François Hollande ne sera pas candidat à la présidentielle de 2017

Par Sasha Mitchell  |   |  754  mots
François Hollande lors de son allocution, jeudi 1er décembre.
Depuis le palais de l'Elysée, le président de la République a dressé un bilan de son mandat avant d'annoncer qu'il ne serait pas candidat à sa réélection. Une première sous la Ve République

Article publié jeudi 1er décembre à 20h20, mis à jour vendredi 2 décembre à 11h45

Coup de tonnerre dans le ciel de la Ve République. S'exprimant depuis le palais de l'Elysée, le président de la République a annoncé jeudi soir renoncer à briguer un second mandat présidentiel. Une première. "Aujourd'hui, je suis conscient des risques que feraient courir une démarche qui ne rassemblerait pas autour de moi, a déclaré François Hollande, visiblement ému, à la fin de son élocution. Je dois assurer le bon fonctionnement des institutions. Je ne peux me résoudre à la dispersion, à l'éclatement de la gauche. Je ne suis animé que par l'intérêt supérieur du pays. Aussi, j'ai décidé de ne pas être candidat au renouvellement de mon mandat."

Dans le sillage de la victoire de François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre et de l'annonce de la candidature d'Emmanuel Macron, crédité d'au moins 15% des intentions de vote, François Hollande s'est retrouvé dans l'obligation de se positionner au plus vite. Attendue "en décembre", son annonce est donc intervenue le premier du mois, jour de l'ouverture... des candidatures pour la primaire de la gauche.

Pendant une dizaine de minutes, François Hollande a dressé le bilan de son quinquennat.

"Depuis mai 2012, j'ai agi avec les gouvernement de Jean-Marc Ayrault et de Manuel Valls pour redresser la France. Aujourd'hui, les comptes publics sont assainis, la sécurité sociale est à l'équilibre. Dans ce contexte, j'ai aussi voulu placer la France au premier rang de la lutte contre le réchauffement climatique, avec l'organisation de la COP 21 à Paris. J'ai voulu aussi que l'école dispose de moyens indispensables, parce que l'école c'est le pilier de la République. J'ai aussi fait avancer les libertés, avec le mariage pour tous et la lutte contre les discriminations."

Le président de la République, visage grave, a également mis en avant la fin du cumul des mandats et les mesures pour la transparence de la vie politique. "Les résultats arrivent, plus tard que ce que j'avais annoncé, mais ils sont là", a-t-il concédé. "Depuis le début de l'année, le chômage baisse, même s'il reste insupportable pour les personnes touchées." Son seul regret : la déchéance de nationalité. "Je pensais qu'elle pouvait nous unir, elle nous a divisé", a-t-il dit.

"Un aveu d'échec"

Dans la foulée, les réactions politiques se sont enchaînées. Sur RTL, son ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron a salué "une décision courageuse et digne". L'ancienne garde des Sceaux Charistiane Taubira a pour sa part évoqué "un moment de dignité comme la politique en était devenue avare". Du côté de François Bayrou, qui avait voté Hollande en 2012 et entretient toujours le mystère concernant une éventuelle candidature en 2017, on salue une décision "honorable", bien que "contrainte et forcée".

A la gauche de la gauche, le renoncement de François Hollande est en revanche accueilli avec soulagement. La conseillère régionale Front de gauche d'Île-de-France Clémentine Autain a tweeté être "ravie que François Hollande prenne dignement sa retraite".

Interrogé au journal de 20 heures de TF1, Jean-Luc Mélenchon, candidat autoproclamé de "la France insoumise" a pour sa part estimé que la déclaration du président de la République était "un énorme aveu d'échec". "Ceux qui ont élu François Hollande pour combattre la finance ont été roulés et trahis", a-t-il ajouté.

Même son de cloche, à droite. François Fillon a réagi sur Twitter, affirmant que "ce quinquennat s'achève dans la pagaille et la déliquescence du pouvoir". "Ce soir, le Président de la République admet, avec lucidité, que son échec patent lui interdit d'aller plus loin."