Le chômage à son plus bas niveau depuis 2008, le halo au sommet

Par Grégoire Normand  |   |  815  mots
La France (hors Mayotte) compte 2,424 millions de chômeurs, soit 85.000 de moins sur le trimestre. Sur un an, le taux de chômage, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est en recul de 0,7 point. L'Insee a aussi révisé son chiffre du 3e trimestre de 8,6 à 8,5%.
Le taux de chômage a nettement baissé, de 0,4 point, au quatrième trimestre 2019 pour s'établir à 8,1% de la population active et atteindre son plus bas niveau depuis fin 2008, selon les chiffres publiés par l'Insee jeudi. Malgré ces bons résultats, le halo autour du chômage et le chômage des jeunes demeurent à des niveaux élevés.

Les clignotants sont au vert pour le marché du travail. Selon les derniers chiffres de l'Insee publiés ce jeudi 13 février, le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) est passé de 8,8% à la fin de l'année 2018 à 8,1% fin 2019 à l'échelle de la France entière, Outre-mer compris sauf Mayotte. Malgré le coup de frein de la croissance, les entreprises ont continué de créer des emplois à un rythme relativement élevé.

Pour le gouvernement, ces statistiques favorables arrivent comme une bouffée d'air alors que le débat sur les retraites s'est envenimé à l'Assemblée nationale auquel s'ajoute une série de couacs récents. Pour Hélène Baudchon, économiste à BNP-Bparibas "l'évolution du taux de chômage est globalement cohérente avec l'évolution de la croissance en 2019. Ces bons chiffres viennent étayer ceux des créations d'emplois l'année dernière. C'est le signe que le marché de l'emploi fonctionne mieux".

Baisse importante au quatrième trimestre

Les derniers résultats dévoilés par l'institut de statistiques indiquent que la chute du chômage a particulièrement accéléré au quatrième trimestre. Entre fin septembre et fin décembre 2019, la courbe a diminué de 0,4 point, passant de 8,5% de la population active à 8,1%. Par catégorie d'âge, la baisse la plus marquée sur un an concerne les 25-49 ans (-0,8 point) avec un taux à 7,4%. Chez les plus de 50 ans, la baisse est évaluée à -0,6 point pour atteindre 5,8% à la fin du mois de décembre 2019.

En revanche, le chômage des jeunes est reparti à la hausse  (+0,7 point sur un an) pour atteindre 20%. Par genre, ce sont les femmes qui ont connu la plus forte baisse du taux de chômage (-0,8 point). Chez les hommes, la courbe a reculé de 0,4 point sur 12 mois.

Outre le maintien de l'activité, deux autres facteurs plus spécifiques sont à l'œuvre derrière ce repli du chômage. "L'écrasement tendanciel des gains de productivité sur une longue période a  permet d'enrichir la croissance en emplois. Et les politiques économiques et de l'emploi menées depuis plusieurs années ont permis de dynamiser ces créations" ajoute Hélène Baudchon.

Parmi les mesures et réformes citées par l'économiste figurent "la baisse du coût du travail, la réforme du code du travail, de l'assurance chômage, de la formation professionnelle et de l'apprentissage. Ces réformes forment un tout et sont complémentaires : certaines de leurs mesures mettent l'accent sur le volet 'flexibilité', d'autres sur le volet 'sécurité', l'un n'allant pas sans l'autre. D'un côté, les embauches et les licenciements sont facilités, de l'autre, l'accompagnement des actifs tout au long de leur carrière est amélioré. Le tout vise une fluidité plus grande du marché du travail ».

Le halo au sommet

En dépit de ces bons signaux, certains indicateurs montrent que le marché du travail est loin d'être bénéfique pour tous les actifs. Le (*)halo autour du chômage a atteint des records avec plus de 1,7 million de personnes recensées par les économistes de l'Insee. Cette catégorie statistique aux contours relativement flous a connu une hausse exponentielle entre avril et décembre avec 150.000 personnes supplémentaires. "A ce stade, il est difficile d'expliquer une telle hausse du halo"déclare l'économiste de BNP.

Certains économistes insistent tout de même pour les prendre en compte afin d'avoir une photographie plus complète du chômage. Dans un ouvrage sur l'économie française en 2020, les économistes de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) soulignent que "le manque d'emploi dans l'économie française comprend également les travailleurs à temps partiel subi, les chômeurs découragés, les chômeurs âgés dispensés de recherche d'emploi".

Baisses des créations d'emplois à venir

Concernant les perspectives, la baisse du taux de chômage pourrait ralentir. Dans leurs dernières prévisions économiques, les économistes de la Banque de France indiquent que les créations d'emplois devraient nettement chuter cette année, passant de 266.000 en 2019 créations à 153.000 en 2020 et 82.000 en 2021.

Reste à savoir si le taux de chômage pourra atteindre 7% à la fin du quinquennat comme l'a promis Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. Pour Hélène Baudchon, l'objectif de ramener le taux de chômage à 7% reste "réaliste si la croissance continue sur ce rythme. Mais avec une fin d'année 2019 en baisse et un premier trimestre rempli d'incertitudes, la croissance pourrait plus nettement marquer le pas en 2020".

(*) Le halo du chômage regroupe les personnes qui recherchent un emploi mais ne sont pas disponibles pour travailler, ainsi que des personnes qui souhaitent travailler mais qui n'ont pas effectué de démarche active de recherche d'emploi dans le mois précédent, qu'elles soient disponibles ou non.