Le variant « Delta Plus » inquiète, tandis que la France peine à tenir le rythme de la vaccination

Par latribune.fr  |   |  731  mots
"Nous vaccinons 200.000 personnes par jour" en primo-injection, "c'est trop peu", a regretté le Premier ministre à Mont-de-Marsan jeudi. (Crédits : HANNAH BEIER)
Le variant indien Delta du Covid-19 est en passe de dominer en Europe d'ici août, selon les prévisions. Dans ses pas, pointe déjà une sous-lignée avec une contagiosité plus importante. Pour éviter le relâchement, les Etats sont contraints de poursuivre la vaccination à tour de bras. Or, en France, l'exécutif est confronté à un ralentissement. Il s'est pourtant fixé un objectif de 35 millions de personnes complètement vaccinés d'ici la fin août (contre 19,6 millions actuellement).

Après le variant « Delta » d'Inde, le variant britannique Alpha, les Beta et Gamma, selon les appellations de l'OMS, le variant Kappa, voici la mutation « Delta Plus » qui a fait son apparition. Repérée dans plusieurs pays, cette variante inquiète en raison de sa contagiosité plus forte. Aussi, toujours selon l'Organisation mondiale de la santé, seule la sous-lignée Delta du variant du Covid-19, détecté pour la première fois en Inde, est considérée comme "préoccupante."

Depuis sa découverte en fin d'année dernière, le variant Delta a été signalé dans 85 pays, selon l'OMS. L'Union européenne n'y échappe pas. Déjà, le Delta devrait représenter 90% des nouveaux cas de Covid-19 dans l'Union européenne d'ici fin août, a estimé le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), qui en appelle à la vigilance.

Mais ce Delta d'origine, le variant B.1.617, considéré comme partiellement responsable de l'explosion de la pandémie en Inde compte trois sous-lignées distinctes, selon l'OMS.

Le Portugal, frappé de plein fouet par le variant Alpha en début d'année, se retrouve à nouveau en première ligne face au Delta, qui menace de provoquer une quatrième de vague de contagions et de restrictions. Le pays a déjà recensé une vingtaine de cas de variant dit "Delta plus", selon la ministre de la Santé Marta Temido.

Le risque du relâchement pendant l'été

"Il est très probable que le variant Delta circule largement pendant l'été, en particulier chez les jeunes qui ne sont pas ciblés par la vaccination", a averti Andrea Ammon, la directrice de l'agence européenne des maladies.

Les modélisations de l'agence prévoient que le variant Delta représente 70% des nouvelles infections dans l'UE d'ici début août et 90% d'ici fin août, a indiqué le centre dans une note.

Selon les scénarios de l'agence, "tout relâchement au cours de l'été des mesures non pharmaceutiques qui étaient en place dans l'UE/EEE au début du mois de juin pourrait entraîner une augmentation rapide et significative du nombre de cas quotidiens dans tous les groupes d'âge".

Cette augmentation conduirait à une hausse des hospitalisations et des décès, "qui pourrait atteindre les mêmes niveaux qu'à l'automne 2020 si aucune mesure supplémentaire n'était prise", avertit l'ECDC.

A ce jour, environ 30% des plus de 80 ans et quelque 40% des plus de 60 ans dans l'Union européenne ne sont pas encore complètement vaccinés, d'après l'ECDC, qui regroupe les 27 pays de l'Union européenne ainsi que la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein, trois pays de l'Espace économique européen (EEE).

Le ralentissement préoccupe le gouvernement en France

Mais plutôt que l'accélération, la France se trouve plutôt dans un scénario inverse. Jean Castex a ainsi déploré jeudi la baisse du nombre de premières doses de vaccin injectées chaque jour, exhortant à "faire beaucoup mieux", lors d'un déplacement dans les Landes où un "plan d'action renforcé" va être déployé en raison d'un regain de l'épidémie de Covid.

"Nous vaccinons 200.000 personnes par jour" en primo-injection, "c'est trop peu", a regretté le Premier ministre à Mont-de-Marsan, en observant que "les prises de rendez-vous" étaient "en décélération".

A première vue, la France vaccine toujours à tour de bras, avec près de 700.000 injections quotidiennes. Mais la cadence n'est maintenue que par les deuxièmes doses, tandis que le nombre de primo-vaccinés fond comme neige en été: plus de 400.000 par jour début juin, à peine plus de 200.000 cette semaine.

Il a lancé un "appel solennel" aux soignants qui ne seraient pas encore vaccinés. "Il est impératif que les soignants, les personnels de ces Ehpad soient tous vaccinés, on va dire d'ici la fin du mois d'août (...), à défaut de quoi nous devrions évidemment prendre nos responsabilités", a plaidé M. Castex, sans toutefois se prononcer clairement sur la possibilité de rendre obligatoire cette vaccination.

"On a fait beaucoup mieux, on doit faire beaucoup mieux", a-t-il affirmé.

L'exécutif s'est fixé comme objectif de 35 millions de Français complètement vaccinés d'ici la fin août (19,6 millions actuellement), et de 40 millions de premières doses injectées (32,7 millions actuellement).

(Avec AFP)