Bruno Le Maire au MEDEF : « Je ne sais pas ce que c'est qu'un super profit »

Par Paul Marion  |   |  678  mots
Bruno Le Maire à la REF 2022. (Crédits : Reuters)
A la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF), l'université d'été du MEDEF à Paris, Bruno Le Maire a insisté sur la nécessité que citoyens, entreprises et administrations fassent des efforts d'économies d'énergie. Sur le fond, le ministre de l'Economie et des Finances a répété ses objectifs des prochains mois : poursuivre les réformes du travail, relancer le nucléaire, protéger les Français contre l'inflation… tout en restaurant les finances publiques. Sur la forme, il a adopté un ton moins alarmiste sur les difficultés à venir cet hiver qu'Elisabeth Borne hier. Une manière de prendre le contrepied de la Première ministre qu'il a évité de mentionner.

Y aura-t-il suffisamment d'électricité dans les entreprises cet hiver ? Les patrons se posent légitimement la question dans les tribunes de l'hippodrome de Longchamps où se tient la REF 2022. Hier lundi, la Première ministre Elisabeth Borne n'a pas tenu un discours particulièrement rassurant à cet égard, exigeant que chaque entreprise établisse rapidement un plan de sobriété énergétique. « Si cela ne se fait pas, nous devrons mettre en place des mesures de rationnement », avait menacé Elisabeth Borne.

Lire aussiÉnergie : Elisabeth Borne menace de rationner dans les entreprises

Le ministre de l'Economie s'est montré moins alarmiste ce mardi devant un patronat français qui semble apprécier celui qui dirige Bercy depuis 2017.

La crise énergétique, « menace la plus importante »

Solidaire de son gouvernement, Bruno Le Maire a admis que la crise énergétique représentait « la menace la plus importante » pour la France, ce qui nécessite « un engagement collectif » des citoyens, des administrations aux côtés des entreprises qui ne devraient subir des rationnements « qu'en dernier ressort, en toute dernière option ». A ce titre, Bruno Le Maire a promis de protéger tout particulièrement « les entreprises stratégiques, les entreprises industrielles qui ne peuvent pas se passer d'énergie ».

Régulièrement applaudi, le ministre s'est engagé à ce que l'Etat continue « d'amortir le choc inflationniste » pour les ménages et « les entreprises qui peinent à régler leur facture énergétique ». L'hôte de Bercy vantant le guichet unique de l'Etat qui aide les groupes en difficulté à s'acquitter de leur ardoise d'électricité, d'essence ou de gaz dont les critères d'accès seront élargis et « simplifiés ». Quant à celles qui dégagent de spectaculaires profits notamment dans les hydrocarbures, elles ne devraient pas subir de taxation exceptionnelle.

Poursuivre les réformes

Malgré les nuages qui planent à l'horizon, l'ancien ministre de l'Agriculture veut faire preuve de volontarisme. « L'année 2023 s'annonce difficile, on peut légitimement être inquiet, en particulier de la récession chez nos amis allemands. Il faut anticiper nos difficultés mais ne pas les surestimer », a-t-il tempéré. Parmi ses priorités, s'attaquer aux racines de l'inflation énergétique en renforçant la souveraineté énergétique française.

« Notre responsabilité, c'est de produire plus d'électricité, notamment décarbonée le plus vite possible. Notre feuille de route, c'est un développement accéléré des énergies renouvelables, plus de nucléaire et d'économie d'énergie », a affirmé Bruno Le Maire en précisant qu'il soumettra dans les prochains des noms de candidats au poste de PDG d'EDF à Emmanuel Macron dans les prochains jours.

Autre objectif de Bruno Le Maire et des collègues du gouvernement, la poursuite des réformes en dépit de l'absence de majorité à l'Assemblée. « Il faut poursuivre la réforme de l'assurance-chômage », a-t-il clamé en rappelant que « la réforme des retraites reste aussi déterminante ». Sur ce dossier, le gouvernement compte aller vite. Bruno Le Maire s'est dit aligné sur le calendrier d'Emmanuel Macron qui veut une entrée en vigueur de cette réforme en « juillet 2023 ».

---

Les superprofits : "Je ne sais pas ce que c'est"

"Je ne sais pas ce que c'est qu'un super profit. Je sais que les entreprises doivent être profitables, c'est tout ce que je sais", s'est défendu mardi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire devant le patronat. Il demeure hostile à toute taxation exceptionnelle de ces profits propulsés par l'inflation, alors que la Première ministre Élisabeth Borne n'avait pas fermé la porte à un tel impôt samedi dans Le Parisien. Bruno Le Maire s'est plutôt dit favorable à ce que les entreprises concernées fassent profitent leurs salariés de leurs bénéfices exceptionnels afin "d'alléger la facture de nos compatriotes. Je sais que Total, CMA-CGM, les distributeurs, un certain nombre d'autres entreprises ont déjà fait des efforts pour redistribuer ce qu'elles avaient gagné directement dans la poche du consommateur", a salué le ministre qui explique que "taxer plus en France, c'est produire moins en France".