Budget : le Sénat récuse le "sérieux" de Bercy

Par Fabien Piliu  |   |  397  mots
Les chiffres présentés par Michel Sapin (photo) et le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, ont été remis en cause par Albéric de Montgolfier, rapporteur général LR de la Commission des finances du Sénat
Par la voix de son rapporteur, Albéric de Montgolfier, la Commission des Finances du Sénat met en doute la fiabilité des chiffres avancés dans le domaine budgétaire jeudi par Michel Sapin, le ministre des Finances.

Jeudi, Michel Sapin annonçait avec enthousiasme une réduction solide du déficit public, de 14,5 milliards d'euros précisément. Avec Christian Eckert, le secrétaire d'Etat au Budget, le ministre de Finances s'est dit satisfait du " sérieux " de la gestion budgétaire du gouvernement, la comparant de manière acerbe avec celle appliquée lors du quinquennat précédent.
Cet enthousiasme ne semble pas communicatif. En effet, Albéric de Montgolfier, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat remet en cause la politique budgétaire de la France.

Quand le programme des investissements d'avenir gonfle la facture

Dans un communiqué de presse, le sénateur Les Républicains d'Eure-et-Loir indique " qu'aucune amélioration du déficit budgétaire de l'État ne pouvait être constatée en 2015 si l'on exclut les dépenses exceptionnelles. En effet, l'exercice 2014 avait vu le déploiement du deuxième volet du programme d'investissement d'avenir (PIA 2), conduisant à ce que le déficit de l'État atteigne 85,6 milliards d'euros. Hors PIA, le déficit budgétaire s'élevait à 70,3 milliards d'euros en 2014 et à 70,5 milliards d'euros en 2015 ; aussi, le déficit de l'État a-t-il stagné entre 2014 et 2015 ".

Outre ce qu'il semble considéré comme une omission volontaire de la part des deux ministres, Albéric de Montgolfier explique, comme il l'avait fait lors de l'examen du projet de loi de finances rectificative en décembre, que " l'exécution 2015 a été marquée par des évolutions favorables ne dépendant pas de la gestion budgétaire du gouvernement ".

Une augmentation du produit des amendes

Quelles sont-elles ? Le sénateur évoque le recul de la charge de la dette, lié à la diminution des taux d'intérêt, la réduction de la contribution de la France au budget de l'Union européenne et une augmentation non prévue des recettes non fiscales, parmi lesquelles figure notamment le produit des amendes.

" Un tel constat ne laisse pas d'inquiéter et vient rappeler, une fois encore, que l'amélioration des comptes publics n'est pas assurée et ne saurait reposer sur de simples économies de constatation ainsi que sur la méthode du « rabot » ; aussi le gouvernement devra-t-il donner plus de substance à son programme d'économies, en engageant les réformes de structure nécessaires à un ralentissement pérenne de la dépense publique ", indique le sénateur.