La réforme du permis de conduire, un effet sur l'emploi ?

Par Fabien Piliu  |   |  576  mots
Pour trouver un emploi, les jeunes n'ont plus une mais deux priorités. Au « passe ton bac d'abord » s'ajoute désormais le « passe ton permis »
Selon plusieurs études universitaires, cette mesure pourrait favoriser l'emploi. Indirectement.

Pour trouver un emploi, les jeunes n'ont plus une mais deux priorités. Au « passe ton bac d'abord » s'ajoute désormais le « passe ton permis ». Selon France Stratégie, qui évalue à 6 millions le déficit de places d'examens sur la période 1997-2014, le lien entre la détention du permis et l'accès à l'emploi est certes difficile à déterminer statistiquement, mais il existe.

Pour aboutir à cette conclusion, le groupe de réflexion gouvernemental se fonde sur plusieurs études universitaires, notamment américaines. Ces études scientifiques aboutissent aux résultats suivants : la détention du permis conjuguée à celle d'un véhicule peut avoir des effets très positifs sur l'emploi, notamment pour les travailleurs les moins qualifiés et les familles monoparentales.

« L'absence de véhicule ou la non-détention du permis peuvent contribuer à accroître les inégalités d'accès au marché du travail entre groupes sociaux, en particulier au détriment des femmes seules et des personnes les moins qualifiées.

Pour ces publics, l'absence de moyen de locomotion limite les possibilités de recherche d'emploi et contribue à renforcer leur éloignement du marché du travail », explique France Stratégie.


La mobilité, clé de l'emploi ?

En outre, il est possible que la mobilité que favorise la détention du permis et la possession d'un véhicule puissent avoir des effets sur les salaires. De fait, en élargissant le champ de la recherche d'emploi, la mobilité permet d'accéder à un spectre de postes plus large et d'élever ainsi le niveau des exigences salariales.

La possession d'un véhicule accroît fortement la probabilité de passer de l'assistance à l'emploi, et le développement de véhicules privés a un effet plus significatif que l'accroissement de l'offre de transports publics sur l'insertion professionnelle. Enfin, la perte du permis peut contribuer à un déclassement, voire à un éloignement durable du marché du travail.

Concrètement, avec cette réforme du permis de conduire, l'administration pourra désormais faire appel, pour faire passer l'examen, à des collaborateurs issus d'autres services publics de sorte à réduire les goulots d'étranglement. Les auto-écoles sont également sollicitées. Elles seront encouragées à souscrire à une démarche qualité et devront afficher leur taux de réussite à l'épreuve du permis. Outre la suppression de certains « verrous » administratifs concernant les conditions de durée et de distance minimales encadrant la conduite supervisée, cette réforme supprime le minimum de vingt heures de conduite avant de passer l'examen pratique, afin de rendre le permis moins cher et de réduire les listes d'attente.


Délais réduits

Quels sont les effets bénéfiques que l'on peut attendre de cette mesure ? Elle doit permettre de réduire les délais d'attente, à quarante-cinq jours au maximum.

Selon Bercy, le délai entre l'inscription en auto-école et le premier passage de l'examen est actuellement de plus d'un an pour près de 40 % des candidats. Dans de très nombreux départements, les délais entre deux présentations du permis par un même candidat peuvent même dépasser deux cents jours en moyenne. Elle doit aussi réduire les coûts liés à l'obtention du permis. Passer et obtenir le permis de conduire coûte en moyenne 1 500 euros en France. Un coût qui oscille entre 1 100 euros en moyenne pour ceux qui passent la conduite accompagnée et plus de 3 000 euros pour ceux qui échouent dans le cadre d'un apprentissage classique.