Législatives : les femmes occupent les deux cinquièmes de l'hémicycle, un record

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  734  mots
La numéro deux du MoDem, Marielle de Sarnez,également ministre chargée des Affaires européennes, a été élue dimanche pour la première fois députée à l'Assemblée nationale.
INFOGRAPHIES - Quelque 224 femmes font leur entrée à l'Assemblée nationale cette année, une record après les 155 de 2012. La France passe ainsi de la 63e à la 16e place mondiale pour le respect de la parité femmes-hommes.

(Article publié le 19 juin à 16h07, mis à jour le 20 juin à 10h47)

S'il fallait trouver un mot pour qualifier les élections législatives de cette année, ce serait "inédites". Inédite, la majorité massive obtenue par un parti La République en marche (LREM) qui, avec à peine plus d'un an d'existence, totalise 308 sièges. Inédite, la déroute des partis traditionnels. Les Républicains (LR) obtenant seulement 112 sièges, soit moins que les 127 députés du RPR en 1988. Quant au Parti socialiste (PS), il obtient 30 sièges, soit près de deux fois moins que lors de la débâcle de 1993, qui n'avait porté à l'Assemblée nationale que 52 députés. Enfin, inédite, la part des femmes élues députées.

■ 224 femmes dans l'hémicycle

Le précédent record datait de la dernière mandature (2012-2017), où l'Assemblée nationale était composée de 155 députées. Cette année, 224(*) femmes ont été élues, occupant ainsi près de deux sièges sur cinq (38,82%).

Cette progression fait passer la France de la 63e place mondiale (ex-æquo avec l'Algérie, le Honduras et le Turkménistan) à la 16e place, devant des pays habituellement valorisés sur les questions de l'égalité femmes-hommes comme le Danemark (21e). Elle se hisse seulement à moins d'un point de la Norvège (12e), qui a porté 39,6% de femmes à l'unique chambre de son parlement, mais reste encore loin de la Suède (6e avec 43,6%), selon le classement de l'Union interparlementaire, mis à jour le 1er juin (pour rappel, l'élection britannique du 8 juin a porté 32% de femmes à la Chambre des communes).

■ Près des deux tiers sont des députées LREM

Arrivée largement en tête, c'est sans surprise La République en marche qui totalise le plus de députées, avec 143 femmes qui ont remporté le second tour dimanche, soit 64% de l'ensemble des élues. La marche est en revanche vertigineuse entre la première et la seconde formation politique qui compte le plus de femmes dans ses rangs. Deuxième parti à l'Assemblée, Les Républicains n'ont que 27 élues.

■ Le MoDem est la formation la plus paritaire

Le Parti radical de gauche (PRG) détient la plus grande proportion de femmes, car les trois sièges remportés par le parti sont occupés par des députées. Reste que la formation politique qui se rapproche le plus de la parité est le MoDem. Le parti de François Bayrou a obtenu 42 sièges dont 20 sont occupés par des femmes, soit près de 48%.

■ La droite et le centre comptent le moins de femmes dans leurs rangs

Une fois encore, la droite pêche par son manque de paritarisme. Seuls 40% des candidats LR étaient des femmes pour ce scrutin. De plus, selon Les Décodeurs du journal Le Monde, les femmes étaient davantage envoyées au casse-pipe - les circonscriptions les plus difficiles à gagner - chez LR que dans les autres formations. Le parti a investi des femmes dans les deux tiers (64%) des circonscriptions qui lui étaient les plus défavorables.

Résultat, malgré les 112 députés obtenus, la droite ne compte que 27 élues, soit 24%. Les centristes de l'UDI ne font guère mieux, avec 3 députées pour 18 sièges gagnés au total, soit à peine 17%.

■ Quelles sanctions pour les partis qui ne respectent pas la parité ?

Depuis 2000, les partis doivent présenter autant d'hommes que de femmes à toutes les élections, avec une marge de 2%. Dans le cas contraire, ils écopent d'une sanction consistant en une réduction de leurs aides publiques. A noter que, bien évidemment, cette obligation ne concerne que les investitures, les partis ne pouvant déterminer le résultat d'un scrutin.

Depuis 2012, les partis représentés au Parlement ont perdu au total près de 23 millions d'euros, selon Le Parisien. Plus mauvais élèves de la classe, Les Républicains (ex-UMP) totalisent 64% des pénalités, perdant 3,5 millions d'euros pour la seule année 2016. A noter que les partis présentant trop de femmes, comme le parti de Nicolas Dupont-Aignan Debout la République (devenu Debout la France) en 2012 -avec 55,4% de candidates présentées- sont également pénalisés.

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(*) Suite à un recomptage à Mayotte lundi, la candidate PS Ramlati Ali a finalement remporté le scrutin au détriment du candidat LR. Dimanche soir, 223 femmes ont été élues. Madame Ali est donc la 224e.