Le "choc de simplification" responsable de la pénurie de pain ?

Par latribune.fr  |   |  378  mots
Avec "le choc de simplification", les quelque 33.000 boulangers-pâtissiers de l'Hexagone n'ont désormais plus l'obligation de déclarer leurs périodes de fermeture estivale.
Plusieurs journaux britanniques se plaignent de la difficulté à trouver une boulangerie ouverte à Paris cet été. Mais la période estivale ne justifie pas tout. Dans le cadre de la loi relative à la simplification des entreprises, les boulangers ne sont plus tenus de déclarer leurs congés d'été en préfecture. Explications.

C'est un drôle de constat réalisé par la presse britannique. Paris serait frappée - en plein été- par une pénurie de baguettes, d'après un article du Dailymail en date du 8 août.

De son côté, The Local explique "pourquoi trouver une baguette à Paris peut être compliqué". Et c'est le Telegraph qui n'hésite pas à forcer le trait avec une photographie de clients qui patientent sur le trottoir, devant une boulangerie, pour obtenir le précieux sésame français.

L'histoire pourrait sembler anecdotique en pleine saison estivale. Mais voilà que la politique s'en mêle. Car, s'il est effectivement difficile de dénicher une boulangerie ouverte dans les rues désertes de la capitale, c'est à cause de la ..."simplification administrative" voulue par le gouvernement, et adoptée en octobre dernier.

Le président François Hollande en avait fait son cheval de bataille, souhaitant faciliter les démarches des citoyens et des entreprises : dépôt de plainte en ligne, demande de passeport sur Internet, faciliter l'embauche et la formation, la construction... Bref, un panel de mesures qui doivent générer 11 milliards d'euros d'économies.

Congés d'été organisés librement

En 2014, une des annonces de la loi relative à la simplification de la vie des entreprises (article 6) est passée quasi inaperçue. Elle remet alors en cause une mesure adoptée juste après la Révolution française.

Depuis 1790, les boulangers étaient tenus de déclarer en préfecture leurs jours de congés, sous peine d'amende qui pouvait aller de 11 à 33 euros par jour de fermeture non autorisée. Ainsi, à Paris- comme partout en France- les dates de fermeture étaient fixées par la préfecture pendant les grandes vacances.

Cette réglementation devait ainsi permettre l'approvisionnement en pain pendant les vacances. Les artisans du pain étaient ainsi astreints à des gardes, comme les pharmaciens, au mois d'août. Avec le choc de simplification, les quelque 33.000 boulangers-pâtissiers de l'Hexagone n'ont désormais plus l'obligation de déclarer leurs périodes de fermeture estivale.

Si les artisans peuvent s'en féliciter, il n'est pas sûr que les touristes apprécient d'être contraints d'arpenter les rues désertes de la capitale pour savourer un morceau de pain.