Roi de l'hybride avec le succès planétaire de la Prius et ses plus de 20 millions d'exemplaires vendus, Toyota, premier constructeur à avoir parié sur la bimotorisation thermique/électrique en 1997, a accumulé une considérable expérience en 25 ans d'expertise dans ce domaine de la mobilité électrique. Et pourtant, malgré cela, le passage à la voiture 100% électrique sur batterie est tout sauf évident pour le constructeur japonais, numéro deux mondial derrière Volkswagen.
Ce n'est qu'en avril 2021, alors que le marché avait amorcé sa bascule, que le groupe a annoncé son premier véhicule 100% électrique à batterie. Ce virage stratégique majeur concluait un cycle qui avait vu la déception face aux difficultés à mettre au point le véhicule à hydrogène (pile à combustible) dans lequel le groupe voyait la clé de son avenir décarboné, un cycle qui voyait aussi le concurrent Volkwagen - à qui il dispute le rang de numéro un mondial - se lancer dans la course à l'électrique, mais encore tout un pays, aussi vaste que la Chine se jeter à corps perdu dans l'électromobilité... Difficile de rester à l'écart.
Ainsi, tout en présentant un concept car, le bZ4X, le groupe dirigé par Akio Toyoda, annonçait alors pas moins de 15 modèles d'ici à 2025, dont 7 siglés « bZ » [pour « beyond Zero (émission), « au-delà du zéro (émission) »].
Voiture 100% électrique : l'extrême prudence du numéro 2 mondial
Et si le constructeur japonais compte vendre au total 10% d'électriques et 80% d'hybrides (rechargeables compris) en Europe en 2025, puis 50% d'électriques dans l'Europe élargie en 2030, il n'a cependant cessé de réaffirmer son attachement aux modèles hybrides historiques, dont la nouvelle Prius (voir plus bas). Et, ce faisant, il n'a pas cessé non plus de multiplier les mises en garde stratégiques face à l'évolution actuelle du marché automobile :
« Il n'y a aucun doute que les électriques joueront un rôle grandissant dans la transition vers un marché européen à zéro émissions d'ici 2035 », tel que l'a enteriné le Parlement européen, a indiqué le PDG de Toyota Europe Matt Harrison.
Et d'ajouter, en mettant l'accent sur l'environnement et la confiance des clients :
« Mais je pense qu'il est trop tôt, et peut-être trop risqué pour l'environnement comme pour nos clients, de mettre tous nos œufs électrifiés dans le même panier, celui des voitures à batterie. »
Dans une interview à l'AFP, le directeur scientifique du constructeur japonais, Gill Pratt, explicitait le doute partagé au plus haut niveau de la direction du constructeur japonais sur la voie du tout électrique en ces termes :
« Nous pensons que notre métier est de produire le juste nombre de véhicules en fonction de leur motorisation (thermique, hybride, hybride rechargeable, électrique ou à hydrogène). Nous essayons de démontrer que pousser à fond le curseur de l'électrique, et tous les autres à zéro, n'est pas la meilleure solution. »
Il poursuivait en argumentant sur le prix prohibitif, pour une partie de la population mondiale, de ces véhicules 100% électrique :
« La solution électrique ne permet pas de fabriquer des voitures assez abordables pour que les automobilistes abandonnent leurs voitures thermiques. Nous ne voulons pas que la perfection soit l'ennemi du bien, et nous savons que ces paramètres sont différents aux quatre coins du globe. »
- Lire aussi : Stellantis: pour Tavares, le passage au tout électrique aura "des conséquences sociales majeures"
Six nouveaux modèles dans la gamme électrique d'ici à 2026
Ce lundi 5 décembre 2022, Toyota, continue cependant d'opérer son virage vers l'électrique, tout en faisant un peu évoluer son calendrier: il annonce cinq nouveaux modèles 100% électrique qui arriveront en Europe d'ici 2026, mais il semble qu'il y aura de l'hybride rechargeable dans le lot.
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En comptant sa compacte bZ4X (photo ci-dessous), déjà sur le marché (lancement perturbé par un rappel massif fin juin 2022, à cause d'un problème de fixation de roues, depuis résolu), Toyota proposera au total 6 modèles dans sa famille électrique "bZ".
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Au cours d'une conférence de presse le 30 novembre à l'aéroport de Bruxelles, le groupe avait présenté une ébauche de SUV électrique compact, dont les lignes agressives, mélange de la gamme bZ et de C-HR, veulent l'aider à se démarquer dans le plus compétitif des segments du marché, face à la Tesla Y ou à la Volkswagen ID.4.
Si une chose semble plus concrète, c'est l'annonce de la mise en production par Toyota en Europe des batteries dédiées au nouveau modèle de ce petit SUV à succès aux formes très marquées, l'hybride rechargable C-HR dont voici, ci-dessous, l'ébauche du prochain modèle, le C-HR Prologue. Plus précisément, le constructeur annonce que le prochain Toyota C-HR sera proposé en deux motorisations : hybride auto-rechargeable et hybride rechargeable.
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La marque premium du groupe, Lexus, a également montré ses ambitions dans le haut de gamme électrique avec le concept de coupé sportif "Electrified" (voir ci-dessous la Lexus Electrified Sport). Un supercar 100% électrique mais équipé d'une boîte manuelle pour l'expérience de conduite, et qui promet un 0 à 100 km/h en 2 s. chrono, avec une autonomie en vitesse de croisière qui approcherait les 700 km.
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Toujours dans la marque haut de gamme de Toyota, la nouvelle génération du SUV électrique RZ est, quant à elle, prévue pour 2023. Le Lexus RZ 450e sera le premier modèle 100% électrique de la marque Lexus.
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L'hybridation massive de tous les modèles Toyota, à commencer par sa petite Yaris fabriquée en France, doit ainsi compenser la rareté des voitures électriques, plus difficiles et plus cher à produire faute de lithium en quantité suffisante, notamment.
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La cinquième mouture de sa Prius (photo ci-dessous), pionnière mondiale des moteurs hybrides, ne sera d'ailleurs commercialisée qu'en version hybride rechargeable en Europe, à la mi-2023. Avec ses formes et ses performances beaucoup plus sportives que ses prédécesseures, et des panneaux solaires sur son toit, elle promet une large autonomie électrique (pour une hybride rechargeable) de 69 kilomètres, avec des émissions moyennes de 19 grammes de CO2 par kilomètre.
L'autonomie d'un hybride rechargeable est conçue pour assurer le trajet domicile-travail en zone urbanisée, avec recharge quotidienne sur borne privée ou publique. Le moteur thermique étant réservé à un usage hors zones urbaines, pour les trajets plus longs.
[Toutes les photos sont agrandissables plein écran, d'un clic.]
- Lire aussi : Voiture électrique : en accélérant fortement, Carlos Tavares (Stellantis) a-t-il changé d'avis ?
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(avec AFP. Crédits photos : Toyota, Lexus)
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