"Gilets jaunes" : les mesures de Macron attendues au tournant

Par latribune.fr  |   |  699  mots
(Crédits : Yves Herman)
Après une quatrième journée de mobilisation des "Gilets jaunes", Emmanuel Macron va annoncer de nouvelles mesures en réponse à cette crise qui met son quinquennat à l'épreuve. Il pourrait revaloriser le SMIC

Quelque 136.000 manifestants samedi, un nombre record d'interpellations à Paris, des dégâts matériels dans la capitale et en régions... Même s'il y a eu moins de blessés et un peu moins de participants que la semaine dernière, la mobilisation des "Gilets jaunes" samedi 8 décembre devra pousser Emmanuel Macron à réagir. D'après son entourage, le Président de la République va annoncer de nouvelles mesures en réponse à cette crise majeure, qui met son quinquennat à l'épreuve. Des mesures sociales fortes et concrètes sont attendues.

Appels au calme et promesses de mesures fortes du côté de la majorité

De nombreux ministres étaient déjà présents sur le front médiatique dimanche matin, à l'image de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, selon lequel ces troubles  représentent "une catastophe" :

"C'est une catastrophe pour le commerce, c'est une catastrophe pour notre économie", a déclaré devant la presse le ministre, lors d'une visite aux commerçants à Paris.

"A l'évidence, nous avons sous-estimé le besoin de nos concitoyens de prendre la parole, de dire les difficultés qui sont les leurs et d'être associés à la construction des solutions", a reconnu de son côté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux.

Emmanuel Macron doit "toucher le coeur des Français" pour pouvoir "rassembler son peuple", a déclaré dimanche le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Marc Fesneau.

"Il faut que le président de la République joue le rôle de rassembleur de la Nation", a-t-il plaidé sur LCI. "Il n'est pas trop tard, la parole présidentielle est attendue", se persuade-t-il, souhaitant que le chef de l'Etat trouve les "mots pour parler au peuple français, aux gens sur les ronds-points mais aussi à l'ensemble des citoyens français".

Interrogé également sur CNEWS, Marc Fesneau a aussi évoqué des "mesures d'accompagnement" pour les commerçants qui subissent une perte de chiffre d'affaires en raison de la crise et des blocages.

Royal dénonce "l'impréparation de Macron"

De son côté, Ségolène Royal, ancienne finaliste de la présidentielle de 2007, a fustigé dimanche des "décisions mal préparées" par le gouvernement ayant conduit, selon elle, à la crise des "gilets jaunes" en raison de leur impact sur le pouvoir d'achat.

"Il y a eu une accumulation de décisions mal préparées qui ont frappé très directement le niveau de vie des plus modestes d'entre nous", a affirmé Mme Royal dans l'émission commune à Europe 1, les Echos et CNEWS, en référence à l'augmentation de la CSG, la baisse de 5 euros de l'APL et les augmentations des prix de l'énergie.

Ces évolutions "sont intervenues en même temps que des décisions concernant les plus riches", a-t-elle observé, pointant "un problème de gouvernance parce qu'on ne peut pas donner aux plus riches et reprendre aux plus modestes."

Vers la revalorisation du SMIC, la "désocialisation" des heures sup' et des primes exceptionnelles des entreprises ?

Parmi les pistes évoquées figurent un coup de pouce au SMIC au delà des 1,8% prévus en 2019 et au minimum vieillesse ainsi qu'une prime mobilité pour ceux qui utilisent la voiture pour se rendre à leur travail. Est également évoqué l'avancement de la "désocialisation" (exonération de charges sociales) des heures supplémentaires, prévue en principe pour septembre 2019.

Les ministres de Bercy Bruno Le Maire et Gérald Darmanin proposent aussi d'encourager les entreprises à verser à leurs salariés une prime exceptionnelle de fin d'année, qui serait exonérée d'impôt.

L'Elysée estime que le mouvement des "gilets jaunes" n'est pas anti-réformes et qu'une bonne partie de ses aspirations correspond à ce qu'Emmanuel Macron avait promis durant la campagne.

Emmanuel Macron a fixé mercredi sa ligne rouge en affirmant ne pas vouloir "détricoter" des réformes décidées depuis 18 mois, en premier lieu l'ISF, chiffon rouge pour les gilets jaunes et les oppositions de gauche. Elle pourrait être évaluée plus rapidement qu'initialement prévu à l'aune du retour des exilés fiscaux ou de l'utilisation des plus de trois milliards d'euros rendus aux ménages les plus aisés.