La CFDT devient le premier syndicat dans le privé

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  841  mots
La "réformiste" CFDT de Laurent Berger est devenue la première organisations syndicale dans le secteur privé aux dépens de la CGT, d'après les résultats de la dernière mesure de la représentativité syndicale.
Fait inédit, la CGT a perdu sa place de première organisation syndicale dans le privé au profit de la CFDT. Selon les données du ministère du Travail. A l'issue des élections déterminant la représentativité, la CFDT a obtenu 26,37% des suffrage et la CGT 24,85%.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, ne pouvait pas cacher sa joie, saluant un résultat « historique ». On peut le comprendre.... Son organisation syndicale est devenue la première dans le secteur privé aux dépens de la CGT qui recule d'une place. C'est « La » principale information, après la publication par le ministère du Travail des résultats de la mesure de la représentativité syndicale qui intervient désormais tous les quatre ans à la suite d'une réforme de intervenue en 2008. La CFDT a recueilli 26,37% des suffrages, la CGT 24,85%, FO 15,59%, la CFE-CGC 10,67% et la CFTC 9,49%.

Savoir quelles organisations peuvent négocier des accords interprofessionnels

Déjà, lors de la première mesure d'audience en 2013, la CGT et la CFDT s'étaient retrouvées au coude à coude, il s'en était fallu d'un cheveu : 26,77% des voix pour la CGT, 26% pour la CFDT, suivies de FO (15,94%), la CFE-CGC (9,43%) et la CFTC (9,3%).

Parmi les syndicats dits non-représentatifs - ceux qui ont fait moins de 8% des voix -, l'Unsa est montée à 5,35% (4,26% en 2013) et Solidaires est restée stable à 3,46% (3,47%).

Si, cette fois on se concentre sur le poids "relatif", qui prend en compte le seul périmètre des syndicats jugés représentatifs au plan national, la CFDT a recueilli 30,32%, la CGT 28,57%, FO 17,93%, la CFE-CGC 12,27% et la CFTC 10,91%.

C'est ce poids relatif qui est valable pour apprécier si accord interprofessionnel est considéré comme majoritaire. C'est également à partir de ces résultats que les postes de conseillers prud'homaux (collèges salariés) sont répartis depuis la suppression des élections prud'homales.

Mais comment, dans le détail, est appréciée cette représentativité syndicale ? Celle-ci a été décidée par une loi d'août 2008. Jusque ici, depuis un arrêté de 1966, seuls les syndicats affiliés aux 5 organisations syndicales CGT, CFDT, CFTC, FO et, pour les cadres, la CFE-CGC, bénéficiaient d'une représentativité de droit ce qui signifiait que ces syndicats n'avaient pas besoin de faire la preuve de leur représentativité pour avoir un délégué syndical dans une entreprise et pour négocier des accords (entreprises et branches). A l'inverse, d'autres syndicats non affiliés à ces confédérations devaient faire la preuve de leur représentativité, les syndicats SUD par exemple. Depuis 2008 donc, à l'issue d'une période transitoire, ces règles sont révolues. Tous les syndicats sont placés sur un même pied d'égalité. Il n'y a plus de "présomption irréfragable de représentativité".

Le nouveau critère principal: les résultats aux élections

Pour éviter toute les contestations possibles et pour mettre fin à l'éternel débat sur la représentativité syndicale, le principe qui prévaut, c est le nombre de voix recueillies lors de différentes élections : les institutions représentatives du personnel dans les grandes entreprises, le vote de représentativité dans les très petites entreprises (qui a eu lieu fin 2016) et, pour les branches relevant du secteur de l'agriculture, les élections dans les chambres agricoles.

Ce vendredi 30 mars, le ministère du Travail a donc révélé les résultats « agglomérés » de ces différents scrutins. Ils permettent donc de savoir quelles sont les organisations représentatives dans chacun des quelques 800 branches professionnelles et au niveau national.

Au niveau de la branche, le seuil de représentativité pour négocier un accord est fixé à 8%. Idem au niveau national, on l'a dit. Au total, plus de 5,66 millions de salariés du privé se sont exprimés, soit un taux de participation de 42,76%. C'est 195.518 salariés de plus que lors de la précédente mesure de l'audience syndicale.

La CGT reste en tête si l'on additionne secteurs public et privé

La CFDT est donc désormais la première organisation syndicale dans le privé. Mais sa percée a surtout eu lieu dans les établissements de plus de 11 salariés. En effet, la CGT reste la première organisation auprès des salariés des TPE (25,12%), devant la CFDT (15,49%). La CGT est aussi en tête dans le secteur public.

Ce qu'a tenu a précisé Philippe Martinez, le secrétaire général de la centrale : "C'est un résultat qui montre que ce qu'on craignait, c'est-à-dire qu'on a un déficit d'implantation qui se confirme (...). Mais quand on prend le public et le privé, la CGT reste la première organisation syndicale".

Il est certain que la CGT a dû pâtir auprès des salariés du flottement constaté à la tête de la confédération depuis le départ de Bernard Thibault en 2013... Et sa succession totalement ratée qui s'est traduite par « l'affaire Thierry Lepaon », le nouveau secrétaire général débarqué en 2015 et remplacé par Philippe Marinez.

Reste que pour le prochain président de la République, alors que des réformes sociales importantes s'annoncent, c'est plutôt un atout d'avoir la « réformiste » CFDT comme première organisation dans le privé...