Croissance, dette, déficit : le Haut conseil des finances publiques étrille les prévisions du gouvernement

Le président de l'institution Pierre Moscovici a taclé le manque de crédibilité de la trajectoire de redressement des comptes publics pour les prochaines années. À la veille du budget 2024, le gouvernement a fait le pari de la croissance et l'extinction des aides pour réduire le déficit. Mais le ralentissement économique et les dernières mesures en faveur des automobilistes (aides de 100 euros) montrent toutes les difficultés de l'exécutif à tenir ses promesses.
Grégoire Normand
La trajectoire de finances publiques prévue manque encore à ce jour, à notre sens, de crédibilité, a taclé le président du HCFP Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse.
"La trajectoire de finances publiques prévue manque encore à ce jour, à notre sens, de crédibilité", a taclé le président du HCFP Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse. (Crédits : Reuters)

Le Haut conseil des finances publiques a distribué les mauvais points au gouvernement. À la veille de la présentation du budget 2024 et de la loi de programmation des finances publiques (LPFP), l'institution a étrillé les prévisions macroéconomiques de l'exécutif. Lors d'un avis rendu public ce lundi 25 septembre, Pierre Moscovici a jugé lors d'un point presse que « les prévisions de l'exécutif sont optimistes et reposent sur des hypothèses favorables ».

Pour rappel, l'adoption de la loi de programmation des finances publiques permet à la France de toucher les subsides du plan de relance européen lancé juste après le pic de la pandémie à l'été 2020.  Avant le marathon budgétaire de l'automne, l'exécutif a promis de fermer le robinet des aides. Mais la récente flambée des prix des carburants et l' annonce d'Emmanuel Macron de mettre en place une aide de 100 euros pour les automobilistes compliquent sérieusement l'équation budgétaire de l'exécutif.

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Une croissance jugée « élevée »pour 2024

S'agissant de 2024, l'exécutif a révisé à la baisse ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 1,4% contre 1,6% auparavant. « Le HCFP estime que cette prévision est élevée, alors que le consensus des économistes l'estime à 0,8 % et la Banque de France à 0,9 % », a déclaré le président de la Cour des comptes.

Pour les années 2025 (1,7%), 2026 et 2027 (1,8%), les magistrats financiers considèrent également que les projections de Bercy sont encore « optimistes ». Du côté de l'inflation, l'institution de la rue Cambon estime que la prévision de Bercy est « plausible » pour 2023 et 2024. « Le repli ultérieur de l'inflation attendu par le gouvernement peut néanmoins paraître un peu rapide ».

Dans le viseur du HCFP, figurent des hypothèses favorables sur le recul du taux d'épargne des Français. Alors que les prix dans l'alimentaire et le pétrole continuent de flamber, beaucoup de Français sont obligés de se serrer la ceinture ou de faire des sacrifices. Face aux craintes d'une inflation durable, les Français pourraient continuer une grande partie de leurs revenus.  Du côté des entreprises, l'exécutif table sur « un niveau élevé d'investissements ». Mais là encore, les spécialistes des comptes publics ont rappelé que la hausse des taux allaient contraindre les entreprises à revoir à la baisse leurs projets d'investissement.

Enfin, Pierre Moscovici a rappelé que parier sur une contribution positive du commerce extérieur à la croissance « au vu des tendances passées, apparaît comme une hypothèse favorable ». En effet, le déficit commercial de l'Hexagone se dégrade d'année en année. Et si le déséquilibre en 2023 devrait être moins important qu'en 2022 à la faveur d'un coup de frein des prix d'importation, la plupart des économistes redoutent encore une balance commerciale dans le rouge.

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Des économies « peu documentées  »

Pour boucler son budget, le gouvernement veut serrer la vis des dépenses. Promettant de mettre fin au « quoi qu'il en coûte » des années Covid, il annoncé une baisse du déficit public en deçà de 3% d'ici 2027 et une diminution de la dette rapportée au PIB passant de 111,8% en 2022 à 108,1% en 2027. Afin de respecter cette trajectoire, les ministres de Bercy ont promis 12 milliards d'euros d'économies en 2024.

De son côté, Pierre Moscovici a pointé le manque d'économies « documentées » dans les documents budgetaires envoyés par l'exécutif. Résultat, « le HCFP a estimé qu'en l'absence de précision sur la nature de ces économies, il ne pouvait juger le réalisme de la trajectoire de dépenses ni en apprécier les conséquences sur le scénario macroéconomique ».

Hausse « spectaculaire » de la charge de la dette

L'autre sujet sur lequel a insisté l'ancien ministre du Budget sous François Hollande est la hausse spectaculaire de la charge de la dette. « L'État principalement, et les administrations publiques en général, s'apprêtent à verser 57 milliards d'intérêts en 2024 et ce montant atteindrait 84 milliards en 2027  », a-t-il déclaré lors d'une réunion avec les journalistes. « Je ne suis pas là aujourd'hui vanter une potion amère ou préconiser l'austérité », a-t-il ajouté. Le durcissement de la politique monétaire et le ralentissement de la croissance vont donner du fil à retordre aux comptables de Bercy.

Grégoire Normand
Commentaires 10
à écrit le 26/09/2023 à 20:40
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Se faire étrillé par Moscovici, c'est savoureux. Il fut minable à l’époque. L’Union et le marchés financiers s’occuperont de notre cas. Quand, là est la question. Il faudra attaché nos ceintures. Les coupes seront violentes.

à écrit le 26/09/2023 à 10:37
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Pendant ce temps : C’est une mesure qui pourrait permettre à l’État de récupérer entre 500 et 600 millions d’euros. La franchise médicale - le reste à charge pour un patient lorsqu’il achète une boîte de médicaments remboursés - pourrait passer de...

à écrit le 26/09/2023 à 10:19
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Il devient urgent de mettre un pilote dans l'avion..

à écrit le 26/09/2023 à 10:18
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la france de gauche donc juste et bienveillante, qui va a la faillite reenchantee, est elevee aux cheques pour tous dans la bienveillance, finances quoi qu'il en coute aux allemands par de la bonne dette ' injuste', donc non remboursable, ou alors pa...

à écrit le 26/09/2023 à 9:46
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Dans l'article on cite que "les prévisions de l'exécutif sont optimistes", "les économies « peu documentées »", mais on oublie de rappeler que selon le Haut conseil des finances publiques "la trajectoire budgétaire du gouvernement d'ici 2027 manque ...

à écrit le 26/09/2023 à 9:04
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annalise son bilan aux ministeres des finances et a sa seule lecture vous comprendrez la raison du declin de la france agrave par sa fonction a bruxelles ou sa fonction a detruit ce qu'il n'avait reussi a concretise avant

le 26/09/2023 à 9:20
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alalyse, au ministère, la France, aggravé, à Bruxelles, où, détruit, n'avait pas, réussi, à concrétiser.

à écrit le 26/09/2023 à 8:52
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mosco qui parle d'integrite. L'hopital qui se moque de la charite. Pensez, qu'il est planque a procrastiner depuis plus de 40 ans aux frais de la republique. On comprend les deficits.

à écrit le 26/09/2023 à 8:20
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Comment faire tourner une économie pillée par ceux qui possèdent et détruisent le monde en ronflant ? L'impasse oligarchique est totale.

à écrit le 25/09/2023 à 17:20
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Ca n'engendrerait pas l'enthousiasme, mais ne serait-il pas plus logique, à l'aube d'une récession, de partir d'une croissance nulle pour établir le budget 2024? Ce serait l'occasion de réduire ce ministère pléthorique; si on réduisait en même temps ...

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