Le juge Trévidic avait prévenu : "le pire est devant nous"

Par latribune.fr  |   |  394  mots
Marc Trévidic
L'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic avait redouté, dans un entretien à Paris Match le mois dernier, de nouveaux attentats en France.

"Nous sommes devenus pour l'Etat islamique (EI) l'ennemi numéro un". Dans un entretien à Paris Match, publié début octobre, le juge antiterroriste Marc Trévidic, avait presque prédit ce qui s'est produit vendredi 13 novembre à Paris. "Nous sommes désormais dans l'oeil du cyclone. Le pire est devant nous". Selon lui, la France est "particulièrement vulnérable du fait de notre position géographique, de la facilité d'entrer sur notre territoire pour tous les djihadistes d'origine européenne, Français ou non, et du fait de la volonté clairement et sans cesse exprimée des hommes de l'EI de nous frapper".

Marc Trévidic a aussi mis l'accent dans Match sur les failles de nos dispositifs de sécurité, qui inquiètent tous les spécialistes depuis des années : "il faut le dire : devant l'ampleur de la menace et la diversité des formes qu'elle peut prendre, notre dispositif de lutte antiterroriste est devenu perméable, faillible et n'a plus l'efficacité qu'il avait auparavant". Il abordait ainsi un des sujets majeurs qui va occuper les esprits et la classe politique : comment de tels attentats menés par une "armée terroriste", comme l'a déclaré François Hollande lui-même, installée au coeur de notre pays, est possible. Déjà, Nicolas Sarkozy a prévenu : "nous avons besoin d'inflexions majeures pour que la sécurité des Français soit assurée", appelant à un "renforcement drastique".

L'ancien juge évoquait dans son entretien des "actions d'envergure" car "les hommes de Daech ont les moyens, l'argent et la faculté d'acquérir facilement autant d'armes qu'ils le veulent et d'organiser des attaques de masse (...) Le terrorisme est une surenchère ; il faut toujours aller plus loin, frapper plus fort"... Notre ennemi s'appelle donc Abou Bakr al-Baghdadi, qui selon Marc Trévidic ne va pas se "satisfaire longtemps d'opérations extérieures de peu d'envergure."

L'ancien juge antiterroriste sait de quoi il parle : l'an passé, il avait démantelé un réseau de djihadistes qui, selon lui, voulait créer un commando de dix "Merah", "autonomes, opérant simultanément sur l'ensemble du territoire". Les politiques sont-ils à la hauteur de ce défi ? "Les politiques prennent des postures martiales, mais ils n'ont pas de vision à long terme. Nous, les juges, les policiers de la DGSI, mes hommes de terrain, nous sommes complètement débordés."