Le déficit public s'enfonce à 9,4% sur l'année 2021, un record

Par Latribune.fr (avec AFP)  |   |  574  mots
Pour Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, le déficit public atteidra finalement 9,4% du PIB en 2021. (Crédits : Sarah Meyssonnier)
Le "quoi qu'il en coûte" continue de peser sur les comptes publics français. Le déficit a été réévalué à la hausse ce lundi par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et pourrait atteindre un niveau historique, loin des 3,1% d'avant-crise.

Les plans de soutien et de relance pour faire face à l'épidémie de Covid-19 continuent de d'aggraver le record historique du déficit public français. Pour l'année 2021, il devrait atteindre 9,4% du produit intérieur brut (PIB) - en hausse de 0,2% par rapport à 2020 - a détaillé lundi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une interview sur le plateau de la matinale de France 2. Prévu initialement à 8,5% du PIB, il avait été réévalué à la hausse en avril, à 9%. Avant la crise, le déficit s'était stabilisé à 3,1% en 2019 (voir graphique).

Bercy justifie ces 0,4% supplémentaires par un report de certaines dépenses de 2020 à 2021, par l'injection des premiers milliards du plan de relance dans l'économie et par le maintien des mesures de soutien à certains secteurs d'activité.

Ainsi, pour le seul dérapage budgétaire de l'Etat (hors déficit de la Sécurité sociale et des collectivités locales), celui-ci s'élève à 220 milliards d'euros en 2021, soit 47 milliards de plus que budgété dans le projet de loi initial.

15,5 milliards d'euros de rallonge


C'est dans ce contexte que le gouvernement présentera le mercredi 2 juin en Conseil des ministres le projet de loi de finances rectificative (PLFR). Il comprendra 15,5 milliards d'euros supplémentaires pour financer les aides d'urgence mises en place l'an dernier dans les premières semaines de la crise.

Dans le détail, 6,5 milliards d'euros permettront de financer l'activité partielle, 4 milliards d'euros financeront des exonérations de charges et 3,5 milliards d'euros le fonds de solidarité. "Ces nouvelles dépenses seront compensées, dès le PLFR, par de moindres dépenses ailleurs", a toutefois précisé le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt.

"Objectif 5% de croissance en 2021"

Ce déficit "est la prolongation de l'effort que nous avons fait pour protéger notre économie et en même temps l'accroissement de cette relance économique que nous voulons pour avoir ce 5% de chiffre de croissance qui reste notre objectif", a défendu Bruno Le Maire lundi sur France 2.

Pour autant, les premiers résultats de l'année 2021 ne dessinent pas encore une reprise. Le PIB s'est légèrement contracté de 0,1% au premier trimestre, selon l'Insee, qui tablait initialement sur une croissance de 0,4 % sur la période. L'activité et les investissements dans la construction ont marqué le pas. Le gouvernement espère un fort rebond à l'été, porté par la consommation des ménages. L'accélération de la vaccination, avec l'accès aux doses pour tous à partir de ce lundi 31 mai, doit appuyer cette stratégie.

Un coût de la dette soutenable

Le creusement du déficit devrait faire progresser le volume de la dette française, attendu à 117,2% du PIB cette année contre 115,1% l'an dernier. Son coût est aujourd'hui légèrement moins favorable qu'en 2020, lorsque l'Agence France Trésor, le bras armé de Bercy sur les marchés, pouvait emprunter à des taux négatifs. Ces taux oscillent actuellement entre 0,2 et 0,3 %. Mais pour Anthony Requin, le patron de l'AFT, « la dette est certes beaucoup plus élevée mais elle coûte beaucoup moins cher », rappelant que lors de la crise 2008-2009, la France empruntait à des taux compris entre 3 et 4%.

Reste que la réduction des dépenses de l'Etat défendue par Emmanuel Macron en début de mandat est mise entre parenthèses. Bercy avait prévu de réduire le déficit de l'Etat à 173,3 milliards d'euros en 2021, contre 182 milliards en 2020 et 85,7 milliards en 2019.