Pass sanitaire : les antipass et antivax mobilisent toujours plus, surtout dans le Sud

Par Jérôme Cristiani  |   |  1043  mots
Manifestation contre le pass sanitaire à Montpellier, le samedi 7 août 2021. (Crédits : Reuters)
D'une semaine sur l'autre, la mobilisation réunissant les antipass et les antivax contre le pass sanitaire et la vaccination obligatoire des soignants ne faiblit pas (elle a même plus que doublé en quatre semaines). Pour le 4e samedi consécutif de manifestations, elle augmente encore dans toute la France, particulièrement dans de grandes villes du sud de l'Hexagone (à Toulon surtout, mais aussi à Nice, Montpellier, Perpignan, Marseille...). Ce dimanche, à la veille de la mise en application du pass sanitaire, le ministre de la Santé, Olivier Véran, annonce des assouplissements.

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, réputés pour ne jamais valoriser le nombre de manifestants dans les cortèges, la mobilisation contre l'extension du pass sanitaire et contre la vaccination obligatoire des soignants a encore progressé pour le 4e samedi consécutif. Le premier samedi de mobilisation, le 17 juillet, le ministère avait compté 110.000 manifestants répartis dans toute la France, le samedi 24 juillet, ils étaient 161.000, le 31 juillet, 204.000 et, ce samedi 7 août, ils étaient 237.000 à battre le pavé.

Soit 33.000 de plus que la semaine précédente, alors que les autorités attendaient un nombre stable, rapporte l'AFP, de source policière. Et l'on voit que la mobilisation a plus que doublé en 4 semaines, en pleine période estivale.

Cette nouvelle journée de mobilisation survient après la décision du Conseil constitutionnel, annoncée jeudi 5 août, qui a validé l'essentiel de la loi pour l'extension du pass sanitaire à de nouveaux lieux publics (dont les bars, les restaurants ainsi que les centres commerciaux) dès ce lundi 9 août, et à mettre par ailleurs en place une vaccination obligatoire pour les soignants. Cette loi a été publiée vendredi au Journal Officiel. (lire en pied d'article les assouplissements annoncés par Olivier Veran dans Le Parisien, ce dimanche)

À Paris, quatre manifestations contre l'extension du pass sanitaire ont eu lieu ce samedi dans la capitale, encadrées par un large dispositif policier. Les quatre cortèges ont mobilisé au total 17.000 manifestants. Dont 11.000, selon le ministère de l'Intérieur, ont participé au rassemblement à l'initiative de Florian Philippot, ancien numéro 2 du FN (devenu RN) et président des Patriotes, qui a appelé à "dégager intégralement" le gouvernement.

Forte mobilisation dans le Sud de la France

Dans le tableau général, on note cependant une surreprésentation du sud de l'Hexagone. Pour donner un ordre d'idées, si Paris a donc vu défiler 17.000 manifestants (pour une population intra-muros de 2,6 millions d'habitants), une ville moyenne comme Toulon en a mobilisé quelque 19.000 (pour une population de 168.000 habitants).

De fait, samedi 7 août, avec 47.000 manifestants, l'affluence était forte dans le sud-est. Dans le détail, selon les premiers chiffres de la police et des préfectures, ils étaient -outre Toulon- près de 10.000 à Nice, 8.000 à Montpellier, au moins 6.000 à Marseille, 5.000 à Valence, 5.800 à Perpignan, 2.500 à Aix-en Provence; à Lyon, ils étaient 2.450 en deux cortèges, et 2.500 à Grenoble.

En Bretagne, ils étaient 2.000 à Brest et 3.000 à Rennes selon Ouest-France, et 3.000 à Vannes selon Le Télégramme.

Environ 3.500 personnes selon les autorités ont manifesté à La Réunion, sous confinement partiel et couvre-feu strict depuis le 31 juillet.

Peu d'incidents ont été constatés, avec seulement 35 interpellations et sept blessés légers parmi les forces de l'ordre, sur un total de 198 actions. À 20 heures, huit personnes avaient été placées en garde à vue à Paris, dont un mineur, selon le parquet.

Une foule hétérogène mêlant antivaccins et provaccins anti-pass sanitaire

Pompiers en tenue, soignants en blouse, "gilets jaunes" ou électeurs d'extrême droite... C'est une foule très hétérogène qui a défilé tout l'après-midi, rapporte l'AFP qui a suivi les cortèges. S'y mêlaient des manifestants totalement opposés à la vaccination avec des pro-vaccins mais opposés à l'extension du pass sanitaire.

Nombreux sont ceux qui considèrent l'imposition et l'extension du pass sanitaire comme une manière déguisée d'obliger les gens à se faire vacciner contre leur gré. Ils sont totalement opposés à l'obligation de devoir présenter à partir de demain un certificat de vaccination, un test PCR négatif au Covid-19 ou un certificat de rétablissement de la maladie pour pouvoir accéder dans un café ou un restaurant, une salle de spectacles, pour se rendre dans un salon professionnel, ou encore pour faire un long trajet à bord d'un avion, train ou autocar.

Ces rassemblements ont eu lieu au lendemain d'un nouvel appel pressant lancé par Emmanuel Macron aux Français - "Faites-vous vacciner", répété trois fois - alors que 66% de la population a reçu au moins une dose de vaccin.

Un contexte d'augmentation et de nouvelle aggravation de la pandémie

Les autorités (Santé publique France) font valoir que le nombre des hospitalisations en soins critiques continue d'augmenter (plus de 1.510 patients samedi, contre 1.099 il y a une semaine). Le nombre des hospitalisations est ainsi monté à 8.425 contre 8.368 vendredi. La situation se dégrade en particulier dans les Antilles, et notamment en Guadeloupe, confinée depuis mercredi.

Sur son compte Twitter, Guillaume Rozier, le fondateur de VIteMaDose et CovidTracker qui suit de près tous les chiffres de la pandémie, a souligné l'accélération nette de l'épidémie en France, "sur un plateau montant", notamment l'augmentation hebdomadaire de 38,5% des admissions à l'hôpital, et de 50% en soins critiques. Il note également l'augmentation significative du nombre de décès dus au Covid-19, en hausse de 29% sur une semaine (le chiffre du total des décès en France dus au Covid a atteint 112.222 décès).

Olivier Véran assouplit l'application du pass sanitaire

Dans une interview au Parisien publiée ce dimanche, le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé des assouplissements dans l'application du pass sanitaire, notamment qu'"un dépistage négatif sera valide 72 heures et non plus 48 heures pour les non-vaccinés".

Déjà exigé dans les lieux de culture depuis fin juillet, le pass sanitaire prend la forme d'un QR code témoignant d'un schéma vaccinal complet, de la négativité d'un test Covid-19 ou du rétablissement de la maladie.

Autre assouplissement:

"Il sera possible d'effectuer des autotests supervisés par un professionnel de santé, en plus des tests antigéniques et PCR. Eux aussi seront valables 72 heures".

Le pass ne sera pas demandé pour une visite chez un médecin généraliste, a rappelé le ministre. En revanche "dans les hôpitaux, il le sera mais en aucun cas il ne devra être un frein pour accéder à des soins utiles et urgents", a-t-il dit.

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(avec AFP)