'au premier trimestre 2022. Au cours des trois premiers mois de l'année, l'entreprise publique n'a produit que 84,9 térawattheures (TWh) d'électricité nucléaire, contre 91,7 TWh à la même période l'année précédente, soit un recul de 7,4%. En janvier 2023, la production était inférieure de 4,4 TWh par rapport à 2022, en février de 5,2 TWh et en mars de 6,8 TWh. « Or, l'année 2022 était jugée comme une année catastrophique pour la production nucléaire », souligne Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting.

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Comment expliquer qu'EDF connaisse une telle baisse de production en 2023 alors, qu'en janvier, le parc était de nouveau disponible aux trois-quarts ? « Cela s'explique avant tout par les grèves », affirme Nicolas Goldberg, corroborant les commentaires de l'électricien, qui évoque sur son site « des prolongations d'arrêt essentiellement dues à l'examen et aux réparations des circuits concernés par la corrosion sous contrainte » et les « effets induits par les mouvements sociaux »

Un nouveau report

Alors que ce dispositif, mis en place en octobre 2021 pour limiter de la hausse des prix à 4% devait initialement prendre fin début 2023, en septembre 2022, Elisabeth Borne, avait déjà annoncé la prolongation le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité à toute l'année 2023 pour « limiter à 15% la hausse du prix du gaz en janvier 2023 et 15% celle du prix de l'électricité en février»,& lors d'une conférence de presse en ajoutant qu'il s'agissait d'une hausse de « 15% au lieu de 120% » sans l'application du bouclier.

François Carlier indique que, si le bouclier avait été levé comme prévu fin 2023, le tarif réglementé de vente (qui concerne une majorité de clients) aurait explosé, quelle que soit l'évolution des marchés, en raison de la façon dont il est calculé par la Commission de régulation de l'énergie.

Concrètement, le gouvernement avait expliqué que le prolongement du bouclier tarifaire constituerait une hausse de 25 euros par mois - au lieu de 200 euros sans ce mécanisme - pour les ménages qui se chauffent au gaz et 20 euros pour les ménages qui se chauffent à l'électricité au lieu de 180 euros par mois. En résumé, « le bouclier tarifaire permet d'économiser environ 160 euros pour les Français qui se chauffent à l'électricité et 175 euros pour ceux se chauffant au gaz », avait précisé la cheffe du gouvernement en septembre.

La précédente prolongation du bouclier tarifaire avait été budgétisée à 16 milliards d'euros par Bercy. Le ministère n'a pas encore donné d'estimation sur le coût de ce nouveau report. Mais au total, le bouclier tarifaire, annoncé à l'automne 2021 par le Premier ministre d'alors Jean Castex au moment où les prix de l'énergie commençaient à augmenter fortement, devrait coûter 45 milliards d'euros cette année aux finances publiques. Auxquels s'ajoutent d'autres aides énergétiques pour les ménages (carburants, fioul, bois...) et pour les petites et moyennes entreprises. Malgré ces dépenses, le gouvernement ne cesse de proclamer la fin du « quoi qu'il en coûte », préférant parler d'aides ciblées n'ayant pas vocation à être pérennisées.

(Avec AFP)