Les études augmentent fortement la productivité... sauf dans certains secteurs (Insee)

Par latribune.fr  |   |  687  mots
Les diplômes de l'enseignement supérieur, tels que le BTS ou le DUT, courts et à finalité professionnelle, affichent un rendement légèrement supérieur à celui attendu pour un cursus de niveau bac+2. (Crédits : Atelier Bourgeat)
La productivité des salariés d'une entreprise est d'autant plus haute que leur niveau de diplôme est élevé, et en moyenne un an d'études en plus en fait monter la valeur ajoutée de 12,3%, selon une étude publiée mercredi par l'Insee. Mais cette productivité supérieure associée aux études est très inégale en fonction des secteurs d'activité et des types d'études.

Rien qui n'est de nature à surprendre en apparence. Les salariés les plus diplômés, relève l'Insee dans son étude annuelle « Les entreprises en France » sont, les plus productifs. Dans le détail, un an d'études en plus en fait monter la valeur ajoutée de 12,3%. Les salariés de niveau bac+2 ont même un niveau de productivité estimé de 32 % supérieur aux salariés de niveau bac général.

Lire aussiComment le niveau de diplôme influence la crise démocratique

Les rendements de relatifs de certains niveaux de diplôme plus faibles qu'attendus

Mais, et c'est ce qui peut interpeller, toutes les années d'études ne sont pas égales et les rendements relatifs de certains niveaux de diplôme sont plus faibles que ceux attendus compte tenu des années d'études requises pour leur obtention. Ainsi, les salariés de niveau bac professionnel présentent une productivité inférieure de 20 % à celle des salariés de niveau bac général, alors que la durée des études est (aujourd'hui) équivalente. Les titulaires d'un CAP ou BEP affichent une productivité inférieure de 34 % à celle du niveau bac : une différence beaucoup plus forte que celle obtenue en considérant uniquement la durée des études, inférieure d'un an seulement.

Lire aussiRéforme du lycée professionnel : les associations et les entreprises à la rescousse pour accélérer l'insertion des jeunes

Détenir le BEPC ou le brevet des collèges plutôt qu'aucun diplôme n'augmente pas beaucoup la productivité apparente du travail. En revanche, les diplômes de l'enseignement supérieur, tels que le BTS ou le DUT, courts et à finalité professionnelle, affichent un rendement légèrement supérieur à celui attendu pour un cursus de niveau bac+2.

Un effet du diplôme qui diffère selon les secteurs d'activité et les tailles d'entreprise

L'effet du niveau de diplôme moyen est aussi très « hétérogène » selon la catégorie d'entreprises et leur secteur, Ainsi, dans les microentreprises, chaque année supplémentaire d'études est associée à une productivité apparente supérieure de seulement 5,8%. Ce gain est de 9,4% dans les petites et moyennes entreprises (PME), mais de respectivement 16,2% et 16,3% dans les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises (GE), note l'Insee, avec « une marge d'incertitude importante » pour ces dernières, car elles sont beaucoup moins nombreuses.

L'hétérogénéité est encore plus forte entre secteurs : dans la construction, l'hébergement-restauration ou les industries extractives, les liens entre diplôme et productivité apparente sont très faibles. « De façon plus surprenante », c'est également plus ou moins le cas aussi des secteurs « activités spécialisées, scientifiques et techniques » d'une part, ou « santé et action sociale » d'autre part, relève l'Insee. Dans le premier cas, le secteur est, avec l'information‑communication, celui où le niveau d'études moyen de la main‑d'œuvre est le plus élevé (15,4 ans à partir du cours préparatoire, ndlr). « Pour ces entreprises, qui comprennent les services juridiques, comptables, ou de recherche et développement, c'est peut‑être plus la spécialité du diplôme que la durée d'études qui serait en mesure d'expliquer les différences de niveaux de productivité », estime l'étude.

Le secteur « santé et action sociale », restreint dans l'étude au privé, regroupe quant à lui des entreprises purement marchandes et des organisations à but non lucratif avec des salariés très diplômés. Dans ces entreprises, souligne l'Insee, « la valeur ajoutée, et donc la productivité apparente, sont faibles au regard des qualifications et des salaires des salariés ». En revanche, le rendement productif du diplôme est très fort dans les secteurs de l'industrie manufacturière, de l'enseignement et particulièrement dans le commerce et les arts et spectacles.

Enfin, le coût du travail croît quasi-exactement comme la productivité avec le niveau de diplôme (+12,4% en moyenne par année supplémentaire d'études). En revanche, le salaire net progresse un peu moins vite (+11,5% par année d'études en plus).

(Avec AFP)