La nomination de Borne à l'Écologie inquiète Greenpeace, mais aussi toute l'opposition

Par latribune.fr  |   |  830  mots
(Crédits : Benoit Tessier)
Greenpeace se fait du souci pour tout à la fois le devenir de la transition agro-écologique, de la nouvelle PAC, pour la lutte contre la pollution de l'air, et le parc nucléaire à bout de souffle ou encore la rénovation thermique des logements... De son côté, la CGT fustige la nomination d'une personnalité "qui préfère la route au rail"...

La présidence française a indiqué mardi 16 juillet en fin de soirée qu'Élisabeth Borne, actuelle ministre des Transports, était nommée ministre de la Transition écologique en remplacement de François de Rugy.

Greenpeace s'est inquiété mercredi du "déclassement" du ministère de la Transition écologique, la nouvelle ministre Elisabeth Borne n'ayant pas le titre de ministre d'État de ses prédécesseurs, François de Rugy et Nicolas Hulot.

"Nous nous étonnons du 'déclassement' de ce ministère qui n'a plus rang d'État", fait savoir Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, dans un communiqué.

L'ONG doute que l'écologie soit la toute première priorité du président

"Même si cette charge était avant tout symbolique, c'est un signal préoccupant", estime-t-il, alors que de nombreux dossiers attendent Elisabeth Borne:

"La transition agro-écologique et la nouvelle PAC, la lutte contre la pollution de l'air, la transition énergétique avec un parc nucléaire à bout de souffle ou la rénovation thermique des logements, sans parler du CETA qui sacrifie le climat au bénéfice de certains lobbys économiques".

Pour le directeur général de l'ONG, "peu importe qui va endosser le rôle de ministre de la transition écologique, si le président de la République et le Premier ministre n'en font pas leur première priorité". Il appelle le gouvernement à accorder "une vraie priorité à la crise climatique et environnementale, notamment à travers ses arbitrages financiers".

Borne opposée aux taxes sur les carburants maritimes

Les précédentes prises de parole de la ministre ne donnent pas vraiment de gages en ce sens quand elle explique qu'on ne pourra pas taxer les carburants maritimes (dont on commence à mesurer l'ampleur de la toxicité).

Ainsi, le 18 mars 2019, elle expliquait sur RMC :

"Si on met une taxe sur les carburants maritimes, les bateaux iront prendre leur carburant ailleurs"

Interrogée sur France 2 le 9 novembre 2018, en pleine crise des "Gilets jaunes", à propos des carburants sur France 2 par Caroline Roux, celle-ci, au détour de l'interview, demande à la ministre :

"France Nature Environnement explique qu'un cargo émet autant de particules fines qu'un million de voitures, que les carburants maritimes sont 3.000 fois supérieurs en soufre que les carburants routiers, pourtant le transport maritime ne paye pas la TICPE. Est-ce que là-dessus il faut ajuster ? Ça les met en colère des automobilistes, quand ils voient ces chiffres-là."

La ministre du Transports de répondre:

"Alors, évidemment, tous les secteurs du transport doivent s'engager dans la transition écologique. Il y a un accord pour lequel la France s'est beaucoup battue, pour que le secteur du transport maritime réduise ses émissions, et évidemment on va, moi je vais m'assurer que c'est bien le cas, que ces mesures se mettent en oeuvre, et que également...."

Caroline Roux, de résumer:

"Pas question de les taxer, c'est ça que vous dites."

Multiples inquiétudes sur l'avenir du rail face à la route

Mais l'inquiétude semble gagner toute l'opposition. Ainsi, mardi soir, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s'est dit inquiet  de la nomination de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, à la Transition énergétique, en remplacement de François de Rugy, démissionnaire.

"Quand on devient ministre de l'Environnement et qu'on préfère la route au fer, il y a de quoi être inquiet", a-t-il déclaré à CNews, en faisant notamment allusion à la réforme de la SNCF menée par Elisabeth Borne.

Le cégétiste ajoutait, accusant la ministre de favoriser la route ou chemin de fer :

"Il y a besoin que, là aussi, entre les discours et les actes, on soit cohérent. Et Mme Borne, le gouvernement et le président de la République ont fait le choix à plusieurs reprises de la route par rapport au fer."

Manon Aubry, de la France Insoumise, ironise sur Twitter tôt ce mercredi matin :

"Bilan d'#ElisabethBorne aux transports : privatisation de la SNCF, abandon des petites lignes du quotidien, mort du fret ferroviaire, poursuite des grands projets autoroutiers inutiles et polluants. Le CV idéal pour devenir Ministre de l'écologie ! "

Sur la Matinale de LCI, Louis Aliot (Rassemblement National, ex-FN) y allait de sa salve:

"Le train Perpignan-Rungis va probablement être arrêté à cause de l'État et de la SNCF. 100 camions par jour vont devoir le remplacer... Elisabeth Borne a fait preuve sur ce dossier de sa totale incompétence !"

(Avec AFP et Reuters)