La vitesse maximale autorisée sur routes secondaires passe à 80 km/h ce 1er juillet

Par latribune.fr  |   |  566  mots
La vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires passe à 80 km/h ce 1er juillet (Crédits : Regis Duvignau)
Comme annoncé depuis janvier, et malgré les vives polémiques que la mesure a suscitée depuis, le passage de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h entre en vigueur ce 1er juillet sur 40% du réseau routier français.

Depuis l'annonce par le Premier ministre en janvier dernier du projet d'abaisser la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h sur les routes à double sens, à une voie chacune, sans séparateur central, les associations d'automobilistes et de motards ont multiplié les manifestations et pétitions face à une mesure qualifiée par Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes d'"inutile" et "politique".

De nombreux élus se sont insurgés contre cette disposition qui pénalise selon eux les régions rurales, où se trouvent l'essentiel des routes concernées, et au sein même du gouvernement, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard n'ont pas caché leur réserve.

En vain. A compter de ce 1erjuillet, 40 % du réseau routier français, soit 400.000 kilomètres de routes, sont désormais limitées à 80 km/h. Selon la Sécurité routière, ces routes ont concentré 55 % des accidents mortels en 2017.

Opposition de 74% des Français

C'est pour réduire le "coût humain terrifiant" des accidents de la route qui ont fait 3.684 morts et 76.840 blessés en 2017, que le gouvernement, Premier ministre en tête, a tenu bon en dépit de l'impopularité record de cette mesure. En effet, malgré les spots et campagnes médiatiques de ces dernières semaines, 74 % des Français s'y déclaraient opposés dans un sondage réalisé le 26 juin.

Selon le gouvernement, baisser la vitesse de 10 km/h permettra de sauver jusqu'à 400 vies par an, et ainsi d'inverser durablement la courbe de la mortalité routière qui, après avoir atteint un plus-bas historique en 2013, a connu un inquiétant rebond entre 2014 et 2016.

Sur le plan économique, le Commissariat général au développement durable (CGDD) estime dans une étude réalisée en mars 2018, que l'instauration de cette mesure "présente un bilan positif de l'ordre de 230 millions d'euros [M€] dû essentiellement à la réduction de l'accidentalité. C'est sur ce périmètre qu'une mesure de réduction des vitesses maximales autorisées a le plus de sens"Le coût de la perte de temps subie par les usagers (-665 M€) serait ainsi compensé par les gains en accidentalité réduite (769 M€). La baisse de vitesse permettrait d'éviter 122 morts sur ces voies, contre 13 sur les routes nationales et départementales à chaussées séparées, ajoute le CGDD.

Bilan environnemental modeste

Sur le plan environnemental, le bilan est plus modeste. Selon les chiffres du Centre interprofessionnel technique d'étude de la pollution atmosphérique (CITEPA), la circulation routière représente aujourd'hui 57 % de la pollution aux oxydes d'azote (NOx) en France, et jusqu'à 30% de la pollution aux particules fines (PM 2,5 et PM 10 réunies).En 2014, un rapport de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie(ADEME), concluait qu'au delà de 70 kilomètres par heures, une baisse de la vitesse avait un impact plutôt positif sur la qualité de l'air, sur route fluide.

En termes d'émissions de particules fines et d'oxydes d'azote (NOx), la mesure qui entre en vigueur aujourd'hui engendrerait un bénéfice de 11 millions d'euros.  Les économies de carburant génèrent 32 M€.  En matière de réduction des nuisances sonores, le bénéfice est nul.

Le gouvernement a annoncé qu'il évaluerait les effets de la mesure au 1er juillet 2020.