Emmanuel Macron annonce des couvre-feux à Paris et dans huit métropoles entre 21h et 6 heures

Par latribune.fr  |   |  802  mots
(Crédits : POOL)
Le Président de la République a confirmé un "confinement nocturne" imposé de 21H00 à 06H00 dans les zones les plus touchées à partir de ce week-end, comme Paris et sa banlieue, Marseille, Lyon, Montpellier, Lille ou Toulouse Par railleurs, le rétablissement de l'état d'urgence autorise le préfet d'"interdire les déplacements de personnes hors de leur lieu de résidence".

Le gouvernement a tranché, la France adoptera, dès samedi 17 octobre à minuit, le régime du couvre-feu. Tous les établissements, restaurants, bars, salles de spectacles devront fermer à 21 heures, jusqu'à 6 heures. Ce confinement nocturne concerne la région Ile-de-France et plusieurs métropoles : Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Saint-Etienne et Toulouse. « Il nous faut réagir car la situation est préoccupant (...) De 20.000 nouveaux cas par jour, il faut les ramener à 3.000 cas », a entamé Emmanuel Macron lors d'une interview d'ouverture des journaux télévisés de 20 heures ce mercredi 14 octobre.

« Oui le couvre-feu est une mesure pertinente », a martelé le Président de la République citant des mesures similaires déjà prises à Mayotte et en Guadeloupe. Les couvre-feux dans les huit métropoles concernées, en plus de Paris et sa banlieue, seront actifs pendant au moins quatre semaines. Emmanuel Macron a rappelé que le non-respect de ces nouvelles restrictions pourra être sanctionné par une amende de 135 euros.

Les restrictions n'empêcheront toutefois pas les gens de partir en vacances, a assuré le chef de l'Etat. De même, « il n'y aura pas de restrictions des transports.»

« Il serait disproportionné de reconfiner le pays », a-t-il également ajouté. La décision de reconfinée localement le soir les villes de France aura en effet d'importantes conséquences économiques. « Nous aurons des dispositifs de soutien supplémentaires », a assuré le chef de l'Etat face aux journalistes de TF1 et France 2.

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Par ailleurs, l'état d'urgence sanitaire a été rétabli mercredi par décret. Il avait pris fin le 10 juillet, à partir du 17 octobre à 00H00 sur l'ensemble du territoire national, en raison de l'aggravation de l'épidémie de Covid-19.

"Eu égard à sa propagation sur le territoire national, l'épidémie de Covid-19 constitue une catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la santé de la population. Elle justifie que l'état d'urgence sanitaire soit déclaré afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu puissent être prises", indique le compte-rendu du Conseil des ministres.

L'état d'urgence sanitaire avait été déclaré le 23 mars sur l'ensemble du territoire pour deux mois avant d'être prolongé le 11 mai, jour du déconfinement. Il avait pris fin le 10 juillet, sauf en Guyane et à Mayotte, où il a été maintenu jusqu'au 17 septembre.

Cette disposition juridique exceptionnelle autorise le préfet, "lorsque l'évolution de la situation sanitaire le justifie et aux seules fins de lutter contre la propagation du virus", d'instaurer un confinement local et donc "interdire les déplacements de personnes hors de leur lieu de résidence".

Un couvre-feu qui ne fait pas consensus

"En cas de couvre-feu, tous les acteurs seront concernés. Comment expliquer à un restaurateur qui doit fermer qu'un théâtre peut rester ouvert ?", assure l'entourage de M. Macron, ajoutant qu'il faut des mesures "bien plus longues" que 15 jours.

"La différence du nombre de morts se chiffre par dizaine de milliers selon les choix qui seront faits. Y compris l'horaire d'un couvre-feu compte: une heure change la donne", souligne-t-on de même source.

La solution du couvre-feu a divisé ces dernières heures le gouvernement. Selon une source gouvernementale, au moins quatre ministres, dont des poids lourds, étaient contre, pointant notamment le risque d'une fracture sociale, avec les cols blancs pouvant se réfugier en télétravail à la campagne pendant que les caissières et autres travailleurs en première ligne seraient réduits au métro-boulot-dodo.

"La situation de notre pays est extrêmement difficile", a souligné devant le Sénat le Premier ministre Jean Castex qui sera amené à détailler les nouvelles mesures lors d'une conférence de presse jeudi après-midi avec les ministres Bruno Le Maire (Economie), Olivier Véran (Santé), Gérald Darmanin (Intérieur) et Elisabeth (Travail).

Les professionnels de l'hôtellerie restauration indépendante se sont alarmés dès mardi soir d'un possible couvre-feu qui selon eux "condamnerait à la faillite des milliers d'établissements".

Emmanuel Macron devrait de nouveau fortement recommander les entreprises à avoir recours au télétravail tandis que les dispositions actuellement en vigueur pour les établissements scolaires et universitaires seront prolongées, comme l'a indiqué mardi soir le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

Par avance, le Medef Paris a dénoncé un éventuel télétravail à 100%, qui amplifierait, selon lui, la crise économique dans la capitale et qui "va fragiliser encore les entreprises".

Les derniers chiffres montrent encore une augmentation globale du nombre de personnes en réanimation (1.633 pour une capacité actuelle nationale d'environ 5.000 lits) et 84 décès en 24 heures, avec un bilan global de près de 33.000 morts en sept mois.