Hollande contre CGT : la guerre des petites phrases

Par Nabil Bourassi  |   |  415  mots
François Hollande accuse la CGT d'une posture "commode" en ne "s'engageant à ne jamais signer le moindre accord".
La crise à Air France a déclenché l’ire de la centrale syndicale, ulcérée que le gouvernement ne soutienne pas davantage les salariés. Les relations entre le pouvoir socialiste et la CGT n'ont jamais été aussi tendues, émaillées de petites phrases dans les médias...

Rien ne va plus entre François Hollande et la CGT ! La crispation des relations entre le président de la République et l'organisation syndicale s'est cristallisée avec l'affaire Air France où plusieurs salariés ont molesté des dirigeants de la compagnie aérienne.

La CGT s'était émue du soutien du gouvernement à la direction d'Air France alors que celle-ci venait d'annoncer 2.900 suppressions d'emplois. Pour le syndicat, le gouvernement n'a pas joué son rôle de premier actionnaire du groupe avec 17,6% du capital. La CGT avait ensuite fermement condamné les conditions dans lesquelles s'étaient déroulées les interpellations des salariés suspectés d'avoir participé à l'agression des cadres d'Air France.

Ce climat délétère s'est accentué avec le refus du syndicat dirigé par Philippe Martinez de signer l'accord sur les retraites complémentaires.

Valls et Hollande montent au créneau

Cette défiance s'est traduite par l'annonce de la CGT de ne pas participer à la conférence sociale du lundi 19 octobre. Le gouvernement n'a pas compris cette prise de position. Manuel Valls a ainsi déclaré, jeudi :

"Ceux qui refusent le dialogue (...) sont aujourd'hui en train de préparer la mise en œuvre des discours de ceux qui ne veulent plus de dialogue social, de ceux qui ne veulent plus de syndicats."

De son côté, François Hollande a inauguré la conférence sociale en envoyant une flèche acerbe à l'endroit de la centrale syndicale :

"Il est commode de ne jamais s'engager à signer le moindre accord en espérant que d'autres le feront à leur place, tout en dénonçant les insuffisances du dialogue social".

Le président a poursuivi en plaidant pour une "société apaisée":

"Ce que j'attends des organisations syndicales, ce n'est pas de la politesse, c'est de l'engagement pour le dialogue."

Piques et mises en garde de Philippe Martinez

Vendredi, alors que la signature d'un accord sur les retraites complémentaires était imminente, Philippe Martinez avait répliqué aux attaques du gouvernement :

"Essayer de faire porter le chapeau à la CGT sur l'échec d'une politique qui conduit les Français et les salariés à être mécontents et à quitter les urnes, c'est proprement scandaleux."

Dans un entretien au "Journal du Dimanche" (JDD), Philippe Martinez est allé encore plus loin en accusant le gouvernement d'inscrire sa politique sociale dans "la continuité de son prédécesseur", comprendre... Nicolas Sarkozy!

Et de conclure par une sentence se voulant prophétique: "Faites attention, ça va exploser."