Les chefs d'entreprises ont-ils raison d'être inquiets ?

Par Fabien Piliu  |   |  556  mots
Heureusement pour l'économie française, la consommation des ménages reste relativement soutenue.
Pour 43% des dirigeants interrogés par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/Europe 1 dans le cadre de « La grande consultation », aucun des principaux candidats à l'élection présidentielle ne les rassurent. D'où leur inquiétude. La situation conjoncturelle accentue-t-elle ces craintes de lendemains peu glorieux ?

Certains indices conjoncturels témoignent d'une remontée progressive de la confiance des agents économiques, ménages et entreprises. C'est une tendance observée lors des dernières élections présidentielles. Le millésime 2017 n'échappe pas à cette règle.

Néanmoins, lorsqu'on les interroge sur les ambitions des principaux candidats à l'élection présidentielle, les dirigeants d'entreprises sont plus que dubitatifs. Ils sont inquiets.

En effet, interrogés par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe 1 dans le cadre de "La grande consultation"*, 43% d'entre eux estiment qu'aucun des cinq principaux candidats ne propose de politique économique meilleure que celle de ses concurrents. Ils sont 41% à avoir le sentiment qu'aucun des présidentiables n'est à leur écoute. Ils sont 39% à reconnaître "ne voir en aucun d'eux une incarnation du changement en matière de politique économique", précise la Grande consultation.

Cette inquiétude est-elle alimentée par la conjoncture actuelle ? Ce ne serait pas très logique. Certes, l'économie française peine à retrouver un rythme de croissance comparable à celui observé entre 2000 et 2008 et à résoudre le chômage de masse. Encore convalescente après la crise de 2008-2009 qui a profondément fragilisé son tissu productif, la France a vu son potentiel de croissance annuel passer de 2,5% à moins de 1,5%.

Un premier semestre encourageant

Néanmoins, les signaux témoignant d'un redressement progressif de l'activité se multiplient. Après avoir timidement progressé de 1,1% en 2016, soit 0,4 point de moins que ce que la loi de finances 2016 envisageait lors de son vote au parlement, l'activité accélérerait enfin cette année. En effet, selon la dernière note de conjoncture de l'Insee, le PIB progresserait de 0,3% au premier trimestre puis de 0,5% au deuxième trimestre. Si ces prévisions se réalisent, l'acquis de croissance, qui correspond à la croissance annuelle si l'activité stagne au second semestre, s'élèverait à 1,1% à la fin juin.

De fait, avec une telle "reprise", la prévision de croissance sur laquelle a été bâtie la loi de finances 2017 - fixée à +1,5% par Bercy - devient désormais réaliste. Jusqu'ici, celle-ci a été jugée trop ambitieuse par la plupart des économistes. Le consensus s'établit à +1,2%.

Presque tous les moteurs tournent

Si l'Insee envisage un rebond printanier de l'activité, c'est parce qu tous les moteurs de la croissance sont allumés. Ou sont en passe de l'être. Ainsi, la consommation des ménages doit augmenter de +0,2% et de +0,4% au premier et au deuxième trimestre. Atones depuis 2015, les dépenses des administrations publiques reprennent des couleurs (+0,4% lors de chaque trimestre), stimulées par les collectivités locales. Quant à l'investissement, il continue de progresser, que ce soit celui des entreprises (+0,9% et +0,5%) ou celui des ménages (+0,9% et +1%). Même le commerce extérieur retrouverait des couleurs.

Après une année 2016 très mauvaise, qui s'est soldée par une augmentation du déficit commercial, les exportations repartent à la hausse, stimulées par le redémarrage de l'activité de la zone euro qui absorbe environ 60% des exportations françaises. "Au total, la croissance resterait solide dans la zone euro, à +0,4 % au premier trimestre puis s'élèverait un peu au deuxième trimestre, à +0,5 %, du fait de l'investissement privé et des exportations", précise l'Insee dans sa note de conjoncture. Fin juin, les exportations progresseraient de 2,6% selon l'Insee. En 2016, elles n'avaient augmenté que de 1,1%.