La croissance plus faible que prévu ?

Par Fabien Piliu  |   |  513  mots
Bercy vise une progression de 1,4% du PIB cette année. L'Insee est moins optimiste et table sur une augmentation de 1,2% de l'activité.
Marqué par un commerce extérieur en panne, le PIB ne devrait progresser que de 1,2% cette année selon l'Insee, qui révise une nouvelle fois sa prévision à la baisse. Le gouvernement vise une progression de 1,4% du PIB. Les mauvaises récoltes liées à la sécheresse coûteraient 0,2 point de PIB à la croissance.

Tout se paie. Un jour ou l'autre. En 2016, la reprise de l'investissement des entreprises se confirme. Il devrait progresser de 3,4%, soit 0,7 point de plus qu'en 2015. Mais ce sursaut alimenté par la mesure de suramortissement, le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les allègements contenus dans le Pacte de responsabilité n'efface pas les effets des années de sous-investissement. Euler-Hermes a estimé à 83 milliards d'euros le sous-investissement sur la période 2008-2015.

Résultat, le retard cumulé dans la modernisation de l'appareil productif tricolore se traduit par des performances à l'international désastreuses. Cette année, le commerce extérieur devrait retirer 0,7 point de PIB à la croissance en dépit du niveau relativement faible de l'euro face au dollar et de celui des cours des matières premières. Par ailleurs, la reprise de l'investissement des entreprises ne peut avoir des effets d'entrainement élevés pour l'ensemble de la croissance française. Il ne représente que 23% de la consommation des ménages et 12% du PIB.

La France fait moins bien que la zone euro

Dans ce contexte, le PIB augmenterait de seulement 1,2% cette année, comme en 2015. C'est 0,1 point de moins que la précédente estimation de l'Institut. C'est 0,2 point de moins que la prévision du gouvernement et de son ministère des Finances qui s'est récemment résolu à abaisser de 1,5% à 1,4% sa prévision de croissance. Pour 2017, l'acquis de croissance est de 1%.

A titre de comparaison, le consensus vise une hausse de 1,6% du PIB de la zone euro cette année. L'Allemagne afficherait une croissance de 1,8%, l'Italie, de 0,9%, l'Espagne, de 3,2%, le Royaume-Uni, de 2%.

Quels sont les moteurs de la croissance ? La consommation des ménages augmenterait comme en 2015 de 1,5%. Les dépenses des administrations publiques accélèreraient, affichant une hausse de 1,8%, contre 1,6% en 2015. L'investissement des ménages se ressaisit un peu. Il progresserait de 1,4% après avoir reculé de 0,8% l'année dernière.

Les effets de la sécheresse

A noter, les mauvaises récoltes ont un impact négatif très significatif sur l'activité. " En 2016, la production de la branche agricole reculerait nettement, de 6,3 % en moyenne sur l'année, après déjà 2,2 % en 2015. Le recul provient principalement de la production végétale, qui représente environ 60% de la production agricole et qui diminuerait de 10 % en moyenne sur l'année, après une baisse de 4 % en 2015 ", précise l'Insee qui compare le niveau de production avec celui observé en 2003, année de la dernière grande sécheresse en France.

"En 2016, la production agricole baisserait un peu moins fortement qu'en 2003 (-6,3 % contre -8,0 %), année qui avait été marquée par une sécheresse importante à l'été. En particulier, la baisse de la production végétale serait un peu moins abrupte qu'en 2003 (-10 % contre -13 %). En effet, le niveau des récoltes céréalières de 2016 serait pratiquement aussi bas qu'en 2003 mais celui des autres productions végétales serait plus élevé qu'il y a treize ans ". Au total, cette chute de la production couteraient 0,2 point de PIB à la croissance.