Gilets jaunes à l'heure de l'Acte 12 : les étapes d'une fronde inédite

Par AFP  |   |  678  mots
(Crédits : PHILIPPE WOJAZER)
Une nouvelle série de manifestations a commencé ce samedi 2 février dans plusieurs villes en France pour l'Acte 12 des Gilets jaunes. Les manifestants, mobilisés à Paris et Valence, veulent rendre hommages "aux morts et aux blessés" du mouvement et demandent au ministre de l'Intérieur de mettre fin à l'usage des lanceurs de balles de défense (LBD).

Depuis le 17 novembre, ces événements ont fait onze morts, pour la plupart lors d'accidents à des barrages. Plus de 2.000 manifestants ou membres des forces de l'ordre ont été blessés, parfois gravement côté "gilets jaunes".

. Acte 1 : le samedi 17 novembre, la première journée de blocage de routes - organisée un mois après une vidéo virale contre la "traque aux conducteurs" - rassemble 282.000 manifestants arborant un gilet jaune fluorescent et occupant des ronds-points. Au-delà des hausses de taxes sur les carburants, les manifestants cibleront rapidement d'autres pans de la politique sociale et fiscale d'Emmanuel Macron.

. Chaos à Paris : samedi 24 novembre, pour l'acte 2 de leur mobilisation, des manifestants s'opposent durement aux forces de l'ordre sur les Champs-Élysées. Quelque 166.000 manifestants en France (dont 8.000 à Paris) sont recensés par les autorités. Le 27, Emmanuel Macron dit vouloir organiser une "grande concertation" dans les territoires, qui deviendra le "grand débat". Le 1er décembre, le 3ème samedi de mobilisation rassemble 136.000 manifestants et donne lieu à des scènes de chaos à Paris, où l'Arc de Triomphe et plusieurs quartiers huppés aux alentours connaissent des scènes de guérilla urbaine.


. 100 euros pour les smicards : le 4 décembre, le Premier ministre Édouard Philippe annonce la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité sur les carburants. Le lendemain, Emmanuel Macron fait savoir que l'augmentation est purement et simplement annulée pour 2019. Le samedi 8 décembre, l'acte 4, émaillé de heurts, mobilise 136.000 manifestants. Le 10 décembre, Emmanuel Macron annonce une hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au Smic, des heures supplémentaires "sans impôts ni charges" et une nouvelle exemption de hausse de CSG pour certains retraités. Les mesures annoncées depuis le début du mouvement sont évaluées à 10 milliards d'euros.

. Mobilisation en baisse : la mobilisation baisse les samedis 15 (66.500 manifestants), 22 (38.600) et 29 décembre (32.000). Le ministère de l'Intérieur accepte le 18 décembre de revaloriser les salaires des policiers. Le 21 décembre, 11 jours après les annonces, le Parlement vote les mesures d'urgence d'Emmanuel Macron, ce qui conduit à un choc positif de pouvoir d'achat en 2019 comme l'ont reconnu l'OFCE et l'Institut des Politiques Publiques.

. Rebond de participation : la mobilisation et la tension remontent pour l'acte 8, samedi 5 janvier (50.000 personnes). Des manifestants forcent avec un engin de chantier l'entrée du ministère de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Un ex-boxeur professionnel, Christophe Dettinger, est filmé frappant deux gendarmes à Paris et se rend à la police. Il est depuis incarcéré. Le 7 janvier, Edouard Philippe annonce une nouvelle loi "anticasseurs". Le texte présenté, issu de la droite, fera craindre jusque dans la majorité une atteinte à la liberté de manifester, et sera remanié le 23 janvier en commission à l'Assemblée, puis à partir du 30 dans l'hémicycle. L'acte 9, samedi 12, réunit 84.000 manifestants.

. Début du Grand débat : Emmanuel Macron lance le grand débat national, dans une lettre aux Français puis lors d'un échange-marathon avec les maires normands le 15 dans l'Eure. L'acte 10 du samedi 19 mobilise aussi 84.000 manifestants en France, avec un record de 10.000 personnes à Toulouse. Quelques jours plus tard, le gouvernement décide d'équiper de caméras-piétons des forces de l'ordre dotées de lanceurs de balles de défense (LBD), qui font polémique en raison des blessures graves causées à des manifestants.

. Les "Gueules cassées" et l'entrée en politique : des "gilets jaunes" annoncent le 23 janvier un embryon de liste aux européennes, menée par une aide-soignante, Ingrid Levavasseur. Objet d'attaques et de menaces sur les réseaux sociaux, elle enregistrera plusieurs défections. Samedi 26 janvier, l'acte 11 (63.000 manifestants) est émaillé de heurts. Une figure des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues, proche d'un autre des porte-parole, Eric Drouet, est blessé à l'oeil et assure avoir été atteint par un tir de LBD et des éclats de grenade de désencerclement. Opposés à la violence des "gilets jaunes", quelque 10.500 "foulards rouges" défilent le lendemain à Paris. L'acte 12 du samedi 2 février est dédié aux blessés, "gueules cassées" des manifestations, avec un appel à une "marche blanche" à Paris.