Immobilier : des acheteurs potentiels optimistes, mais jusqu'à quand ?

Par Sarah Belhadi  |   |  652  mots
Les candidats à l’achat sont 80% à estimer que c'est le bon moment pour devenir propriétaire alors qu'ils étaient 61% en avril 2014.
Les taux d’intérêt historiquement bas galvanisent les potentiels acheteurs, selon une étude de l'Observatoire du Moral Immobilier. Mais une remontée pourrait vite les dissuader.

L'optimisme a beau être de mise chez les acheteurs potentiels, leur nombre n'est pourtant pas en augmentation. La dernière édition de l'Observatoire du Moral Immobilier, réalisée par Logic-Immo avec TNS Sofres, révèle que le nombre d'acquéreurs a baissé depuis avril 2014, passant de 3 millions à 2,5 millions. Elle note néanmoins une stabilité depuis trois trimestres. Des chiffres qui surprennent compte tenu d'un contexte où les taux d'intérêt sont historiquement bas, avec 2,33% en avril 2015, selon les données de la Banque de France. L'Observatoire Crédit Logement/CSA notait de son côté que les taux de crédit immobilier sont descendus à 2,03% en avril.

80% des acheteurs estiment que c'est le moment d'acheter

Pour autant, leur nombre a beau rester stable, les candidats à l'achat font preuve d'un enthousiasme sans précédent. Ainsi, "ils sont désormais 80%, soit 2 millions d'acheteurs, à estimer que c'est le bon moment pour devenir propriétaire alors qu'ils étaient 61% un an plus tôt".  A noter qu'en 2011, seulement 1,3 million des acheteurs potentiels étaient convaincus par les conditions du marché.

L'engouement est, sans surprise, dopé par des taux d'intérêt extrêmement avantageux. S'ils sont très informés par l'évolution de ces taux, ils se montrent tout particulièrement opportunistes puisque 85% d'entre eux les considèrent attractifs, contre 62% en avril 2014.

Les Français moins moroses

Les Français sont aussi moins pessimistes sur la situation économique en France. Depuis le début de l'année, l'Observatoire du Moral Immobilier constate une évolution : 57% prévoient ainsi que leur niveau de vie restera stationnaire dans les 6 prochains mois dans l'Hexagone. En avril 2014, ils étaient 46%. Parmi les raisons de cette évolution : la baisse du chômage, la reprise économique, des taux d'emprunt stables ou encore plus bas.

Pour autant, les acheteurs potentiels sont contraints de se plier à une autre réalité du marché devenue récurrente : depuis quatre ans, les intentions de vente stagnent à 2 millions. Résultat : en dépit de leur optimisme quant à réalisation de leur projet immobilier pour 58% d'entre eux, le manque de biens constitue l'obstacle numéro un qui pourrait empêcher la concrétisation d'un projet immobilier. En avril 2015, 71% des sondés "pensent ne pas réaliser leur projet à court terme faute de biens répondant à leurs critères". Pour autant, l'étude note que si les offres sont relativement restreintes, 73% des acheteurs ne sont pas prêts à acheter un bien sans avoir le coup de cœur.

 "Une éventuelle remontée des taux pourrait rapidement figer les projets en cours"

Si les acheteurs potentiels sont impactés par une situation où l'offre est inférieure à la demande, ils n'anticipent pas une hausse des taux d'intérêt avant six mois. Ainsi, seulement 23% d'entre eux expriment des inquiétudes sur une éventuelle remontée des taux qui pourrait freiner leur projet immobilier. Pourtant, pour Cyril Janin, porte-parole de l'Observatoire du Moral immobilier et directeur général du portail d'annonces immobilières Logic-Immo.com, une telle situation pourrait donner un sérieux coup de frein aux intentions d'achat :

 "Compte tenu de la forte sensibilité des acquéreurs au sujet de l'évolution des taux d'intérêt, une éventuelle remontée des taux d'emprunt pourrait rapidement figer les projets en cours et donner un coup de frein brutal à une demande encore fragilisée par le contexte économique", analyse Cyril Janin, porte-parole de l'Observatoire du Moral immobilier et directeur général du portail d'annonces immobilières Logic-Immo.com.

De plus, les acheteurs potentiels sondés sont 60% à estimer que les prix des appartements et des maisons devraient rester stables dans les six prochains mois contre 31% d'entre eux, qui a contrario, considèrent que les prix pourraient baisser.


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L'enquête a été menée sur un échantillon représentatif de plus de 1228 personnes, interrogées en avril 2015, et ayant l'intention d'acquérir un logement. Source : observatoire du Moral Immobilier, TNS Sofres, Logic-Immo.