Bientôt la fin de la croissance molle ?

Par Fabien Piliu  |   |  578  mots
A Bercy, on espère une reprise du secteur de la construction pour sortir de cette période de croissance molle
Selon l'Insee, le PIB progresserait de 0,4% au premier trimestre mais également au deuxième trimestre. Une bonne surprise est-elle envisageable ?

Après avoir progressé de 0,2% en 2014 et de 1,1% en 2015, le PIB devrait afficher une augmentation de 1,5% cette année. C'est la prévision officielle du gouvernement, sur laquelle a été bâtie la loi de finances 2016. Les prévisions formulées ce jeudi par l'Insee sont en ligne. A moins d'un choc brutal sur l'activité mondiale, européenne et tricolore au deuxième semestre, le pari de Bercy est réaliste, le PIB devant augmenter de 0,4% au premier et aussi au deuxième trimestre. Si ces prévisions se réalisent, l'acquis de croissance s'élèvera à la fin juin à 1,1%, c'est-à-dire que si l'activité est nulle au deuxième semestre, la France pourra afficher un taux de croissance annuel égal à celui enregistré en 2015.

Quels sont les ressorts de la reprise ? La consommation des ménages continue de résister, affichant une hausse de 1,2% à la fin juin. La faiblesse persistante des prix de l'énergie explique en grande partie cette solidité de la consommation.

La reprise de l'investissement se confirme

La résistance de la consommation n'est pas vraiment une surprise. La confirmation de la reprise de l'investissement en est une. Stimulé par le redressement du taux de marge, qui s'explique en partie par la montée en puissance du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les allégements de cotisations prévus par le Pacte de responsabilité, les entreprises ont à nouveau les moyens d'investir. La fin de la mesure de suramortissement de l'investissement prévue en avril est-elle de nature à casser cette reprise ? Même pas. Les chefs d'entreprises anticipent-ils une prolongation de cette mesure, que Matignon souhaite, ainsi que les prochains allégements sur les cotisations patronales familiales prévus par le Pacte de responsabilité en avril ? Peut-être.

En revanche, le commerce continue de plomber la reprise. Fin juin, il aura retiré 0,4 point de PIB à la croissance. La hausse des exportations, sur lesquelles la faiblesse de l'euro face au dollar a peu d'effet, restant bien inférieure à celles des importations.

Pas de hausse brutale de l'activité

Quels enseignements doit-on tirer de cette batterie de chiffres ? La reprise s'amorce doucement. Très peu sensible aux fluctuations du commerce international, l'économie française ne peut accélérer brutalement. C'est un inconvénient majeur, sauf si l'on prouve qu'un taux de croissance annuel de 1,5% n'est pas incompatible avec une chute rapide du nombre de demandeurs d'emplois. En revanche, en cas de gros temps, la France est en partie à l'abri. C'est un avantage, notamment du point de vue social puisque les stabilisateurs économiques permettent de limiter la casse.

Une bonne surprise ?

Sur le plan politique, cette incapacité de l'économie à faire reculer rapidement le chômage est embarrassante pour l'exécutif. La baisse de 0,1 point du taux de chômage anticipée fin juin, à 9,9% de la population active en métropole et à 10,2% en France entière.
Une bonne surprise est-elle envisageable ? Au ministère des Finances, on anticipe - non officiellement - une sérieuse reprise de l'investissement des ménages dont profiterait le secteur de la construction. Que vaut cette anticipation ? De fait, un certain nombre d'indicateurs sont repassés dans le vert ces derniers mois... Après quatre années extrêmement difficiles, symbolisées par d'importantes destructions d'emplois, le secteur de la construction sortirait de l'impasse. Mieux, pour répondre aux carnets de commandes, ses entreprises pourraient embaucher à tour de bras. Quand le bâtiment va, tout va...