JO 2024 : la CGT va déposer des préavis de grève dans la fonction publique sur la période des jeux

Par latribune.fr  |   |  770  mots
La CGT, mécontente de l'état du dialogue social, va déposer début avril des préavis de grève dans les trois fonctions publiques pour la période couvrant les Jeux olympiques (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)
La CGT va déposer tout début avril des préavis de grève dans les trois fonctions publiques sur la période des Jeux olympiques, a confirmé Sophie Binet. Et ce alors que Tony Estanguet, le président du comité d'organisation des Jeux, avait demandé fin février « une trêve » sociale.

[Article publié le jeudi 07 mars 2024 à 09h52 et mis à jour à 12h50] La « trêve sociale » voulue par Tony Estanguet pour les JO 2024 n'aura pas lieu. Du moins pour le moment. La CGT, mécontente de l'état du dialogue social, va déposer début avril des préavis de grève dans les trois fonctions publiques pour la période couvrant les Jeux olympiques (26 juillet-11 août), a confirmé sa secrétaire générale, Sophie Binet, ce jeudi.

« Nous voulons que le gouvernement prenne les mesures immédiatement pour assurer la réussite des Jeux à laquelle la CGT travaille depuis des années. Pour cela, il faut enfin que nos alertes soient entendues et que les jeux soient préparés d'un point de vue social », a déclaré Sophie Binet sur Franceinfo, quelques jours après avoir adressé un « carton rouge » et demandé la tenue d'une table ronde au gouvernement.

« Les Jeux, c'est des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs qui sont percutés », a exposé la leader syndicaliste.

Dans son viseur, « celles et ceux qui vont devoir travailler beaucoup plus que d'habitude avec des heures sup, des congés payés qu'ils ne pourront pas prendre. Et donc pour ceux-là, nous demandons quelles sont les conditions sociales de ce travail, comment est-ce qu'on va héberger tous les travailleurs et travailleuses qui devront venir en Ile-de-France pour les JO ? », a interrogé Sophie Binet. « Comment on va prendre en charge leurs enfants alors que ce sont les vacances scolaires ? Quelles primes ils vont avoir ? Pour l'instant, il n'y a rien de cadré de ce côté », a-t-elle encore déploré.

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Négociations depuis plusieurs mois

Le président du comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris, Tony Estanguet, avait pourtant demandé fin février « une trêve » sociale pendant cette période, implorant qu' « on ne gâche pas la fête ».

« Je souhaite qu'on puisse trouver des solutions aux uns et aux autres qui vont travailler sur les sujets, on a bien conscience qu'il y a des contraintes à l'organisation des Jeux », avait-t-il alors ajouté.

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Des négociations ont d'ailleurs été engagées depuis plusieurs mois dans différents secteurs pour parer à un conflit social dans la police, les transports et l'hôpital afin de compenser les congés reportés et les heures supplémentaires de l'été.

Une prime, jusqu'à 1.900 euros, a par exemple été annoncée le 30 janvier par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour les policiers et gendarmes travaillant en Ile-de-France. Mais la question n'est pas totalement réglée dans de nombreux autres secteurs, à l'instar des transports, de l'hôtellerie ou de la restauration.

La grogne monte

Mais ces négociations arrivent assez tard pour certains. « Contrairement à ce qu'on avait imaginé, les négociations viennent seulement de démarrer », déplore Denis Melchior, responsable de la CFDT en Ile-de-France.

A la SNCF, « la direction commence tout juste à parler de primes mais il n'y a pas de négociation », regrette Boris Plazzi, secrétaire confédéral de la CGT en charge des JO. L'entreprise ferroviaire propose aux salariés mobilisés pendant la période une prime de 50 euros par jour et 200 à 500 euros de prime supplémentaire en fonction de la période où ils posent leurs congés.

« Pour 500 euros de plus, pas question que je sucre mes vacances avec ma femme et mes enfants », s'insurge Damien (prénom d'emprunt), contrôleur de train, interrogé par l'AFP. Pour ce quadragénaire, « il faudrait que la SNCF accepte d'intégrer les primes dans le salaire fixe toute l'année plutôt que de verser des primes ».

« La grogne monte dans la fonction publique, les douanes, la RATP, SNCF, les mairies ... Ce n'est pas marginal », alerte Boris Plazzi.

« C'est incroyable », s'agace de son côté Pascal Lagrue, négociateur FO membre de la charte sociale aux JO, « on a un gouvernement qui n'arrête pas de valoriser cet évènement mondial et dans le même temps, on a un silence radio pour négocier ».

Tous redoutent in fine l'absence de contrepartie et un passage en force : ils gardent en mémoire la publication en catimini, en novembre, d'un décret décrié permettant de suspendre le repos hebdomadaire dans les entreprises qui participeront à l'organisation ou la diffusion des Jeux olympiques de Paris.

Pour l'heure, aucune action commune à toutes les organisations syndicales n'a été évoquée.

(Avec AFP)