JO de Paris 2024 : le président du comité d'organisation Tony Estanguet épinglé par une enquête sur sa rémunération

Par latribune.fr  |   |  744  mots
L'enquête a été confiée à la police judiciaire parisienne la « semaine dernière », a précise une source à l'AFP. (Crédits : Georges Vignal/La Tribune)
Jusqu'en 2020, Tony Estanguet, président du comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) aurait perçu une rémunération annuelle anormalement élevée. Le Cojo se défend en expliquant que la rémunération de son président est « strictement encadrée ».

[Article publié le mardi 6 février 2024 à 10h11 et mis à jour à 11h51] L'équipe organisatrice des JO de Paris se serait bien passée de cette nouvelle. Le président du comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) de Paris, Tony Estanguet, est visé par une enquête ouverte, récemment, par le parquet national financier, et portant sur les conditions de sa rémunération, a appris l'AFP ce mardi de source proche du dossier.

L'enquête a été confiée à la police judiciaire parisienne la « semaine dernière », a précisé cette source.  Contacté par l'AFP, le PNF a indiqué ne pas souhaiter « communiquer à ce stade sur l'existence d'une éventuelle enquête préliminaire relative à la rémunération de Tony Estanguet ».

La rémunération de Tony Estanguet en question

Tony Estanguet a perçu une rémunération annuelle de 270.000 euros bruts jusqu'en 2020, selon des chiffres communiqués par le Cojop en 2018. Cette rémunération était ensuite susceptible d'évoluer dans une limite de 20%, en fonction de certains critères de performance, avait indiqué le Cojop à l'époque. Mais le Cojop étant une association de type loi 1901, la rémunération de ses dirigeants est plafonnée par la loi à des niveaux sensiblement inférieurs.

Selon un récent article de l'hebdomadaire d'investigation Le Canard enchaîné, l'ancien sportif aurait donc créé une société qui facture des « prestations non commerciales » au Cojop, qu'il dirige. Ce qui interroge sur le contrôle de « la réalité et la qualité des prestations » effectuées par la société d'Estanguet, poursuivait le journal en octobre dernier.

Le comité d'organisation des JO se défend

« Le cadre de la rémunération du président du Comité d'organisation est très strictement encadré », a déclaré ce mardi matin le Cojop auprès de l'AFP, faisant part de son « étonnement » à l'annonce de l'ouverture de l'enquête.

La rémunération de Tony Estanguet « a été décidée et validée par le premier Conseil d'administration du comité d'organisation le 2 mars 2018, qui a statué en son absence, de façon souveraine et indépendante », précise le Cojop. Le montant de la rémunération a été décidée sur proposition d'un « comité des rémunérations » composé « d'experts indépendants chargés de s'assurer de la pertinence de notre politique de rémunération », ajoute le Cojop. « Ses modalités de versement ont été validées par le contrôleur général économique et financier, après consultation de l'URSSAF », précise encore le Cojop.

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« Le montant des factures inhérentes à cette rémunération fait l'objet d'un audit annuel » par une « cellule d'audit interne indépendante de l'exécutif du comité d'organisation et d'un examen par le Comité des Rémunération », dit encore l'instance, précisant que cette « démarche ne correspond à aucune obligation juridique, mais répond à une volonté de transparence ».

L'Agence française anti-corruption avait déjà alerté

Début 2021, deux rapports de l'Agence française anti-corruption (AFA) sur l'organisation des JO (26 juillet-11 août) notaient des « risques d'atteintes à la probité » et de « conflits d'intérêts ». Dans l'un de ces rapports, l'AFA évoquait le cas de l'entreprise de Tony Estanguet, pointant un « montage atypique dans le cadre d'une association de loi 1901", qui "n'est pas sans poser de difficultés », rappelle le Canard Enchaîné dans son article.

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Pour rappel, l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris fait déjà l'objet de trois autres enquêtes financières distinctes, notamment pour des soupçons de favoritisme et de détournements de fonds publics lors de l'attribution des marchés.

Lorsqu'on remonte plus loin dans le temps, la question des rémunérations des principaux dirigeants du Comité d'organisation était devenue sensible dès l'attribution des Jeux à Paris par le CIO en septembre 2017, à Lima au Pérou. Le Canard Enchaîné avait évoqué à cette époque un salaire de 450.000 euros annuels pour Tony Estanguet, immédiatement démenti par le triple champion olympique.

(Avec AFP)