Les assistants parlementaires, une affaire de familles

Par Grégoire Normand  |   |  800  mots
François et Penelope Fillon à la Baule en 2016.
Le candidat de Les Républicains à la présidentielle François Fillon aurait employé sa femme Penelope Fillon en tant qu'assistante parlementaire entre 1998 et 2002, puis six mois en 2012. S'il n'y a rien d'illégal en soi, le niveau de rémunération perçu par la compagne de l'ancien Premier ministre serait bien supérieur à la moyenne des salaires perçus par la majorité des collaborateurs parlementaires selon des calculs du Canard Enchaîné. En outre, François Fillon est loin d'être le seul à employer des membres de sa famille ou des proches dans leurs travaux parlementaires. Retour sur quelques cas emblématiques d'élus qui ont embauché leurs conjoints, épouses ou enfants.

Le népotisme revient au centre des débats de la vie parlementaire française. Le Canard enchaîné vient de révéler que la femme de François Fillon, Penelope Fillon, aurait été rémunérée pendant huit ans en tant qu'attachée parlementaire de son mari ou de son suppléant. Elle aurait touché environ "500.000 euros brut" au total. Si ce type de révélations suscite l'indignation, l'embauche de membres de familles et de proches n'est pas interdit pour les parlementaires, à condition que ce ne soit pas un emploi fictif. La pratique est même assez courante.

>> Lire aussi : Le Canard Enchaîné soupçonne Pénélope Fillon d'un emploi fictif à l'Assemblée

Claude et Véronique Bartolone

Véronique et Claude Bartolone dans la cour de l'Elysée. REUTERS/Philippe Wojazer

Le Président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone a également embauché son épouse au sein de son cabinet. D'après les précisions mises en ligne sur le site internet de l'Assemblée nationale, Véronique Bartolone a été embauchée en tant que "chargée de mission interventions et droits des femmes". Le président de l'hémicycle avait réfuté toutes les attaques relatives au conflit d'intérêts :"Je n'ai pas embauché ma femme, j'ai épousé ma collaboratrice."

Bruno et Pauline Le Maire

 Pauline et Bruno Le Maire à Notre-Dame-de-Paris en juillet 2016. Crédits : REUTERS/Benoit Tessier.

En 2013, Mediapart avait révélé que l'épouse de Bruno Le Maire, artiste-peintre  avait été rémunérée pendant plusieurs années pour un poste de collaboratrice à temps plein entre 2007 et l'été 2013. Ellle avait obtenu ce poste grâce à des contrats signés par Bruno Le Maire ou son suppléant Guy Lefrand, quand Bruno Le Maire est devenu ministre.

Jean-François et Nadia Copé

Nadia et Jean-François Copé à la sortie des locaux de TF1 à Boulogne Billancourt en mai 2014. Crédits : REUTERS/Philippe Wojazer.

La femme du député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) a été rémunérée pendant six ans en tant qu'assistante parlementaire à l'Assemblée nationale. Celle qui est souvent présentée comme psychologue pour enfants a alimenté la polémique pour son temps et ses compétences consacrés à ce travail d'assistance.

Gilbert et Anne-Marie Collard

Le député Gilbert Collard dans les rangs de l'Assemblée nationale. Crédits : REUTERS/Charles Platiau

Dans la déclaration d'intérêts et d'activités à la haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATPV), l'épouse du député du Gard est déclarée comme assistante parlementaire. Elle aurait occupé dans le même temps la fonction de responsable administratif et financier au sein du cabinet d'avocats de son mari.

Jean-Christophe et Aude Lagarde

 Le député UDI Jean-Christophe Lagarde dans l'hémicycle en 2015. Crédits : REUTERS/Charles Platiau.

En 2014, l'épouse de Jean-Christophe Lagarde a démissionné de son emploi d'attachée parlementaire. Aude Lagarde cumulait cet emploi avec son mandat d'adjointe à la mairie de Drancy. Le couple aurait profité du flou juridique qui existe autour de ce cumul. Face aux critiques, l'élu a néanmoins précisé qu'elle "continuera de remplir et de fournir le même travail à titre bénévole".

Les enfants dans l'ombre des parlementaires

L'opacité a pendant longtemps régné sur l'identité des personnes employées par les députés ou les sénateurs. Mais depuis la mise en place de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique en 2013, les parlementaires ont l'obligation de rendre publiques leurs déclarations d'intérêts et d'activités. Ces fiches rendent également compte du nom des collaborateurs parlementaires.

C'est à partir de ces documents que Médiapart avait étudié les noms des assistants des députés en 2014. Le journal avait conclu qu'au moins 20% des députés avait rémunéré un membre de leur famille proche. Dans le détail, 52 épouses, 28 fils et 32 filles de députés auraient occupé un poste d'assistant parlementaire en 2014 sur un total de 577 députés. A titre de comparaison, une soixantaine de sénateurs avaient salarié un membre de leur famille proche comme assistant parlementaire en 2011 sur un total de de 348 sénateurs.

Ainsi des députés comme Patrick Ollier, Thierry Solère ou Jacques Bompard ont employé leurs enfants dans le cadre de leur missions d'élus. Mais les activités réelles exercées par ces enfants ou même par les collaborateurs parlementaires en général ne font pas l'objet de contrôle, ce qui alimente régulièrement les débats sur de possibles emplois fictifs, emplois de complaisance ou conflits d'intérêts.