Érosion du littoral : 500 communes françaises menacées par la montée de la mer

Par latribune.fr  |   |  788  mots
500 communes seraient menacées par l'érosion du littoral. (Crédits : Reuters)
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a affirmé, jeudi soir, que le gouvernement a identifié 500 communes menacées par la montée du niveau de la mer et l'érosion des côtes. Il a indiqué réfléchir à reloger les habitants de maisons menacées.

Le ministre a tiré la sonnette d'alarme sur l'érosion des côtes françaises. Avec 20.000 kilomètres de côtes, la France possède le deuxième espace maritime mondial derrière les Etats-Unis, selon les données du réseau national des observatoires du trait de côte. Les 975 communes littorales devraient même accueillir 4,5 millions d'habitants supplémentaires d'ici à 2040. Sauf que plus de 80% des villes concernées sont sujettes à des risques naturels majeurs, estime cette même source. « L'équivalent d'un terrain de football disparaît chaque semaine dans notre pays sous l'effet de la progression des océans, un phénomène qui s'accélère », a d'ailleurs déclaré le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, jeudi soir sur TF1, ajoutant que son ministère publiera vendredi les cartes des zones concernées.

« Il y aura des zones qui seront inhabitables » sur le littoral, dont 20% est grignoté par l'érosion côtière, a-t-il dit. « On a identifié 500 communes et on a commencé à travailler avec les maires » pour mettre en place « des plans sur mesure » a-t-il ajouté en soulignant que « les documents d'urbanisme » allaient être « révisés » sur la base de nouvelles cartes des territoires menacés qui seront publiées ce vendredi.

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Un millier de bâtiments menacés d'ici à 2028

La France est particulièrement vulnérable au recul du trait de côte, limite entre la terre et la mer, qui se déplace sous l'effet de phénomènes naturels (houle, vent), de la hausse du niveau de la mer, et des interventions humaines. L'érosion grignote environ 900 km de littoral.

Entre un millier de bâtiments en 2028 et plusieurs centaines de milliers d'ici à 2100 seront potentiellement touchés par l'érosion côtière en France, révèle un rapport du Centre d'études et d'expertises sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema). Pour anticiper ses conséquences, le Cerema a dressé trois projections à horizon 2028, 2050 et 2100 en s'appuyant notamment sur des photos aériennes et des données satellite.

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En 2028, 1.046 bâtiments à risque, dont plus de la moitié à usage résidentiel, pourraient être grignotés par la mer, soit une valeur vénale « d'environ 240 millions d'euros ». « A 2028, la position du trait de côte dépendra souvent plus de l'effet de tempêtes (...) que de la tendance du recul chronique », précisent les auteurs. A l'échéance 2050, selon un second scénario considéré comme « réaliste » qui prévoit le maintien en l'état des ouvrages de protection (digues, etc), 5.208 logements sont concernés, dont près de 2.000 résidences secondaires, pour environ 1,1 milliard d'euros. A l'horizon 2100, scénario qui part d'hypothèses « défavorables » avec une « disparition complète des ouvrages de protection (et une) inondation progressive de toutes les zones topographiquement basses du littoral », 450.000 logements sont en revanche potentiellement concernés, représentant environ 86 milliards d'euros.

L'étude identifie également 1.437 locaux d'activité potentiellement touchés en 2050 et 53.158 en 2100, ainsi que 15,5 km de routes structurantes en 2050 et 1.765 km de routes et 243 km de voies ferrées dans le scénario 2100.

Vers un déplacement des habitants en zone inondable

« Cette étude montre qu'il ne faut pas attendre pour s'adapter et que le scénario de l'inaction a un impact extrêmement fort tant du point de vue économique que de notre capacité à vivre sur les territoires littoraux », a commenté pour l'AFP Sébastien Dupray, directeur « Risques, eaux, mer » du Cerema, rappelant qu'en 50 ans « on a perdu environ 30 km2, soit 4.200 terrains de foot ». « Il n'y a pas de solution nationale qu'on pourra plaquer partout sur le territoire parce que les côtes de Camargue sont basses et sableuses, tandis que les côtes normandes sont hautes avec des falaises en craie », a-t-il spécifié, soulignant aussi que « le tout digue n'est pas la réponse ».

En réponse, le gouvernement affirme déjà réfléchir à des solutions pour les habitants menacés. Indemnisation, relogement à l'arrière de la commune sur d'autres terrains: « ce sont des solutions qui sont aujourd'hui sur la table », a souligné Christophe Béchu, jeudi soir, en conseillant aux habitants concernés d'aller voir leur maire.

Mais toutes ces mesures pourraient coûter cher. Le Cerema a publié une étude en 2019 expliquant que 5.000 à 50.000 logements d'une valeur comprise entre 0,8 et 8 milliards d'euros seraient concernés d'ici à 2100. Dans cette étude, elle a aussi mentionné une mission d'impact qui évoque une facture de 140 à 800 millions d'euros à horizon 2040 pour racheter les biens menacés.

(Avec AFP)