En entreprise, des salariés de plus en plus absents

L'absentéisme a progressé dans les entreprises en 2022 : 42% des travailleurs ont été au moins un jour en arrêt, contre 34% l'année précédente. Si la hausse est généralisée, elle est néanmoins plus forte chez les moins de 40 ans, ce qui pourrait s'expliquer en partie par les conséquences des nouveaux modes d'organisation du travail après le Covid. Le privé n'est pas le seul concerné puisque le secteur public a aussi enregistré une hausse des arrêts.
La hausse de l'absentéisme en entreprise est générale « quels que soient l'âge, le secteur, la CSP, le genre... », d'après l'étude du cabinet WTW.
La hausse de l'absentéisme en entreprise est générale « quels que soient l'âge, le secteur, la CSP, le genre... », d'après l'étude du cabinet WTW. (Crédits : Shutterstock)

Après une légère baisse en 2021, le taux d'absentéisme est reparti à la hausse dans les entreprises en 2022. Il a ainsi atteint 5,3% - contre 4,9% en 2021, 5,1% en 2020 et 3,9% en 2019, dernière année avant Covid, selon une étude du cabinet de conseil WTW parue ce jeudi 31 août.

« Les travailleurs sont 42% (contre 34% en 2021) à s'être arrêtés au moins un jour au cours de l'année », peut-on lire dans cette enquête réalisée à partir de l'observation de 345.000 salariés issus de près de 650 entreprises du secteur privé sur une période de 4 ans.

Des chiffres sont dans la même veine que ceux d'une autre étude, réalisée par Axa et publiée en mai. Cette dernière révélait que 44% des salariés s'étaient mis au moins une fois en arrêt de travail en 2022.

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Une santé mentale mise à mal

La hausse de l'absentéisme en entreprise est générale « quels que soient l'âge, le secteur, la CSP, le genre... », constate Noémie Marciano, une responsable de WTW, citée dans l'étude. Mais elle a été plus forte chez les salariés de moins de 40 ans (+16%) ainsi que chez les cadres et professions intermédiaires (+14%) contre 9% pour l'ensemble des salariés.

« La tendance observée ces dernières années se confirme et touche désormais de nouvelles catégories de personnel - les cadres - ou de nouveaux secteurs d'activité - les SSII, la finance et les assurances - jusque-là plutôt épargnés par ce phénomène », souligne le cabinet.

Concernant la durée des arrêts, 4% de ceux-ci ont dépassé 90 jours et 58% ont été de très courte durée, à savoir moins de 7 jours. Si le cabinet n'a pas accès aux causes, pour Noémie Marciano, cela pourrait en partie s'expliquer par la hausse des arrêts pour problèmes de santé mentale constatée par la Sécurité sociale depuis le Covid. « Les nouveaux modes et organisation de travail très rapidement adoptés dans les entreprises n'ont pas été suffisamment accompagnés pour une grande partie d'entre eux (gestion du télétravail et du droit à la déconnexion, accueil des nouveaux salariés, accompagnement des salariés à la transformation digitale, formations à distance...) », souligne-t-elle.

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En outre, dans son étude, Axa notait lui aussi « une tendance haussière » de l'absentéisme en raison notamment de troubles latents, tels que les troubles psychologiques ou les troubles musculo-squelettiques (TMS). L'assureur rappelait également que les arrêts de courte durée pouvaient « potentiellement être liés » aux vagues épidémiques dues notamment au variant Omicron au début de l'année 2022.

L'absentéisme progresse aussi dans le public

Le secteur privé n'est pas seul concerné. Le public aussi a fait face à une hausse de l'absentéisme des agents en 2022, qui a atteint 4,52%. Soit une progression de 12% par rapport à l'année précédente et, cumulée depuis 2016, elle dépasse les 28%, selon une autre étude de WTW publiée début juillet et portant sur un panel de 10.930 collectivités employant 273.000 agents.

« Ce taux d'absentéisme est cependant à relativiser car les absences sont d'une gravité faible. En effet, les arrêts de travail observés sont d'une durée relativement courte : près de 46% des arrêts sont d'une durée de 4 à 10 jours tandis qu'ils représentaient 30% des arrêts en 2021 », note le cabinet.

