Le record historique de jours sans pluie inquiète les scientifiques et le gouvernement

Par latribune.fr  |   |  729  mots
La sécheresse hivernale pourrait menacer les cultures de blé et de maïs cet été si les nappes phréatiques ne parviennent pas à se remplir. (Crédits : Reuters)
Avec un record historique de 32 jours sans véritable pluie, la sécheresse bat un nouveau record dans l’Hexagone. Et ce manque d’eau à un moment crucial pour le remplissage des nappes phréatiques alarme les scientifiques et le gouvernement qui craignent des conséquences néfastes pour l’agriculture et envisagent des restrictions d'usage de l'eau dès mars.

Triste record. La France métropolitaine n'a pas connu de véritable pluie pendant 32 jours. Il s'agit, selon Météo-France, de la plus longue sécheresse météorologique jamais enregistrée.

Du 21 janvier au 21 février, le cumul des précipitations agrégé sur la métropole a été tous les jours inférieur à 1 mm, soit « la plus longue série depuis le début des mesures en 1959 », a indiqué l'organisme public. Cette série consécutive dépasse désormais celle de l'année 2020, survenue pendant 31 jours entre le 17 mars et le 16 avril, en plein premier confinement du Covid-19.

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Une sécheresse hivernale alarmante

Le passage mercredi d'une zone faiblement pluvieuse, arrivée par l'ouest du pays, devrait toutefois y mettre un terme, sans toutefois nourrir l'optimisme: « le mois de février 2023 devrait se terminer avec un déficit pluviométrique de plus de 50%, devenant ainsi l'un des mois de février les plus secs, jamais enregistrés », a d'ores et déjà prévu Météo-France. L'épisode est d'autant plus préoccupant qu'il survient en hiver, période de recharge cruciale des nappes phréatiques, dans un contexte de déficit chronique de précipitations depuis août 2021 et après une sécheresse et des canicules exceptionnelles en 2022, illustrant les conséquences du réchauffement climatique.

Outre ce record de février, cette sécheresse météorologique inquiète particulièrement les scientifiques par sa longue durée. « Depuis août 2021, tous les mois sont déficitaires en pluie à l'exception de décembre 2021, juin 2022 et septembre 2022 », selon Météo-France.

« En plus du manque de pluie, il fait plus chaud que la norme en France depuis douze mois d'affilée », et « février pourrait être le treizième de cette série inédite » depuis les premières données fiables de 1947, ajoute le service de prévisions national.

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Des dégâts potentiels sur l'agriculture

Les agriculteurs pourraient notamment pâtir de la sécheresse. Suite au manque d'eau très important cet été, le ministère de l'Agriculture avait constaté un recul des productions pour certains fruits et légumes, en termes de quantités ou de qualité. Cela concernait par exemple les concombres, les courgettes ou encore les melons. Lors d'une conférence de presse en août, Marc Fesneau alors ministre de l'Agriculture avait ajouté que « en ce qui concerne le maïs grain, on est sur une baisse estimée de plus de 18% de la production à date, du mois d'août 2022 par rapport à l'an dernier ».

Une baisse de production qui s'est avérée menaçante pour l'élevage « puisque les éleveurs mobilisent traditionnellement les fourrages, les prairies ou le maïs qu'ils produisent eux-mêmes pour nourrir leurs bêtes, on a un problème d'alimentation animale (...) Ils ont l'habitude d'y faire face en hiver mais là, on est en plein mois d'août », avait-il explicité sur France Info.

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Face à ces menaces pour l'agriculture française, l'Etat avait dû déclencher le régime des calamités agricoles et verser des aides compensatoires aux agriculteurs impactés par le manque d'eau et les mauvaises récoltes.

Des restrictions d'eau pourraient venir dès mars

Pour éviter de se retrouver dans un tel scénario l'été prochain, le gouvernement a prévenu qu'il pourrait prendre des mesures préventives. « La France est en état d'alerte », a reconnu ce mercredi 22 février le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur Franceinfo, en première ligne pour affronter les tensions déjà constatables sur l'usage de l'eau. « On a environ 2 mois de retard en termes de remplissage » des nappes phréatiques, a ajouté le ministre, qui va réunir lundi des préfets pour « prendre des mesures de restriction qui soit "soft" dès le mois de mars pour éviter de se retrouver dans des situations catastrophiques d'arbitrage » à l'approche de l'été.

Des départements sont déjà en souffrance : les Pyrénées-Orientales en alerte sécheresse sans discontinuer depuis juin et la majorité du Var, à son tour placée en alerte sécheresse vendredi.

(Avec AFP)