Le pessimisme règne chez les dirigeants de TPE-PME

Par Fabien Piliu  |   |  666  mots
Dans le secteur des TPE et PME, une majorité de dirigeants voient plutôt le verre à moitié vide.
Interrogés par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe 1 dans le cadre de « La grande consultation », les dirigeants d'entreprises témoignent de leur pessimisme. Les perspectives d'embauches restent très maussades. L'inquiétude est particulièrement vive chez les plus petites entreprises.

Le climat des affaires mesuré par l'Insee a beau se redresser, les chefs d'entreprises ont toujours aussi peu le moral. Selon le baromètre réalisé en janvier par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe 1 dans le cadre de " La grande consultation ", les dirigeants d'entreprises affichent un optimisme moindre par rapport à novembre. L'indicateur qui mesure cette confiance est en effet en baisse et touche un plancher inédit depuis la création du baromètre.

Tous les indicateurs sont dans le rouge. L'impact des attentats du mois de novembre est palpable chez les professionnels, " même si seuls 17% ont constaté un impact sur leur chiffre d'affaires, 33% de celles-ci déclarent un impact supérieur à 20%, et dans l'hôtellerie restauration quelque 54% des entreprises touchées évaluent un impact entre 10% et 20% ", observe Opinion Way.

Que ce soit dans l'économie mondiale (25%, -8 points), dans la capacité de rebond de l'économie française (18%, - 4 points) ou, plus grave, dans leur propre entreprise (59%, -4 points), tous les indicateurs de confiance sont en baisse. En janvier, 13% seulement des chefs d'entreprises estimaient faire preuve d'audace. " Les résultats de cette enquête indiquent que les chefs d'entreprises sont à la fois inquiets pour l'économie mondiale, pour l'économie française et pour leur propre entreprise. C'est une situation rare. Le plus souvent, ce pessimisme ne se propage pas jusqu'à l'entreprise ", constate André Marcon, le président de CCI France.

Les dirigeants de TPE et de PME sont les plus inquiets

Mais l'inquiétude recule en fonction de la taille de l'entreprise. Là encore, pas de surprise, la proportion la plus élevée de dirigeants "audacieux" se cache dans les entreprises de plus de 200 personnes où elle s'élève à 33%. Point à signaler, le pessimisme varie peu selon les secteurs. " L'inquiétude est plus fortes chez les TPE et les PME que chez les ETI qui peuvent souvent compter sur leur déploiement à l'international pour échapper à la morosité hexagonale ", poursuit André Marcon. Preuve de ce décalage, le 53ème Observatoire Banque Palatine des PME-ETI réalisé par OpinionWay et Challenges témoigne d'une bouffée d'optimisme de la part des dirigeants d'ETI en ce début d'année.

Pour expliquer cette situation, André Marcon avance l'hypothèse suivante. " Il y a un an, tous les experts indiquaient que les planètes étaient enfin alignées. La baisse des prix des matières premières, la dépréciation de l'euro face au dollar et un accès moins contraint au crédit devaient faire des étincelles. Or, les effets positifs de cette conjonction d'éléments favorables ne sont pas visibles. Les attentats ont ajouté à l'inquiétude et au sentiment de frustration ».

Des perspectives peu optimistes

Les perspectives sont-elles heureuses ? Pas vraiment. Seuls 39% des entrepreneurs, contre 43% en novembre, anticipent une amélioration de la conjoncture. Sans surprise, au regard de la situation,  il y a plus d'entrepreneurs qui déclarent vouloir réduire le nombre de salariés (6%) que l'augmenter (5%), " ce qui là aussi nous ramène un an en arrière ", observe l'institut de sondage. Ils sont 89% à déclarer vouloir maintenir le nombre de leurs salariés. Malheureusement, l'inversion de la courbe du chômage n'est pas prête de se réaliser.

Dans ce contexte, quelle serait la solution miracle ? Les chefs d'entreprises formulent plusieurs propositions. La moitié des dirigeants interrogés souhaitent des délais supplémentaires pour le paiement des charges fiscales et sociales. Ils sont 37% à plaider pour la mise en place d'une campagne nationale de promotion du commerce de proximité et des professionnels du tourisme et 27% à réclamer des rétrocessions des taxes municipales. Enfin, conséquence directe des récents attentats, 16% d'entre eux veulent un renforcement de la sécurité pour la clientèle, via une meilleure visibilité des forces de l'ordre.

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