France : atteindre 2,7% de déficit public en 2027 sera « difficile », prévient le chef économiste du FMI

Par latribune.fr  |   |  659  mots
(Crédits : IMF Photo/Cory Hancock)
Le chef économiste du Fonds monétaire international, Pierre-Olivier Gourinchas, a jugé samedi « difficile à atteindre » la prévision du gouvernement français d'un déficit budgétaire de 2,7% en 2027. Affirmant qu' un « effort supplémentaire serait nécessaire », celui-ci a toutefois mis en garde contre trop d'austérité, invitant à « se poser la question » des dépenses et de réformes supplémentaires.

Le déficit public de la France sera-t-il ramené à 2,7 points de PIB en 2027, qui est l'objectif inscrit dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP) adoptée le 29 septembre ? Si l'on en croit le chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), Pierre-Olivier Gourinchas, cette cible sera « difficile à atteindre », a-t-il jugé ce samedi, alors qu'un chiffre de 4,9% est encore attendu en 2023 (soit bien au-delà du seuil de 3%). Interrogé sur France Inter, l'économiste a toutefois mis en garde le gouvernement contre une austérité trop prononcée.

« Le sentier budgétaire que le gouvernement a prévu va dans la bonne direction », a-t-il expliqué, mais « il nous semble y aller un peu trop lentement » et « on pourrait faire un peu plus ».

Lire aussi« Il ne faut pas mettre en place des programmes d'austérité » (Pierre-Olivier Gourinchas, FMI)

Le budget 2024, dont le premier volet a été adopté à l'Assemblée nationale sans vote grâce à l'article 49.3 de la Constitution, doit donner des gages de sérieux budgétaire. Le texte prévoit un total de dépenses de l'Etat de 491 milliards d'euros, hors charge de la dette, et un déficit public à 4,9% du PIB cette année, puis 4,4% en 2024, largement hors des clous européens.

« Un effort supplémentaire sera nécessaire »

Le ministère de l'Economie mise sur une croissance économique de 1% cette année, puis de 1,4% en 2024. Il prévoit de ramener le déficit public à 2,7% en 2027, promettant de mettre fin au « quoi qu'il en coûte » des années Covid. En serrant la vis des dépenses, l'endettement resterait stable à 109,7% du PIB en 2024, pour atteindre 108,1% en fin de quinquennat. Afin de respecter cette trajectoire, les ministres de Bercy ont promis 12 milliards d'euros d'économies en 2024.

« Sous les politiques actuelles », la prévision d'un déficit budgétaire de 2,7% à horizon 2027 « sera peut-être un petit peu difficile à atteindre » et « donc un effort supplémentaire serait nécessaire », a quant à lui estimé Pierre-Olivier Gourinchas.

La prévision d'une croissance de 1,4% a également été jugée « élevée » par le Haut conseil des finances publiques, comme nous l'écrivions le 25 septembre dernier. Le président de l'institution, Pierre Moscovici, avait en effet taclé le manque de crédibilité de la trajectoire de redressement des comptes publics pour les prochaines années, pointant le manque d'économies « documentées » dans les documents budgétaires envoyés par l'exécutif.

Lire aussiCroissance, dette, déficit : le Haut conseil des finances publiques étrille les prévisions du gouvernement

Pas de « grandes coupes » dans les dépenses

Toutefois, « il ne s'agit pas vraiment de faire des grandes coupes » dans les dépenses, a expliqué samedi l'économiste du FMI, invitant à « se poser la question » des dépenses et de réformes supplémentaires.

Les réformes engagées par le gouvernement « vont porter leurs fruits », notamment en soutenant l'emploi et l'activité, mais « il faudra en faire un peu plus malheureusement », a jugé Pierre-Olivier Gourinchas.

La dette a dépassé les 3.000 milliards d'euros au premier trimestre 2023 et la France prévoit d'emprunter un montant record de 285 milliards d'euros sur les marchés en 2024. Fin août, Pierre Moscovici avait quant à lui appelé à un objectif français en matière de désendettement « plus ambitieux », se disant « préoccupé » par son rythme actuel.

« Par rapport aux autres pays européens, nous avons augmenté davantage notre dette et nous la réduisons beaucoup plus lentement » soulignant qu'il n'y avait « pas actuellement de problème de soutenabilité de la dette », mais que « ce qui est préoccupant, c'est la pente ».

Dans la soirée vendredi, l'agence de notation Moody's a indiqué ne pas avoir mis à jour la note de la France, qui reste de ce fait à « Aa2 », l'une des meilleures possibles, une décision qui « témoigne de la crédibilité » du pays, selon le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

Lire aussiBudget 2024 : le gouvernement dévoile sa copie pour maintenir la croissance de l'économie

(Avec AFP)