La majorité des personnes interrogées (60%) ont alors cité comme principale cause d'absence l'usure professionnelle. Et 45% le manque de motivation et d'engagement des agents.

(Avec AFP)

Commentaires 16
à écrit le 02/09/2023 à 17:54
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Contrat précaire à la petite semaine, salaire au plus bas, management par la peur et le stress. Gestion des salariés via Excel: tout est compté. La rotation permanente du personnel fait parti du mode de gestion des RH. ( des cessions de recrutement t...

à écrit le 31/08/2023 à 22:38
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Bonjour, Ayant travaillé de très nombreuses années de nuit ou de weekend (2x12 payés 35h), juste dire que les arrets de travail étaient très rares, bien moins que ceux de jour, des équipes très soudées toujours prêtes à s'entraider, presque Une fa...

le 01/09/2023 à 22:48
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Peut-être que les pires chefaillons sont pépères chez eux le soir et le week end...

à écrit le 31/08/2023 à 21:33
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C'est assez naturel que l'absentéisme augmente car les gros pépins de santé deviennent de plus en plus fréquents passé 35/40 ans, la population vieillit et on oblige les actifs de travailler 2/3 ans de plus pour maintenir les privilèges de la générat...

le 02/09/2023 à 10:11
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Bonjour, Moi je milite pour travailler 1 ans de plus mais au début de la vie active car les gouvernements successifs ont fait perdre 1 an inutilement. Exemple école primaire fin d'études (certif) vs collège, brevet enseignement industriel (bei) vs...

à écrit le 31/08/2023 à 19:04
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Il n'y a rien de surprenant... que des causes entrainent des conséquences: Pensez vous vraiment que le français soit motivé après ce que l'on leur fait subir depuis notre appartenance à l'UE de Bruxelles !

le 01/09/2023 à 9:03
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Oui, l'environnement depuis les années 80 confine à une soviétisation rampante et si on rajoute à ça le salarié-bashing de la droite pour flatter les bas instincts de son électorat d'inactifs retraités...

à écrit le 31/08/2023 à 16:08
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On peut rappeler que le gouvernement de Macron a supprimé ,les missions du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail des salariés (CHSCT) qui désormais est exercées depuis le 1er janvier 2020 par le comité social et économique (CSE)....

à écrit le 31/08/2023 à 14:06
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Au bal des hyprocrites, il y a foule ! voyez Pluto ! Pourquoi cette augmentation ? -1- Le jour de carence ayant été rétabli pour les fonctionnaires : l'arrêt est plus long de manière à "amortir" l'impact de la carence... -2- Les arrêts pour TPS [T...

à écrit le 31/08/2023 à 13:53
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Les recruteurs peinent à intégrer que les jeunes générations n'ont plus le regard de leurs ainés sur le travail qui pour elles est un moyen de profiter de la vie sans être envahies par le boulot .Le management par le stress n'aboutit qu'à des absence...

le 31/08/2023 à 19:16
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@Idx. Parfaitement juste.

le 31/08/2023 à 21:49
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Oui, le management par le stress est à n'employer qu'en dernier recours dans des situations exceptionnelles, et en dehors, c'est le signe au mieux de l'incompétence, au pire de la perversité du management...

à écrit le 31/08/2023 à 12:07
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Il serait peut-être temps que beaucoup de managers se posent des questions sur la qualité de leur management. Une partie de la démotivation des salariés provenant de prises de décisions totalement aberrantes. Sans compter la tendance a reporté la fa...

le 01/09/2023 à 10:00
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J'ai eu un jour un "manager" pour lequel la direction a demandé au bureau d'étude de ne pas tenir compte de son avis. C'est pour dire que nos entreprises détenues en parti par des intérêts étrangers ne font pas ce qu'elles veulent. Notre modèle produ...

à écrit le 31/08/2023 à 11:32
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Rien de vraiment nouveau sous le soleil, si ce n'est une étude de plus qui révèle des évidences que les économistes hétérodoxes dénoncent depuis des lustres. Le phénomène s'amplifie ainsi en toute logique. J'en ai du reste parlé ces derniers jours da...

à écrit le 31/08/2023 à 10:51
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J'avais dis que la réforme des retraites passée en force se traduirait par une gestion des salariés plus aiguë de leur capital santé mais je ne pensais pas que cela viendrait si vite et si fort !

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