Le quinquennat débute par une reprise en trompe-l’œil

Par Fabien Piliu  |   |  744  mots
Selon l'Insee, le PIB progresserait de 1,6% cette année. le début de quinquennat d'Emmanuel Macron commence mieux que celui de François Hollande.
Selon l'Insee, le PIB pourrait progresser de 1,6% cette année. Cette reprise s'expliquerait par un commerce extérieur un peu moins pénalisant et une variation positive des stocks.... Seule réelle bonne nouvelle, le chômage recule. Un peu.

La reprise pointe enfin le bout de son nez. Selon l'Insee, qui dévoile sa dernière note de conjoncture ce mardi soir, le PIB progresserait de 1,6% cette année. Du jamais-vu depuis 2011 ! Si ces prévisions se réalisent, l'activité progresserait à un rythme un peu plus élevé que celui prévu par la loi de finances 2017. Selon Michel Sapin, le dernier ministre de l'Economie et des Finances de François Hollande, le PIB devait augmenter de 1,5% cette année.

Le début du quinquennat d'Emmanuel Macron commence plutôt bien. Entre 2012 et 2017, jamais le PIB n'a progressé à un tel rythme. A titre de comparaison, la croissance fut nulle en 2012, lors de la première année du quinquennat de François Hollande. L'année dernière, le PIB a progressé de seulement 1,1%, très loin du 1,5% espéré et sur lequel a été bâti la loi de finances 2016. En 2015, c'est une croissance de seulement 1% de l'activité que l'Institut avait observé, marquée par un commerce extérieur en panne sèche qui a retiré 0,8 point de PIB à l'activité.

Le commerce extérieur souffre un peu moins

Celui-ci retrouvera-t-il des couleurs en 2017 ? Selon l'Insee, il n'ôterait que 0,3 point de PIB à la croissance. Si la France profitera bien de la reprise mondiale en cours, et en particulier dans la zone euro, ce sera donc a minima. En concurrence frontale avec les produits allemands, le made in France souffre toujours de la comparaison. En outre, la France ne peut compter que sur 120.000 entreprises quand l'Allemagne en dispose du triple.

Et pourtant, à bien observer les statistiques de l'Insee, on se rend vite compte que c'est grâce à cette "moindre" déconvenue du commerce extérieur ainsi qu'à une variation positive des stocks de 0,4 point que le PIB progresserait plus vite cette année. En effet, la consommation des ménages, le principal moteur de la croissance puisqu'elle représente 34% du PIB, devrait décélérer nettement (+1,2% après +2,1%). L'investissement ? Il avancerait de 2,3% contre 2,7% en 2016. Quant aux dépenses des administrations publiques, elles augmenteraient de 1,3%, soit 0,1 point de plus que l'année dernière.

Le pouvoir d'achat et le taux de marge s'érodent

On le voit, il est bien nécessaire de relativiser la reprise en cours. Certes, la variation des stocks témoigne bien d'un certain dynamisme. Mais il faudrait que cette reconstitution des stocks soit une tendance lourde pour pouvoir pleinement s'en réjouir. Par ailleurs, deux autres indicateurs méritent d'être observés avec vigilance : le pouvoir d'achat des ménages et le taux de marge des entreprises.

Selon l'Insee, le pouvoir d'achat du revenu disponible brut serait en hausse de 1,1% en 2017, soit 0,7 point de moins qu'en 2016. En cause ? Le retour de l'inflation et une pression fiscale accrue. Alors que l'indice des prix à la consommation a reculé de 0,1% en 2016, il augmenterait de 1,1% en 2017. De leur côté, les impôts sur le revenu et le patrimoine gagneraient un point pour augmenter de 2,1%.

Après deux années de redressement, le taux de marge reculerait de 0,3 point pour s'établir à 31,6% de la valeur ajoutée. Là encore, si ce phénomène perdure - et si la Banque centrale européenne (BCE) resserre les conditions de crédit, probablement début 2018 - la reprise de l'investissement se conjuguera vite au passé. La reprise en cours est donc fragile.

Un repli du taux de chômage

Au regard de l'ensemble de ces résultats, si l'on ne devait retenir qu'une seule chose, ce serait que l'inversion de la courbe du chômage est bel et bien en train de se produire, quatre ans après avoir été annoncée. En effet, l'Insee anticipe une nouvelle baisse du nombre de demandeurs d'emplois au second semestre. "La croissance de l'activité et les politiques d'allègement du coût du travail stimuleraient de nouveau l'emploi qui augmenterait encore nettement en 2017 (+220 000). Cette hausse entraînerait une poursuite de la baisse du taux de chômage, de 0,6 point sur un an, à 9,4 % de la population active française en fin d'année", indique l'Institut. A noter, si 199.000 postes seraient créés dans le tertiaire, 20.000 seraient détruits dans l'industrie.

Pour le gouvernement, cette reprise, même si elle n'est que statistique, constitue une bonne nouvelle, surtout si elle s'accompagne d'un retour des embauches. C'est un élément de plus pour restaurer un climat de confiance sans lequel toute ambition de transformer l'économie française pourrait être vaine.