Face à la grogne des boulangers, le gouvernement leur accorde des reports d'impôts et de cotisations

Par latribune.fr  |   |  853  mots
Elisabeth Borne appelle les préfectures à étudier au cas par cas les boulangeries en difficulté. (Crédits : Reuters)
Les boulangers, fragilisés par la hausse des prix de l'énergie, se disent menacés de fermeture et multiplient les appels à la mobilisation contre un bouclier tarifaire qu'ils jugent insuffisant. Ce matin sur Franceinfo, Elisabeth Borne leur propose de reporter leurs impôts et les factures énergétiques.

Les boulangers ont été entendus. Elisabeth Borne a annoncé ce mardi sur Franceinfo que les boulangers, mis en difficulté par la flambée des prix de l'énergie, pourront « demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales » pour soutenir leur trésorerie.

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Les professionnels de la boulangerie ont ensuite été reçus à Bercy dans la matinée par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, et la ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises, Olivia Grégoire, afin d'« échanger sur les conséquences de la crise énergétique ». Puis, les artisans boulangers iront jeudi à l'Elysée à l'invitation d'Emmanuel Macron pour la traditionnelle cérémonie de la galette des rois.

Les fournisseurs d'énergie sommés « de faire plus, mieux et tout de suite »

La cheffe du gouvernement souhaite aussi que les petits commerçants, confrontés pour certains à une explosion de leur facture d'énergie depuis le déclenchement de l'offensive militaire russe en Ukraine en février, puissent étaler son paiement sur plusieurs mois. Ce qui nécessite un geste de la part des fournisseurs d'énergie. Ces derniers, qui sont convoqués, ce mardi à 14h30 au ministère de l'Economie, ont d'ailleurs été pointés du doigt par Elisabeth Borne. « Aujourd'hui, les fournisseurs n'aident pas suffisamment les boulangers et les PME. Je leur demande de faire plus, mieux, et tout de suite », a également insisté le ministre de l'Economie Bruno Le Maire à l'issue d'une réunion à Bercy avec les représentants du secteur de la boulangerie. « Je suis navré de constater que les engagements qui ont été pris » dans une charte signée en octobre par les énergéticiens « ne sont pas respectés, » a déploré le numéro 2 du gouvernement, menaçant de nommer les entreprises fautives si elles ne s'engageaient pas à corriger leur comportement dès la réunion prévue dans l'après-midi.

Si les énergéticiens ne rentrent pas dans le rang, « on peut toujours prélever davantage sur les fournisseurs d'énergie que ce que nous faisons aujourd'hui », a menacé Bruno Le Maire après des mois de débats enflammés autour de sup. Dans le budget pour 2023, le gouvernement a, en effet, mis en place un mécanisme qui doit lui permettre de collecter une partie de la « rente » des énergéticiens et lui rapporter, selon ses estimations, 11 milliards d'euros.

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Les préfectures mobilisées pour aider les boulangeries en difficultés

Le gouvernement a également appelé les préfectures à étudier les dossiers de boulangeries fragilisées par la crise de l'énergie « au cas par cas ». « Au global, on prend en charge avec ces différentes aides de l'ordre de 40% de la facture d'électricité », a rappelé Elisabeth Borne en admettant que les aides disponibles ne sont « pas suffisamment connues » des entreprises. Ils ont d'ailleurs été simplifiés à plusieurs reprises, notamment le « guichet électricité » jugé initialement trop compliqué par ceux à qui il s'adressait. Il avait été qualifié « d'usine à gaz » par le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux et Olivia Grégoire avait reconnu, en septembre, qu'à l'époque seuls « à peine 50 millions d'euros d'aides sur 3 milliards » avaient été décaissées. « Si les aides ne sont pas décaissées, ce n'est pas de la faute des entrepreneurs, c'est qu'on doit encore simplifier les choses », avait-elle admis.

En outre, début décembre, Bruno Le Maire a déjà annoncé le prolongement à 2023 des mesures de soutien aux entreprises pour le paiement de leurs factures d'énergie. Il avait ainsi indiqué que le « guichet électricité » prévu par le gouvernement pour aider les petites entreprises serait maintenu alors qu'il devait initialement s'arrêter fin 2022. Il est complété par l'entrée en vigueur en 2023 de l'« amortisseur électricité », un énième dispositif de soutien prenant en charge une partie des dépenses énergétiques des entreprises.

Plusieurs appels lancés par les boulangers

En pleine rentrée sociale et à la veille d'une explosive réforme des retraites, l'exécutif surveille tous les foyers de contestation pour mieux les éteindre avant qu'ils ne s'embrasent. Frappés comme de nombreux secteurs par la hausse des prix de l'énergie, les boulangers font part de leur mécontentement depuis la fin de l'année 2022.

La confédération des boulangers de l'Oise avertit qu'un artisan sur deux pourrait fermer à cause de cette hausse dans ce département où les boulangers ont lancé des appels à la mobilisation et organisé une manifestation lundi dans la commune de Rieux.

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D'autres appels à la mobilisation se sont font entendre ailleurs en France. La Collectif pour la Survie des Boulangers et de L'Artisanat, crée par un boulanger niçois, appelle lui ses artisans à manifester le 23 janvier à Paris dans le quartier de Bercy pour dénoncer le bouclier tarifaire « insuffisant » selon lui.

(Avec AFP)